Agir pour le climat et la biodiversité, promouvoir les circuits courts, une alimentation locale et de proximité… Ce sont les principaux arguments des habitants, des associations et des élus, quand on leur parle d’agriculture urbaine. Cette dernière s’observe de plus en plus dans les communes de Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY). On a pu le voir à Guyancourt, sur le mail des Saules rénové, avec l’installation de jardins partagés. L’écopâturage à Magny-les-Hameaux en est un autre exemple, avec ses moutons qui débroussaillent, depuis 2014, la commune.
Ces projets deviennent de plus en plus nombreux aujourd’hui avec l’émergence petit à petit des vergers partagés, en raison du plan climat lancé par le gouvernement, et du plan d’action « agriculture locale et circuits courts » lancé par SQY en 2018. Alors, l’agriculture urbaine serait-elle devenue la nouvelle coqueluche de SQY et de ses habitants ?
Le 12 octobre, à la maison de quartier Louis Jouvet à Montigny, était justement inauguré le verger urbain participatif de la Sourderie, un Verger pour les Bretonneux – à cheval entre Montigny-le-Bretonneux et Voisins-le-Bretonneux. Ce soir-là, les habitants du quartier ont été conviés pour commencer à réfléchir et concevoir la structure, la plantation et l’organisation de ce futur verger de 5 000 m², situé le long du bassin.
Cette initiative trouve son origine fin 2019, début 2020, lorsque des étudiants de l’AgroParis Tech ont rendu à l’Agglomération une étude révélant les 11 sites, soit 25 ha, propices à la réalisation de projets d’agriculture urbaine. Ces recherches ont également permis d’identifier trois sites, parmi les 11 retenus, pour expérimenter le déploiement de vergers partagés et d’écopâturage, selon Bertrand Houillon (Génération.s), maire de Magny-les-Hameaux et vice-président de SQY, chargé de l’agriculture et des espaces verts.
Les trois espaces pilotes sont donc la Sourderie, à Montigny et Voisins, le Val Favry à Coignières et le quartier Le Buisson à Magny. L’objectif est de promouvoir « les îlots de fraîcheur, la biodiversité, l’échange entre les habitants, et la transmission de savoirs », énumère le vice-président de l’agglomération lors de l’inauguration. En effet, cette initiative à la Sourderie vise à rendre le projet participatif.
« À terme, ce sont les habitants qui vont gérer [le verger partagé] », atteste Franck Huet, maire adjoint, délégué à la démocratie locale et aux relations extérieures à Voisins-le-Bretonneux, qui accompagne le projet. L’écopâturage sera lui confié à un professionnel.
D’où l’organisation de cette réunion, pour que les habitants présents, soit une quarantaine, s’imprègnent et s’emparent du futur verger. Animés par l’association SQY en transition et Vergers urbains, quatre ateliers ont été définis pour réfléchir à la gestion de l’espace vert de demain. Sachant que ce dernier doit avoir comme pré-requis l’ouverture à tous. « On ne veut pas que ça soit clos, car un espace fermé est un espace privatisé », rappelle Véronique Keignaert, responsable entretien patrimoine espace vert à SQY.
Les habitants ont donc commencé à réfléchir autour de l’une des tables évoquant la typologie du verger et la forme des arbres. L’expert, venant de SQY en transition, anime l’atelier en mentionnant les précautions à prendre quant au choix des essences : « Aujourd’hui, c’est important que la taille de l’arbre soit adaptée au sol, tout comme la variété, pour qu’il n’attrape pas de maladies ». « C’est un métier », répondront alors les Ignymontains et Vicinois, qui pourront recevoir une formation au moment de la plantation du verger.
À la table traitant de la future gouvernance de l’espace vert, les Post-it foisonnent pour définir les valeurs et l’organisation collective qu’ils souhaitent. Sur le tableau récapitulatif, les habitants semblent converger vers l’esprit du verger qu’ils veulent porteur de « lien social », d’« entraide », de « confiance », de « solidarité alimentaire ».
Ils sont en revanche plus divergents sur sa gouvernance. Certains souhaiteraient qu’il dépende de la maison de quartier Louis Jouvet. D’autres voudraient qu’une association soit créée. Mais ils s’accordent sur une participation à la mesure de tous et avec une administration non chronophage, d’où l’éventualité que SQY en transition porte le projet jusqu’au bout.
Tous ces éléments seront repris lors des prochains ateliers de réflexion. Les habitants qui veulent s’impliquer ont donc tout l’hiver pour co-construire ce verger. Sachant que la plantation débutera fin février, début mars, selon Véronique Keignaert.
Co-construire le verger
En plus, un projet d’écopâturage à La Sourderie est également au programme du développement de l’agriculture urbaine de Saint-Quentin-en-Yvelines. Dès le 22 octobre, des moutons seront installés sur une parcelle de terrain dans le quartier.
Toujours dans le cadre de l’expérimentation, à Coignières, le même projet est en cours. Sur la pente du Val Favry donnant sur le lac, la zone réservée à l’écopâturage fait 7 000 m². Les travaux pour l’implantation de la clôture commencent d’ailleurs cette semaine, selon Cyril Longuépée, (SE), adjoint chargé de la transition écologique, de l’urbanisme et des travaux dans la commune.
Et tout comme à la Sourderie, un verger partagé est aussi en train de se mettre en place au Val Favry. « Nous devrions bientôt choisir le professionnel qui va accompagner les habitants dans le projet. Dès qu’il sera choisi, nous fixerons une date pour réunir les habitants », fait le point l’élu à Coignières. Quant au quartier Le Buisson, à Magny-les-Hameaux – le troisième site expérimental de l’étude, celui-ci est pour le moment dans une phase de demande de concertation, selon le maire de la commune.
Mais au-delà du projet de l’Agglomération, d’autres communes s’organisent individuellement dans la promotion de l’agriculture urbaine. C’est le cas de la ville de Plaisir, qui vient d’inaugurer, le 10 octobre dernier, son jardin partagé des Peupliers, situé derrière le stade, selon la page Facebook de la ville. Ce jour-là était organisé la plantation d’arbustes pour créer une haie.
Cette initiative a été possible « grâce au permis de végétaliser accordé par la Ville à l’association Plaisir en transition et à une quarantaine de jardiniers plaisirois », indique le post Facebook de la municipalité. Ainsi, pour y avoir accès, il faut obtenir un permis de végétaliser.
À Guyancourt aussi, les jardins partagés se développent. Après celui du mail des Saules, un nouveau va émerger au Pont du Routoir, grâce à la collaboration entre la mairie et l’association Assos’Regal. Grand de 300 m², situé juste derrière la maison de quartier Pierre Mendès-France, celui-ci est en friche pour le moment. Mais au printemps prochain, il sera accessible pour y faire de la permaculture et recevoir des groupes scolaires.
En attendant, des ateliers participatifs sont organisés « pour voir comment on va le gérer, comment on va partager, quels types de légumes et de fruits on souhaite », énumère Carole Deschaintre, adhérente de l’association et porte-parole du groupe du jardin partagé. Un premier atelier a déjà eu lieu en juin et un deuxième aura lieu en octobre.
« Il y a quelques tendances qui se dessinent », évoque-t-elle. Mais la porte-parole et habitante du quartier souhaiterait que le groupe s’élargisse. Actuellement, une dizaine de familles participent. Elle voudrait monter à une quinzaine. Pour le moment, le projet a été soumis au vote du budget participatif de la région qui rendra ses résultats le 26 octobre (voir page 8).
Un autre jardin partagé est également en cours de création au sein de l’AMMAP de Maurepas, qui vient de signer une convention avec la mairie, pour faire de la permaculture et accueillir des groupes scolaires sur une surface de 2 000 m², annonce Myriam Debucquois, première adjointe au maire déléguée à la transition écologique, à la sécurité publique et aux ressources humaines.
Toujours dans la même commune, la création d’un verger partagé est aussi en cours. Il vient d’être soumis au vote du budget participatif de la région. L’objectif étant d’obtenir une subvention entre 7 000 et 8 000 euros, selon les informations de la mairie. Sachant que le projet coûte 50 000 euros et que la commune a déjà reçu une aide de 19 000 euros.
Le verger devrait prendre ses quartiers sur deux sites, l’un étant au square Liliane de la Mortière (1 600 m²) avec une pairie florale, et l’autre au square de Beaufortin (989 m²). Un troisième terrain plus petit est également prévu, mais pour l’année prochaine.
Sur les deux premiers, dont la réalisation des travaux commencera fin novembre, 39 arbres, notamment des fruitiers, seront plantés, ainsi que 55 arbustes. Des ruches pour abeilles sauvages seront aussi installées. Sachant qu’« il n’y aura pas de production de miel », précise Myriam Debucquois.
Comme les autres, le lieu sera participatif. L’élue à la transition énergétique le visualise déjà : « Les habitants vont le gérer. Ils pourront organiser des animations autour des arbres. Les fruits seront en libre-service. L’idée, c’est que les [Maurepasiens] se l’approprient et que ce soit aussi un lieu de rencontre. »