Le Vélodrome transformé en vaccinodrome. Après les deux campagnes de tests PCR puis antigéniques, l’équipement saint-quentinois, temple du cyclisme français, continue de se mobiliser face à la crise sanitaire. Depuis le 18 janvier, les personnes vivant à domicile âgées de plus de 75 ans et/ou souffrant de maladies chroniques et comorbidités peuvent venir s’y faire vacciner contre le Covid-19, conformément à la stratégie de priorisation et à la phase 1 mise en place par le gouvernement. Une stratégie qui s’élargit après avoir d’abord concerné les personnes âgées résidant en Ehpad et en Unités de soins longue durée (USLD), en l’occurrence, concernant SQY, à l’hôpital de Plaisir à partir du 5 janvier.

La politique de vaccination, pointée pour sa lenteur en France, s’accélère et le Vélodrome national est donc le centre de référence de l’agglomération de SQY pour le nouveau public pouvant accéder aux injections, même s’il est aussi ouvert aux non-Saint-Quentinois répondant aux conditions d’accessibilité au vaccin. Pour cette première semaine, 840 à 850 doses du précieux liquide produit par Pfizer-BioNtech ont été livrées. Un réapprovisionnement hebdomadaire est prévu, bien que le nombre de doses disponibles soit très variable et conditionne la mise à disposition de créneaux de rendez-vous pour les patients.

Des rendez-vous qui devaient s’effectuer en ligne sur les plateformes médicales Doctolib, Keldoc et Maiia. Sur Doctolib, le même message s’affichait en début comme en fin de semaine : « En raison d’une très forte demande et d’un stock limité de vaccins, tous les rendez-vous ont déjà été pris. Des disponibilités apparaîtront prochainement. Réessayez dans quelques jours ou cherchez un autre centre. »

Il fallait donc s’armer de patience pour trouver un créneau, et beaucoup n’ont pas réussi à obtenir de rendez-vous. « Quand vous rentrez dans Doctolib, il n’y a rien, tous les centres de vaccination sont saturés, confie Claude, venu de Verrières-le-Buisson, dans l’Essonne, et inscrit par son fils. À force de persévérance, il a passé pratiquement 24 h accroché à internet, et il a trouvé ici. »

Colette, 92 ans et qui habite Voisins-le-Bretonneux, a aussi eu du mal à obtenir un rendez-vous. « Il faut rester connecté en permanence. Mais j’ai pu avoir un rendez-vous hier pour aujourd’hui, il faut rester connecté et aux heures creuses, il était tard le soir quand tout d’un coup les créneaux se sont débloqués. Je suis resté connectée deux ou trois heures. Mon application était ouverte sur mon téléphone et je regardais régulièrement si des créneaux s’ouvraient. J’ai essayé de téléphoner, ça m’a envoyé ici, mais ils ne géraient pas les rendez-vous », confie sa fille qui l’accompagnait et que nous avons rencontrée le 21 janvier, une dizaine de minutes après que sa mère avait reçu l’injection.

Cette dernière assurait se sentir bien et n’avoir « jamais eu d’hostilité contre les vaccinations ». « En général, je me fais vacciner, réagit-elle. On ne sait jamais. Je m’étais fait vacciner contre la grippe H1N1. Là, ça permet d’être libérée. » Même son de cloche chez Claude, qui se sentait « comme d’habitude, bien », un petit quart d’heure après avoir été vacciné. « J’ai eu un cancer il y a quelques années, ça m’occasionne des infections urinaires à répétition. J’ai 81 ans, et compte tenu de ce qu’on entend à longueur de journée en boucle sur les chaînes de télé, il faut venir se faire vacciner. C’est un geste citoyen : plus on sera nombreux, plus l’immunité collective pourra être atteinte. »

Pour eux comme pour les autres patients ayant reçu leur piqûre, il fallait encore, une fois le vaccin administré, rester sur site un quart d’heure – une demi-heure pour ceux ayant certains antécédents allergiques – afin de contrôler l’éventuelle apparition d’effets indésirables, puis passer par un secrétariat pour vérifier la prise de rendez-vous pour la deuxième injection. La dernière étape d’un cheminement vaccinal qui commence, à l’arrivée au Vélodrome, par un enregistrement des patients, qui sont ensuite acheminés vers l’espace de vaccination, au sous-sol de l’enceinte. Ils rentrent alors par groupe de six – comme le nombre de doses dans un flacon de vaccin -, puis sont pris en charge par un médecin, fait savoir l’Agglomération, rappelant qu’une visite pré-vaccinale avant de venir au centre est conseillée mais pas obligatoire.

Parmi ces médecins mobilisés au Vélodrome, Mathilde François et Christophe Carrière, respectivement généralistes à Montigny-le-Bretonneux et Trappes. « On aide à la mise en place du centre de vaccination, et après, on participera au même titre que les collègues de tout le territoire à des vacations pour vacciner les patients, explique ce dernier. Notre rôle là, est d’accueillir les patients, de faire la consultation pré-vaccinale et de les faire passer à l’injection. Tous les médecins du territoire vont venir chacun leur tour faire des vacations. [On vérifie] qu’il n’y ait pas de contre-indication à l’injection et qu’on puisse bien réaliser le vaccin dans des conditions de sécurité ».

Si tel est le cas, les patients sont alors orientés vers des infirmières qui effectuent l’injection. « Je pense qu’on en a fait une centaine [en une matinée] avec mes collègues, à nous trois, glisse, le jeudi à la mi-journée, l’une d’elles, Karima, infirmière libérale à Maurepas, qui s’est portée volontaire sur ses heures libres, et remettait ça le lendemain. On a les pieds dedans depuis le mois de mars, et en libéral, on a vu énormément de choses. On a vu les patients se détériorer avant, on a vu les patients qui ont subi le Covid, après. On a aussi vu des patients qui ne sont pas passés par le milieu hospitalier, et qu’on a surveillés à domicile. J’ai aussi perdu quelques patients chroniques du Covid, donc on se sent complètement investis dans cette cause. »

Elle se montre aussi agréablement surprise de la fréquentation des patients. « Je pensais qu’ils auraient des difficultés à venir, à trouver le Vélodrome, et, au final, ils sont venus avec leurs communes, se félicite-t-elle. Ils sont venus ensemble, ça leur fait une petite sortie, ça fait un bout de temps qu’ils n’ont pas vu de monde. Ils sont tous en train de parler, échanger, discuter, ils sont heureux comme tout. »

Car certaines des personnes âgées ont pu bénéficier de navettes mises en place par plusieurs villes pour les acheminer vers le Vélodrome, comme Maurepas, La Verrière et bien d’autres. Dans ce cadre, les CCAS identifient des seniors prioritaires pouvant accéder à la vaccination sans prendre rendez-vous, dans un créneau d’une heure par ville, ce qui permet de vacciner même des personnes qui n’auraient pas pu obtenir de date. Certaines communes semblent néanmoins ne pas voir d’un bon œil ces transports collectifs. « Au regard du contexte sanitaire, je ne suis pas très favorable aux grands bus avec un grand nombre de seniors très vulnérables qui se retrouveraient tous ensemble là-dedans », tranche par exemple Jean-Baptiste Hamonic (Modem), maire de Villepreux.

L’édile a préféré s’appuyer sur un partenariat entre la municipalité et SOS Villepreux, association proposant des courses et de l’aide à la mobilité aux personnes fragiles, grâce à une quinzaine de chauffeurs bénévoles acheminant les seniors de plus de 75 ans vers le Vélodrome ou un autre centre de vaccination des Yvelines, pour « ceux qui n’ont pas d’autres solutions ». Pour bénéficier de ce service réservé aux Villepreusiens, il suffit d’appeler le 01 30 56 31 31 (ligne accessible du lundi au vendredi de 9 h à 12 h et de 14 h à 17 h).

Ces dispositifs s’ajoutent à l’organisation rodée au sein du centre. « Nous devons tout mettre en œuvre pour enrayer cette pandémie […]. Ainsi, c’est tout SQY qui s’est mobilisé pour mettre sur pied, en un temps record, un centre de vaccination […] au cœur du Vélodrome national. Ce site olympique emblématique est connu de tous les habitants et au-delà, il est un symbole fort et sécurisant pour les personnes qui s’y rendent. Nous faisons le maximum pour rendre cette opération rassurante et efficace pour nos aînés, en mettant à disposition des navettes, un numéro de téléphone pour les orienter et les informer et en les accueillant sur place dans les meilleures conditions, avec un temps d’attente limité », assure Jean-Michel Fourgous (LR), président de SQY et maire d’Élancourt, dans des propos relayés par l’Agglomération.

On semble unanime sur ce point, côté patients comme côté soignants. « C’est plutôt bien organisé, c’est spacieux et fluide, il y a très peu d’attente », confirme Karima, l’infirmière maurepasienne. « C’est extraordinaire, il y a toujours quelqu’un pour vous renseigner et vous guider, loue Claude. Je suis allé dans un autre centre il y a quelques jours et c’était lamentable. » Colette affirme elle avoir pu être vaccinée un quart d’heure après son arrivée sur les lieux.

Une bonne organisation qui sera très précieuse alors que la campagne vaccinale risque d’être longue. Environ 350 injections avaient été administrées au cours des trois premiers jours. Les 850 doses prévues ont bien été distribuées sur la semaine. Mais « les habitants de 75 ans et plus représentent à eux seuls 12 000 personnes sur le territoire, or nous n’avons eu que 850 doses pour cette première semaine de vaccination », souligne Jean-Michel Fourgous, estimant qu’ « il va falloir accélérer le processus, gagner en efficacité et en volume : nous y sommes prêts, le Vélodrome est calibré pour ça. » SQY annonce par ailleurs que « l’objectif » est bien que le Vélodrome reste centre de vaccination pendant toute cette campagne.

Article mis à jour le 29 janvier : Il a été précisé que le service SOS Villepreux était bien réservé aux habitants de Villepreux.