Le gouvernement a annoncé, le 27 décembre dernier, de nouvelles mesures sanitaires pour faire face à une très forte vague d’infections au Covid-19 et au variant Omicron, désormais majoritaire et considéré comme beaucoup plus contagieux que les précédents. On peut ainsi citer le recours au télétravail obligatoire pour les entreprises en ayant la possibilité, à raison de trois jours minimum par semaine et quatre jours quand cela est possible, l’extension de l’obligation du port du masque – dans les Yvelines, il est même obligatoire partout sur la voie publique (voir encadré) –, les jauges de spectateurs dans les grands rassemblements, l’interdiction de la consommation debout dans les bars, ainsi que de la consommation dans les cinémas et les transports.

Dans les Yvelines – où le taux d’incidence s’élevait le 26 décembre à 980 cas pour 100 000 habitants, contre 184 cas pour 100 000 un mois plus tôt, et où 85,5 % des lits de réanimation sont occupés par des patients Covid, peut-on lire dans un communiqué de la Préfecture – il a fallu, comme ailleurs, s’adapter, en particulier sur les derniers points énoncés, entrés en vigueur ce lundi 3 janvier. À Saint-Quentin-en-Yvelines, si de part leur capacité, pratiquement aucune salle de spectacle ou autre enceinte de rassemblement de l’agglomération n’est à priori concernée par les nouvelles restrictions, d’autres établissements sont plus touchés et doivent s’organiser. Notamment les bars en raison de l’impossibilité désormais de consommer debout.

Si un certain nombre de bars de l’agglomération sont très peu concernés car n’ont quasiment pas de consommation debout au sein de leur établissement, d’autres sont en revanche davantage affectés. Comme le O’Danpatty. « La plupart des gens sont assis, mais il y en a quand même pas mal au bar qui viennent boire un coup, qui sont debout », explique Sébastien Farjots, gérant de ce pub irlandais situé à Voisins-le-Bretonneux.

Mais il souligne que « ce n’est pas l’impact le plus significatif ». C’est davantage son activité liée à l’événementiel qui est pénalisée, car il dispose d’une salle d’une soixantaine de places à l’étage où sont organisés réceptions, anniversaires ou encore séminaires. « Je fais des locations, et là, oui, c’est impactant, car je n’en ai plus du tout, précise le gérant. Depuis mi-novembre, tout cela, je ne peux plus le faire. […] J’avais des locations le week-end […] ça a bien repris en octobre et début novembre, et après, ça a été zéro. Les concerts, les choses comme ça, ça a été arrêté. »

« Quand ils nous ont dit que le télétravail était préconisé, que les gens dans les cantines devaient manger de nouveau en diagonale, les gens ont arrêté tous les budgets pour faire des réunions, des repas de fin d’année, mais ça, ça a été dans la plupart des restaurants », ajoute-t-il.

« C’est sûr qu’il va y avoir une perte »

Il estime que l’arrêt de la consommation debout de ces différents événements festifs représente, « sur un mois, 30 % du chiffre d’affaires ». Du côté du tabac bar brasserie L’Europe, à Montigny-le-Bretonneux, on juge qu’il est trop tôt pour mesurer les conséquences, mais « ça va nous toucher », redoute la gérante. « C’est sûr qu’il va y avoir une perte, […] sachant que consommer sur place, c’est beaucoup plus cher que debout. Après, il y a toujours des clients qui vont en salle, ils veulent être tranquilles. Mais on ne peut pas proposer le même prix pour la salle et le bar, développe-t-elle, comparant la situation à celle de la réouverture des bars et restaurants à la fin du printemps dernier, d’abord uniquement en terrasse le 19 mai puis en intérieur le 9 juin.

Mais, selon la gérante, l’état d’esprit des clients a changé. « Au mois de mai, les gens sont contents. Même avec le mauvais temps, ils viennent consommer debout dehors, car ils ont attendu longtemps. Là, les gens ont peur d’être contaminés, sont stressés », observe-t-elle. Le 30 décembre, avant l’entrée en vigueur des nouvelles restrictions, elle nous indiquait déjà que l’activité était « très calme » dans son café, la période de vacances scolaires lors des deux dernières semaines n’ayant pas non plus aidé.

Elle assure néanmoins ne pas avoir prévu de mise au chômage partiel parmi ses cinq salariés : « Je garde tout le monde pour le mois de janvier, pour voir déjà ce que ça donne. J’ai besoin de personnel aussi côté tabac », affirme-t-elle, pestant contre l’interdiction de la consommation debout, qu’elle juge inutile. « Je pense que ça ne va rien changer, glisse-t-elle. Soit c’est très strict (et on ferme complètement, Ndlr), soit on ne fait rien du tout. »

Elle redoute aussi « beaucoup de périmés » au sein des passes sanitaires de ses clients – qui deviendront des passes vaccinaux à compter du 15 janvier, date d’entrée en vigueur espérée par le gouvernement, et en raison de la réduction du délai pour recevoir sa dose de rappel. Dans un interview au Journal du dimanche, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran a ainsi annoncé que le délai de validité du passe passerai de 7 mois à 4 mois, à partir du 15 février. La gérante craint la désertion de certains clients qui étaient prêts à recevoir leurs deux premières doses, mais seraient réticents à l’idée d’effectuer un rappel. D’après elle, « il y a beaucoup de gens qui ont eu le deuxième vaccin avec des effets secondaires, mais hésitent à faire le troisième ».

« On s’était dit que le Nouvel An et les fêtes allaient être interdits, donc on a dit ‘‘On arrête’’. On a mis les employés en vacances », fait savoir le cogérant du bar Le Huitième, aux Clayes, fermé jusqu’au 7 janvier.

Le bar Le Huitième, aux Clayes-sous-Bois, n’est quasiment pas concerné par la consommation debout mais a peur de devoir complètement refermer si la situation épidémique venait à s’aggraver et donc les mesures à s’alourdir. « On craint que ça ferme, confie Brice Mercier, cogérant de cet établissement qui n’a connu que le Covid et une alternance de restrictions, puisqu’il a ouvert en septembre 2020, soit entre les deux premiers confinements. On a ouvert un mois et demi, après on a subi le Covid pendant sept mois, et là, on a ouvert au mois de mai à fond jusqu’à maintenant. » Pour l’instant, ils sont fermés jusqu’au 7 janvier, ayant anticipé des restrictions qu’ils pensaient plus sévères : « On s’était dit que le Nouvel An et les fêtes allaient être interdits, donc on a dit ‘‘On arrête’’. On a mis les employés en vacances », fait savoir le cogérant.

Du côté du O’Danpatty, l’état d’esprit qui domine après bientôt deux ans de pandémie est celui du « ras-le-bol », rapporte Sébastien Farjots. « Quand on sait qu’ils vont faire des annonces, on ne sait pas à quelle sauce on va être mangés, témoigne le gérant. Ça fait plusieurs fois que les frigos, on ne peut pas les remplir. Quand il y a des annonces, on essaie d’attendre avant de commander. […] On ne sait pas comment ça va être accueilli par les gens (les annonces, Ndlr). Donc l’affluence est très aléatoire. [Par exemple], une fois que je savais qu’ils allaient parler, je n’ai pas remis toutes mes bières en pression. Donc ce n’est pas du bon boulot, ça devient fatigant. »

Au cinéma, « on ferme les points de vente, donc ça va forcément impacter notre activité »

Autre type de lieux concernés, les salles obscures, suite à l’interdiction de consommer nourriture et boissons dans les cinémas. Une mesure qui touche notamment les multiplexes, alors que les petits cinémas ne proposent pas toujours ce type de service. « Globalement, on ferme les points de vente, donc ça va forcément impacter notre activité », nous indique Marc-Alban Gravez, directeur des UGC de SQY Ouest, à Montigny-le-Bretonneux, et de Plaisir (ouvert en mai dernier, Ndlr). Contacté la semaine dernière, il prévoyait de fermer les points en question le 2 janvier au soir, mais assurait qu’une mise au chômage partiel de salariés n’était, pour l’heure, pas prévue. Autant de types de lieux dont le fonctionnement est, à des degrés différents, perturbé par la situation sanitaire, et qui pourraient voir leur activité encore davantage ralentie en cas de durcissement des restrictions.

Dans les Yvelines, le masque de nouveau obligatoire en extérieur

Pour freiner l’augmentation du nombre de cas de Covid dans le département, le préfet des Yvelines a pris de nouvelles mesures, suite notamment aux annonces du Premier ministre du lundi 27 décembre. Dans son communiqué de presse, la Préfecture annonce ainsi le retour de l’obligation du port du masque en extérieur. « À compter du 31 décembre 2021, le port du masque sera obligatoire en plein air sur la voie publique et dans l’espace public, dans les zones urbanisées des communes comprises entre les panneaux de signalisation routière matérialisant les entrées et sorties d’agglomération », est-il précisé.

Selon le préfet, « dans le contexte de dégradation de la situation sanitaire, le port du masque reste une mesure essentielle ». À noter que cette obligation ne concerne pas : les enfants de moins de 11 ans, les cyclistes et usagers de deux-roues motorisés, les personnes en situation de handicap munies d’un certificat médical, les personnes pratiquant une activité sportive ou encore tous ceux qui se promènent hors des agglomérations.