Hasard du calendrier, c’est en pleine polémique sur la fermeture d’une trentaine de piscines en France par le prestataire Vert marine que le centre aqualudique Castalia a été inauguré mercredi dernier (lire encadré). Et si Vert marine a fait ce choix face à la flambée des cours de l’énergie (cinq piscines dont trois dans le Mantois ont ainsi été fermées, lire notre édition de La Gazette en Yvelines), ce genre d’écueil ne devrait pas toucher Castalia, qui a été pensé et conçu pour limiter au maximum ses consommations énergétiques.

Depuis sa conception, le centre aqualudique a été confié au spécialiste de la délégation de service public pour les collectivités qui construisent des centres aquatiques, la société Récréa. Associées à des architectes, financeurs, énergéticiens dans le consortium Swimdoo, elle a alors proposé un projet bioclimatique à la hauteur des attentes des collectivités de Maurepas et Élancourt, associées dans l’aventure.

Des choix de bon sens

Gilles Sergent, président de Récréa, explique les choix qui ont ainsi été faits dès le départ. « Ce sont au final essentiellement des choix de bon sens que nous avons faits en menant un véritable travail de réflexion en amont. L’orientation du bassin extérieur, plein Sud pour bénéficier au maximum de l’ensoleillement, à l’abri du vent, au milieu des arbres, nous permet de perdre moins d’énergie. D’autant que tous les soirs, le bassin est également recouvert d’une couverture thermique. » Et de poursuivre : « De la même manière, le positionnement du bâtiment offre plusieurs avantages. Au sud, vous avez les bassins qui profitent ainsi des rayons du soleil. Les bureaux et salles de fitness sont au nord et à l’étage. Ils profitent de la chaleur des bassins, ne surchauffent pas l’été, et donc ne nécessitent pas d’être rafraichis en permanence. Même si l’ensemble de la construction bénéficie d’un éclairage full LED, nous avons privilégié un éclairage naturel zénithal qui est vraiment très intéressant et évite ainsi d’éclairer trop tôt. Sauf quand il fait nuit évidemment, s’amuse Gilles Sergent. Concernant les bassins, nous n’avons pas de grands halls ni de grandes hauteurs qui nécessitent d’être fortement chauffés. Nous avons réduit les hauteurs autant que possible. » Le centre est également alimenté par une pompe à chaleur.

Le centre aqualudique Castalia a été inauguré mercredi dernier.

Alors, si le bon sens a été privilégié, l’innovation n’est pas en reste, notamment dans l’élément essentiel d’une piscine… l’eau.

« Ici, la récupération de l’eau est l’une des plus innovantes en France, assure Gilles Sergent. Elle est utilisée à plusieurs reprises avant d’être finalement envoyée dans le réseau des eaux usées pour être retraitée. Une fois rempli une première fois, un bassin doit être rempli tous les jours du fait de l’évaporation. Ce remplissage quotidien se fait par un système d’ultra-filtration avec l’eau chauffée et chlorée des bassins. Cela permet de faire d’énormes économies d’eau et d’énergie. Après plusieurs utilisations, l’eau sert également au nettoyage, notamment des vestiaires, plusieurs fois par jour (jusqu’à 10 % de la consommation d’eau des piscines, Ndlr). Enfin, nous avons obtenu l’autorisation de l’Agence régionale de santé (ARS) pour utiliser une dernière fois les eaux dites “grises’’ dans les toilettes. »

Une gestion innovante de l’eau

Enfin, Récréa utilise deux procédés innovants. « Pour la filtration, nous utilisons des billes de verre plutôt que du sable. C’est plus efficace et cela permet de baisser la consommation d’énergie. Enfin, nous récupérons la chaleur de l’eau pour chauffer l’air et ainsi maintenir le taux d’humidité en dessous de 70 %. »

S’il partage en grande partie les raisons qui ont poussé son concurrent Vert Marine à fermer des piscines (multiplication par 10 du prix de l’énergie), Gilles Sergent, président de Récréa, ne partage pas la méthode. « Nous avons parlé en amont avec les collectivités pour leur expliquer la situation, souligne-t-il. Depuis trois jours, nous sommes en séminaire avec l’ensemble de nos collaborateurs pour essayer de trouver des solutions adéquates à chacun. Toutes les pistes sont explorées et nous les proposerons ensuite aux collectivités, le cas échéant, si nous sommes de nouveau confrontés à de fortes hausses du prix de l’énergie. » Et de conclure : « Quoi qu’il en soit, il faudra consommer moins d’eau et moins d’énergie encore dans les années à venir. »

 


Le mot du cabinet Coste architectures

« La conception du bâtiment a été pensée comme un tout pour qu’il consomme beaucoup moins d’énergie que l’ancienne piscine, explique Sabrina Pinardon, architecte pour le cabinet Emmanuelle Coste. Cela fait plus de trente ans que nous sommes spécialisés dans la conception de piscines, et aujourd’hui nous nous attachons particulièrement à des conceptions bioclimatiques. » Et de préciser : « L’orientation du bâtiment a été faite pour qu’il puisse profiter au maximum de l’ensoleillement, non seulement pour des questions de chauffage, mais également pour des questions de lumière naturelle. De la même manière, les choix des matériaux comme le bois et le béton ont été faits pour que l’isolation thermique du bâtiment soit optimum. Le choix des cuves en inox n’est pas anodin. Ce matériau limite la consommation d’énergie et facilite également l’entretien des bassins. » Enfin, des capteurs, répartis un peu partout dans le centre aqualudique, permettent d’effectuer une surveillance constante du bâtiment et des bassins. Cela permet d’ajuster au mieux les consommations, mais aussi d’intervenir au plus vite en cas de dysfonctionnement, de panne ou de problème quelconque.


 


Une inauguration en grande pompe

Sirène, natation synchronisée, visite, musique et cocktail, tels ont été les ingrédients de la réussite de l’inauguration de Castalia. « Nous y sommes…, a lancé le maire de Maurepas (LR), Grégory Garestier, lors de son discours inaugural. Maintenant, on peut le dire, on a réussi, tous ensemble, nous l’avons fait. Nous avons, par notre volonté, notre synergie et la confiance réciproque qui nous animent, réussi à porter un tel projet, qui, je le crois, est unique dans la vie d’un élu de la République. Nous avons réussi à construire ici, sur l’emplacement historique de notre vieille piscine, un centre aqualudique intercommunal innovant, moderne, pluriel de par le nombre d’activités qu’il regroupe, et durable. »

Mené en partenariat étroit avec la Ville d’Élancourt, c’est l’aboutissement d’un projet collectif, comme l’a souligné le maire de la ville et président de Saint-Quentin-en-Yvelines, Jean-Michel Fourgous (LR). « C’est un grand moment que nous attendions tous : l’ouverture de ce très beau centre aqualudique de Maurepas et d’Élancourt est l’aboutissement d’années de patience, de travail et de mobilisation intensive de tous nos partenaires, ici présents : l’État, la Région Île-de-France, le Département des Yvelines, et bien sûr notre intercommunalité de Saint-Quentin-en-Yvelines. »

Co-financeur du projet, Pierre Bédier (LR), le président du Département des Yvelines, a souligné que « le Département gère en bon père de famille. Nous sommes radins sur tout et généreux sur l’essentiel. Nous sommes à vos côtés pour les projets ambitieux. […] Quelles que soient nos envies, il faut essayer de marier le sens des réalités et être les ouvriers de l’intérêt général. C’est très bien fait ici. »

Concluant la cérémonie, Gérard Larcher (LR), le président du Sénat a rappelé que « ce sont les élus qui font aboutir les projets et représentent bientôt 80 % de l’investissement public en France. […] N’abdiquons pas devant la crise […] Les collectivités territoriales ont l’esprit collectif. »