Première dans le département, la maison Calypso est toutefois la seconde structure de ce type à voir le jour en Île-de-France après celle installée à Saint-Denis, inaugurée en 2016. « 30 000 femmes victimes de violences conjugales portent plainte chaque année, du moins pour celles qui osent franchir le seuil d’un commissariat », introduit Pierre Panel, gynécologue-obstétricien et directeur médical de la maison Calypso.

C’est en faisant cet amer constat que le projet de cette maison dédiée aux femmes victimes de violences s’est construit très rapidement sur l’initiative des trois porteurs du projet : Déborah Amiot, Sophie De Lambilly et Pierre Panel. Située dans la résidence La Pommeraie (2, avenue de Saint-Germain), la maison Calypso, d’une superficie de 150 m² sur trois étages, entourée d’un grand jardin, prend en charge, grâce à une équipe pluridisciplinaire de professionnels, les femmes victimes de violences, du lundi au vendredi de 9 h à 17 h.

L’inauguration s’est déroulée le jeudi 30 juin, en présence de nombreuses personnalités politiques, dont le député fraîchement élu Karl Olive (DVD), la maire de Plaisir Joséphine Kollmannsberger (LR), ou encore Pascal Courtade, préfet délégué à l’égalité des chances. Lors de son discours de présentation, Pierre Panel a expliqué que « cette maison Calypso est avant tout une maison où l’on protège les femmes, ce n’est pas un lieu d’hébergement. Les missions principales de Calypso sont d’accueillir, d’orienter, de soigner et de prévenir. Ce dernier point est le plus important, la prévention est à ne surtout pas négliger. »

« Souvent, c’est une jungle pour les femmes victimes de violences. C’est quasi impossible pour elles d’entreprendre des démarches d’où l’intérêt d’avoir ce type de structure », a poursuivi le gynécologue, de l’émotion dans la voix.

Le début du projet est né officiellement le 1er mars 2021, même s’il était en gestation depuis des mois. Tout s’est très vite enchaîné ensuite. Fin septembre 2021, fin des travaux. « Nous avons accueilli la première patiente, Noa, en janvier 2022. Et hier, (le mercredi 29 juin, Ndlr) la centième femme a franchi la porte », s’est félicité le docteur.

Les femmes qui poussent la porte de cette structure sont de tous les âges (13 à 77 ans), de tous les milieux et de toutes les origines. Il y a eu 565 rendez-vous donnés, tous services confondus, depuis l’ouverture et 140 rendez-vous pris avec un psychologue ou une assistante sociale.

« Nous accueillons bien entendu les femmes porteuses de handicap qui sont cinq fois plus victimes de violences. » L’équipe de la maison Calypso se compose d’une équipe de neuf membres dont trois consacrés au centre de santé sexuelle, installé à l’intérieur de la maison.

Le personnel qui accueille les femmes victimes se compose de deux sages-femmes spécialement formées aux violences conjugales et à la sexologie. L’équipe compte également une psychologue, présente à 50 % du temps, ainsi que quatre conseillères conjugales et familiales. Une assistante sociale est aussi disponible dans les locaux à 80 % du temps. Enfin, une assistante administrative aide les femmes dans toutes sortes de démarches. « En novembre nous accueillerons un autre médecin assistant gynécologue », s’est réjoui Pierre Panel. Enfin, la maison Calypso travaille en étroite collaboration avec le commissariat de Plaisir ainsi qu’avec deux cabinets d’avocats pour ce qui relève du domaine judiciaire.

En plus d’un accueil personnalisé articulé autour de quatre axes, à savoir l’accueil et la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales et intrafamiliales, la prise en charge des femmes victimes du mutilations sexuelles, les activités de planification en partenariat avec le conseil départemental et les actions de prévention et d’éducation affective, relationnelle et sexuelle, la maison dédiée aux femmes propose « des ateliers en groupe comme des groupes de parole pour renforcer l’estime de soi ou encore des ateliers karaté depuis le début de l’année ».

« L’idée principale à retenir c’est d’écouter les femmes là où elles n’ont pas été entendues », a conclu le gynécologue-obstétricien, avant d’inviter la quarantaine de personnes présentes durant l’inauguration à la visite des locaux.