La vaccination a débuté à Saint-Quentin-en-Yvelines. Le mardi 5 janvier au Centre hospitalier de Plaisir, dix résidents volontaires de plus de 75 ans d’Ehpad et d’Unités de soins longue durée (USLD) ont reçu leur première dose du vaccin Pfizer contre le Covid-19. Un démarrage qui reste timide en raison des contraintes logistiques posées par la vaccination. Nombre d’élus locaux souhaiteraient justement que le gouvernement fasse appel à eux pour ouvrir des centres de vaccination et accélérer la marche. Une dizaine vont justement ouvrir prochainement dans le département.

« On redemande toujours le consentement de la personne avant [de vacciner] », souligne un médecin de l’hôpital de Plaisir, le 5 janvier, avant d’injecter le vaccin à Jocelyne, 82 ans, première Saint-Quentinoise à le recevoir. « Je n’ai pas eu mal, je ne sens rien de spécial », confirme de son côté Jocelyne, installée dans son fauteuil après l’injection. Elle ajoute qu’elle n’était « pas du tout inquiète » à l’idée de recevoir le vaccin contre le Covid-19, mais précise qu’elle « voulait être vaccinée à nouveau par la […] personne » qui lui avait fait celui contre la grippe l’an dernier.

La vaccination est donc lancée à Plaisir, mais demande une grande préparation en amont. « On a reçu des consignes […] en fin d’année, nous invitant à démarrer la vaccination sur les Ehpad et les USLD », raconte Guillaume Girard, le directeur délégué du Centre hospitalier de Plaisir, précisant les contraintes logistiques qui se posent. Les doses yvelinoises sont en effet toutes stockées à l’hôpital de Versailles, « dans des supers congélateur à -80 °C », avant d’être acheminées vers les différents lieux de vaccination, détaille-t-il.

Sauf qu’une fois sortis du « super congélateur », les vaccins ont une durée de conservation limitée. Il faut donc « bien avoir pré-déterminé le nombre de personnes à vacciner sur une période de cinq jours, pour ne pas gaspiller de doses », poursuit Guillaume Girard. Dans la même logique, les vaccinations se passent par groupes de cinq, car une dose permet cinq vaccinations. En parallèle, l’hôpital doit recueillir le consentement, préalable à toute vaccination, du résident. Ou de sa famille ou son tuteur en fonction des situations.

Depuis quelques semaines, les Ehpad contactent donc toutes ces personnes pour obtenir l’accord de vacciner. Sauf que, pour l’instant, d’après des chiffres avancés par Le Parisien qui nous sont confirmés par l’Agence régionale de santé (ARS), seuls « 30 % à 40 % des résidents acceptent de se faire vacciner », notamment parce que eux ou leurs proches n’auraient « pas suffisamment de recul sur les éventuels effets secondaires ».

Autant de facteurs qui rendent la vaccination contre le Covid-19 plus « chronophage » et plus « complexe », qu’une campagne de vaccination classique, concède Guillaume Girard. Le mardi 5 janvier, il espérait en tout cas atteindre « un rythme de croisière » à partir du début de cette semaine pour les résidents, sans pouvoir à ce stade chiffrer le nombre de personnes qui pourraient être vaccinées.

« Notre objectif, il est clairement de vacciner un maximum de résidents, parce qu’on est dans une logique de protection individuelle et collective, tout en respectant bien sûr le consentement éclairé recueilli par un médecin, prenant le temps d’expliquer les avantages et inconvénients et de réaliser une consultation pré-vaccinale […], souligne le directeur délégué de l’hôpital plaisirois, misant sur la pédagogie et la promotion. Donc entre l’éventualité d’avoir quelques résidents exclus de la vaccination [en raison d’allergies] ; le fait qu’on exclut, pour l’instant en tout cas, les résidents qui ont été atteints du Covid de manière très récente ; plus ceux qui n’auront pas donné leur consentement, il est très difficile en début de campagne de savoir combien de personnes on va vacciner. »

Au total, l’hôpital de Plaisir compte 250 résidents en Ehpad et en USLD, ainsi qu’un pôle handicap de 350 personnes qui ne sont pas pour l’instant concernées : « Donc ça fait un potentiel de 600 résidents à vacciner dans les semaines/mois qui viennent », résume le directeur délégué. En plus des résidents d’Ehpad de plus de 75 ans, la vaccination a également débuté la semaine dernière pour les personnels de santé de plus de 50 ans ou présentant un facteur de risque. Pour ceux-ci, quatre centres de vaccination ont désormais ouvert dans les Yvelines, dont les plus proches de Saint-Quentin-en-Yvelines sont à Versailles et Poissy. Au total, d’après l’ARS, environ 1 000 personnes avaient été vaccinées dans les Yvelines au jeudi 7 janvier.

Le 5 janvier, Joséphine Kollmannsberger (LR), maire de Plaisir, appréciait que le « top départ » de la vaccination soit donné pour le centre hospitalier de la commune. « On a la chance que ça démarre sur Plaisir et c’est une bonne chose pour les résidents […] », souligne l’édile, venue assister aux premières injections. Mais, face à la lenteur de la mise en route de la vaccination en France, Joséphine Kollmannsberger, comme de nombreux élus locaux, souhaiterait que l’État face appel à eux.

« Ce n’est pas pour incriminer particulièrement le gouvernement, mais c’est pour dire qu’on est des vrais relais, qui avons des capacités d’accueil, de lieux, de personnel, de bénévolat et d’experts, avance la maire, faisant le parallèle avec les distributions de masques. On a une logistique qui est prête, ça ira beaucoup plus vite si on fait un relais territorial. » Elle avance que la municipalité aurait la capacité d’ouvrir « un gymnase, deux s’il le faut ».

De son côté, Saint-Quentin-en-Yvelines a proposé à l’ARS que le Vélodrome national accueille « une opération d’envergure » de vaccination, « accessible à tous les habitants », annonce l’Agglomération dans un communiqué. Cette dernière veut s’appuyer sur l’expérience acquise pendant les deux précédentes campagnes de dépistages massifs qui ont été menées au Vélodrome.

La vaccination doit en tout cas continuer de s’accélérer puisque le gouvernement a annoncé qu’elle sera ouverte à toutes les personnes de plus de 75 ans vivant chez elles, à partir du lundi 18 janvier. Pour cette nouvelle étape, l’ARS compte justement sur les municipalités puisque des centres de vaccination ouvriront en ville, avec l’objectif qu’il y en ait au moins un par intercommunalité.

« On doit ouvrir dix à 12 centres dans les Yvelines, confirme Marion Cinalli, directrice de la délégation départementale des Yvelines pour l’ARS, qui travaille sur ce dossier avec le préfet. Donc on demande aux élus de nous remonter des propositions pour qu’on puisse avoir ces dix ou 12 centres qui soient maillés correctement sur le territoire, et qu’il y ait des vaccinations qui soient possibles dès le 18 janvier. » Sachant que l’un des enjeux est que ces centres de vaccination soient facilement accessibles aux catégories de personnes concernées, et que tous ne pourront sans doute pas ouvrir dès le 18 janvier.

Marion Cinalli nous explique par ailleurs « se réjouir que les maires fassent des propositions », à l’instar de SQY ou de Plaisir, « et soient très engagés dans la campagne de vaccination parce que ça va nous aider dans l’adhésion des gens à procéder à la vaccination ». Mais même si de nombreuses collectivités proposent des établissements publics pour accueillir des vaccinations, Marion Cinalli rappelle qu’il est compliqué d’ouvrir une multitude de centres en raison des contraintes logistiques posées par le vaccin. La carte de la dizaine de centres de vaccination yvelinois destinés à la population générale devrait être connue dans le courant de la semaine.