Avec plus de 115 000 trajets déjà effectués, les Saint-Quentinois semblent avoir adopté les trottinettes électriques. Suite à l’appel à projets de Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY), Tier mobility a déployé ce service dans les 12 villes le 7 mai. Un peu plus d’un mois plus tard, nous avons fait un premier point d’étape avec l’opérateur et Jean-Baptiste Hamonic (Modem), vice-président de SQY délégué aux mobilités et maire de Villepreux.

« Rappelons qu’on part sur une expérimentation de 12 mois et que c’est bien au terme de ces 12 mois qu’il faudra tirer un bilan qui nous permettra de savoir s’il est pertinent ou pas de continuer avec ce service, insiste Jean-Baptiste Hamonic. Ceci étant dit, les premiers retours que j’ai sont très positifs. »

Du côté de Tier, on tire également un bilan « très positif » des débuts. « Si je donne quelques chiffres, il y a aujourd’hui 19 000 personnes qui ont non seulement téléchargé l’application, mais aussi réalisé un trajet, donc c’est vraiment des usagers actifs », apprécie Stanislas Jallot, chargé pour Tier de la collaboration avec les collectivités d’Île-de-France, dont SQY. Le nombre de locations quotidiennes est de « 4 000-5 000 », ce qui a permis d’atteindre les « 114 000 » locations effectuées au 17 juin.

Une autre donnée qui satisfait tant l’opérateur que l’élu est la distance moyenne parcourue à chaque location : 4 kilomètres. « C’est la vraie satisfaction, estime Jean-Baptiste Hamonic. Et quand on regarde les différents trajets réalisés, à l’aide des données GPS des trottinettes, on constate que ce sont des trajets qui répondent bien aux attentes des publics cibles de ce type de mobilité. » Tier retient également que son service est emprunté dans les 12 communes, même les plus éloignées comme Magny-les-Hameaux.

Le succès du démarrage a été tel que Tier a rapidement dû passer de 450 à presque 1 000 trottinettes, ainsi qu’étoffer ses équipes sur le terrain. Elle compte aujourd’hui huit « ambassadeurs » chargés de « patrouiller », « ranger les trottinettes », « renseigner les habitants », détaille Stanislas Jallot, précisant que Tier reçoit depuis beaucoup moins de mails et d’appels de Saint-Quentinois mécontents, par exemple pour des engins abandonnés en dehors des zones de stationnement.

À ce sujet, Tier continue d’améliorer la précision de sa technologie GPS. Elle aura prochainement une telle précision que « la trottinette devra vraiment être dans le rectangle » de la zone de stationnement pour terminer la course, indique Stanislas Jallot. Par ailleurs, un autre point de satisfaction pour Tier est le taux d’utilisation du casque par les Saint-Quentinois, qui est d’« un peu moins de 20 %, ce qui est quand même bien quand on compare aux chiffres parisiens ». Pour inciter encore plus le port du casque, Tier envisage d’offrir des minutes aux personnes pour le temps qu’elles enfilent le casque.

Malgré tout, restent deux écueils qui persistent depuis la mise en service des trottinettes : leur utilisation par des mineurs, ce qui est autorisé par la loi à partir de 12 ans, mais interdit par les règles d’utilisation de Tier ; ainsi que des trottinettes utilisées par deux personnes à la fois, souvent mineures.

L’opérateur envisage justement un nouveau système pour certifier que l’utilisateur est bien majeur. « En septembre, on aura une technologie qui va vérifier la carte d’identité, elle scannera la carte d’identité et il faudra faire un selfie, les deux photos seront comparées », nous apprend Stanislas Jallot.

Une mesure qui devrait également atténuer l’utilisation par deux personnes d’une seule trottinette, ce qui est pour le coup interdit par la loi et passible d’une amende. « Il y a une autre chose qu’on va vouloir tester, qui nous est demandée par les habitants, révèle le responsable de Tier. C’est le fait de pouvoir faire des trajets groupés : avec une application, pouvoir débloquer plusieurs trottinettes. C’est en train d’être développé. »

Mais l’élu comme l’opérateur misent également sur la sensibilisation, à l’image de la présence de Tier au Village de la mobilité de Villepreux le 5 juin, ou au magasin Auchan de Maurepas le week-end dernier. « Pour chacune des communes, on souhaite organiser un événement de sensibilisation et d’initiation à la conduite, on se rend compte que les gens ont besoin de savoir prendre en main ces engins », souligne Stanislas Jallot.

L’élu saint-quentinois aux mobilités confirme qu’il y a encore de la pédagogie à faire, car « on voit encore trop de mauvaises utilisations au sens du code de la route », rappelant que les trottinettes doivent circuler sur les itinéraires cyclables ou la route. Et d’ajouter : « De toutes façons, les polices municipales savent que maintenant, après cette phase de pédagogie qui va continuer, on va rentrer dans une période où on va verbaliser ceux qui ont un mauvais usage de la trottinette. »

Des évolutions et des événements sont donc encore prévus. Mais l’Agglomération et Tier semblent satisfaits des premières semaines. « Des débuts positifs, confirme de son côté Jean-Baptiste Hamonic. Il faut évidemment continuer de surveiller ça de très près, accompagner l’utilisateur et permettre à l’opérateur d’être en adaptation permanente pour répondre aux besoins et aux aspects de sécurité qui sont remontés par les communes et l’agglomération. » Tier insiste de son côté sur sa volonté « d’offrir des solutions de micromobilité pour des trajets de 3-4 kilomètres », afin « de réduire la place de la voiture individuelle ».