Fermé depuis fin octobre dans sa pleine configuration, le méga centre de vaccination de Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY) remonte en puissance. Depuis le jeudi 16 décembre, la moitié de l’aire centrale du Vélodrome national – et même la totalité de l’aire centrale depuis le 20 décembre – est mobilisée pour la vaccination de rappel, face à une cinquième vague de Covid-19 galopante. Les chaises, tables et autres box de vaccination y ont donc repris place, et viennent s’ajouter au petit centre situé dans les coursives du vélodrome. Il était lui, resté ouvert après la fermeture du grand centre, et tournait à un rythme de 400 injections par jour. Il est maintenu pour les personnes à mobilité réduite et les plus de 65 ans.

« Mais là, on repasse sur un objectif de 3 000 à 5 000, affirme Jean-Michel Fourgous (LR), président de l’Agglomération de SQY, rencontré sur place le 16 décembre, jour de la réouverture de la demi-aire centrale. On avait prévu 1 500 pour la première journée, on est déjà à 2 000, donc demain, c’est objectif 3 000 et, si la gravité est confirmée, on va certainement repasser à 5 000. »

Selon lui, la forte attente conjuguée au contexte actuel et à l’ouverture de la troisième dose à tous les adultes ont poussé à relancer ce vaccinodrome, « devenu le référent français de la vaccination ». « On suit d’une part la communauté scientifique, et puis, on a la pression de nos administrés, représentés par 12 maires, et on voit bien que, depuis une quinzaine de jours, l’anxiété monte, développe-t-il. On a la pression de nos administrés qui nous disent : ‘‘Moi, pour mes vacances, j’aimerais bien [être vacciné]’’, il y a les maires, l’ARS (Agence régionale de santé), l’État. Donc [on a pris la] décision dans les dix derniers jours de rouvrir. »

L’élu évoque « une forte médiatisation » qui « entraîne que les gens ont un peu totémisé » le vélodrome. « [Fin octobre], l’État nous avait dit : ‘‘Vous pouvez fermer, vous gardez quand même un petit centre, mais c’est maintenant la médecine de ville qui doit prendre en charge’’. Et puis, un mois après, on voit les nouvelles qui ne sont pas très bonnes, et ça fait pression, [il y a] une pression aussi des entreprises […]. Donc il y a une attente de sécurisation sanitaire et on se tourne vers le vélodrome. »

Un vélodrome qui redevient donc un grand vaccinodrome, ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 15 h. Les patients peuvent venir avec ou sans rendez-vous, bien que ce dernier cas de figure soit majoritairement réservé, comme c’est le cas au niveau national, aux personnes de plus de 65 ans. Les injections sans rendez-vous se font aussi pour les moins de 65 ans lorsque des places se libèrent en cas de rendez-vous non honoré.

Conformément à la politique vaccinale en vigueur, des doses de Pfizer sont administrées aux personnes de moins de 30 ans, et de Moderna à celles de plus de 30 ans. Les patients se présentent à l’entrée située à l’arrière du centre, puis sont pris en charge dans les box de vaccination, avant d’attendre pendant 15 minutes en zone de surveillance.

Bien que la première et la deuxième injections soient toujours administrées pour les retardataires, les personnes interrogées le 16 décembre dans cette zone, que ce soit celle du petit centre ou celle de la demi-aire centrale, venaient toutes pour une troisième dose et assuraient se sentir bien quelques minutes après se l’être fait inoculer. Comme Kyara, 18 ans, qui, travaillant dans la restauration, ne pouvait, sans vaccin, « plus travailler à partir de janvier ». Elle assure par ailleurs n’avoir pas rencontré de difficultés pour trouver un créneau disponible : « J’ai pris rendez-vous hier, c’était assez rapide. » D’autres n’étaient pas tout à fait de cet avis sur ce dernier point. « J’ai dû essayer plusieurs fois. Il faut avoir de la chance, toujours essayer, tous les jours », témoigne Fiona, quelques minutes après s’être fait injecter sa troisième dose.

Pourtant, des possibilités de rendez-vous sont régulièrement remises en ligne, assure-t-on du côté du centre de vaccination saint-quentinois. « Ce matin, on a ouvert des créneaux pour cet après-midi. […] Tous les jours, on remet des créneaux en ligne en temps réel. Et comme notre capacité a été multipliée par cinq, on va mettre cinq fois plus de rendez-vous. Donc ça va commencer à se voir un petit peu plus », indique Tristan Hébert, directeur du centre.

« Un objectif de 3 000 à 5 000 » vaccinations par jour au Vélodrome national

« C’était important de pouvoir proposer massivement des places sur Doctolib, et également pour les communes du territoire. On travaille avec tous les CCAS (Centres communaux d’action sociale) des villes du territoire. Tous les jours, on a des groupes [de seniors] qui viennent des 12 villes, et notamment les personnes âgées, qui apprécient, poursuit le directeur du centre. On est en lien tous les jours avec l’ARS pour connaître les dotations [de vaccins] dont on peut disposer. Une fois qu’on a la dotation […], on passe bien sûr commande au plafond de cette dotation, on staffe les équipes pour qu’on puisse vacciner les personnes qui correspondent à ce nombre de vaccins, et […] là on peut ouvrir les créneaux sur Doctolib. »

Au sujet des profils des vaccinés, il confirme que « c’est très varié ». Aux différentes catégories d’âges, viendra s’ajouter celle des enfants de 5 à 11 ans à risque de formes graves. Au Vélodrome national, elle commencera ce mercredi 22 décembre de 9 h à 15 h, à une fréquence qui sera dans un premier temps hebdomadaire.

«  Tous les jours, on remet des créneaux en ligne en temps réel. Et comme notre capacité a été multipliée par cinq, on va mettre cinq fois plus de rendez-vous », assure le directeur du centre de vaccination du Vélodrome national.

« C’est une prise en charge beaucoup plus lourde, souligne Jean-Michel Fourgous, insistant sur l’importance de mettre en place un cadre ludique pour rendre le moment moins anxiogène. Il faut un petit parc de jeux, […] vérifier s’ils l’ont (Covid, Ndlr), donc on leur fait un test [sérologique] dans le doigt, il faut des seringues encore plus fines, il faut l’autorisation des parents, […] on leur donne plus ou moins un diplôme du courage. […] On élargit le spectre de nos compétences, car les enfants, c’était plutôt la pédiatrie. »

Des pédiatres sont d’ailleurs venus s’ajouter aux équipes du vaccinodrome, tournant à plus de 100 personnes depuis ce lundi. Dans les Yvelines, la vaccination des enfants à risque a même commencé vendredi dernier, à Bonnières-sur-Seine. « On n’a été livrés que [le 16 décembre] des doses pédiatriques, informe Marion Cinalli, directrice départementale des Yvelines pour l’ARS Île-de-France. Sur nos 16 centres dans les Yvelines, dix se sont portés volontaires pour la vaccination pédiatrique. »

En comptant le Vélodrome national, ouvert dans cette configuration « pour trois mois », fait savoir Jean-Michel Fourgous, 16 centres de vaccination sont aujourd’hui ouverts dans les Yvelines. Un chiffre qui devrait rester stable, d’après Marion Cinalli. « Ça vaccine parfaitement bien entre la ville et les centres de vaccination, explique-t-elle. On a quand même fait remonter le Vélodrome de SQY en format très grand centre. […] Ça va nous redonner une puissance de vaccination importante, et on pas mal de rendez-vous qui se prennent vite,mais qui sont disponibles. Donc à date, ça ne justifie pas forcément qu’on rouvre des nouveaux centres. »

La directrice départementale de l’ARS évoque aussi une vaccination qui « ne fait que monter, de semaine en semaine ». « On a 89 % de la population (population yvelinoise éligible, donc de 12 ans et plus, quel que soit le lieu de vaccination, Ndlr) qui est en vaccination complète, soit deux doses, détaillait-elle le 17 décembre. En Île-de-France, on est à 81 %. Pour ce qui concerne le rappel, on est à 61,5 %, et pour les plus de 65 ans, on est à 81,5 %. Au niveau régional, ils sont à 80 % sur les plus de 65 ans. »

Une vaccination qui se déroule de plus en plus de nouveau dans les grands centres, après une période très nette de recul de ces derniers au profit de la médecine de ville. « Jusqu’à il y a trois semaines, c’était la ville qui vaccinait le plus, mais c’était normal, puisqu’on n’avait plus que six centres ouverts, développe Marion Cinalli. Dans les Yvelines, plus de 90 % des pharmaciens vaccinent. Depuis notamment les deux dernières semaines, […] la tendance s’est inversée. » Elle fait ainsi état, la semaine du 6 au 12 décembre, de 50 116 injections réalisées dans les centres de vaccination du département, et de 36 469 en ville (pharmacies ou médecins), ainsi que de 6 552 en Ehpad ou autres établissements de santé. Soit plus de 93 000 vaccinations, dont 79 109 troisièmes doses, durant cette semaine.

Un rythme qui s’accélère, tout comme, malheureusement, celui de la propagation du virus, dans le département comme dans le reste du pays, bien que les Yvelines soient en dessous de la moyenne nationale, notamment en matière de pression hospitalière. « On est vraiment dans une situation qui se tend et qui est inquiétante », observe Marion Cinalli. Selon l’ARS, on comptait en fin de semaine dernière 2 900 patients hospitalisés dont 560 en soins critiques dans les hôpitaux franciliens, et 239 hospitalisations dont 44 en soins critiques dans les Yvelines. Quant au variant Omicron, il est passé, au cours des trois derniers jours de la semaine dernière, d’une part de 4 à 10 % des résultats positifs des tests en Île-de-France.

Face à cette accélération épidémique, des opérations éphémères sont également mises en place. On peut notamment citer les trois VaccyBus mis en place par l’ARS et le Département et sillonnant les zones rurales et les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Ils feront notamment étape à Élancourt le 22 décembre et à Plaisir le 23 décembre (inscriptions en ligne, détails sur les sites internet des communes concernées).