Une chèvre s’est échappée de son enclos près de la voie ferrée de la gare de La Verrière, il y a deux semaines. La clôture avait été vandalisée. Mais que faisait une chèvre près d’un équipement ferroviaire ? Celle-ci fait en réalité partie d’un cheptel composé de 15 chèvres et cinq moutons, installé volontairement sur cet emplacement par la SNCF, dans le cadre d’une activité d’écopâturage.
« Avant […] on coupait tout »
Depuis juillet 2021, des caprins ruminent et débroussaillent dans un enclos de 7 500 m2, entourant un talus entre l’avenue de la Gare et le parking de la rue Marcel Rivière, à La Verrière. Ce cheptel vient remplacer l’intervention mécanique et humaine, comme la tondeuse ou l’utilisation de produits phytopharmaceutiques.
« Avant, c’était que de la gestion à l’aide de grosses tondeuses et de débroussailleuses, comme sur les gros espaces verts urbains, on coupait tout, reconnaît Sébastien Ciprian, chargé de l’environnement à la direction générale de la SNCF en Île-de-France. Et depuis quelques années, on modifie nos pratiques pour qu’elles soient plus respectueuses de la biodiversité. »
Et à La Verrière, la SNCF aurait beaucoup de surlargeurs – en d’autres termes, des dépendances vertes, soit la partie non-ferroviaire – qui appartiennent à la société de transports. C’est pourquoi, dans l’objectif d’être plus respectueuse de l’environnement, l’entreprise tente d’appliquer une gestion différenciée des espaces verts.
« On fait une fauche tardive afin de laisser la biodiversité se reproduire. On coupe donc plus tard. On coupe aussi moins court qu’avant », illustre-t-il. L’écopâturage fait ainsi partie de cette tendance à l’écoresponsabilité, qui représente déjà une centaine d’hectares en Île-de-France.
Les chèvres et les moutons sont donc présents une partie de l’année, plutôt aux beaux jours, le long de la ligne N et U. Ils sont gérés par l’entreprise paysagiste Terideal, qui met à disposition une bergère pour s’en occuper. Le projet a aussi été fait en partenariat avec l’agence de l’eau Seine-Normandie, qui finance la clôture, le tonneau d’eau et l’abri.
Les races des caprins ont également été choisies pour préserver leur espèce. Les moutons, par exemple, sont des brebis Noires de Velay, et les chèvres sont issues du Massif central. Pour cette dernière, « c’est une race rustique qui n’a pas de valeur en termes d’exploitation agricole. Ils ne sont donc pas nombreux en France. Ça permet de les préserver et d’augmenter leur effectif », justifie Sébastien Ciprian.
Préserver les espèces
En plus, l’animal est choisi en fonction des caractéristiques du secteur à débroussailler. Les chèvres mangent de tout et sont à l’aise dans les zones en pente. Alors que les moutons sont plus sélectifs quant aux espèces à manger, détaille Sébastien Ciprian. Les ronces ou encore les espèces invasives sont donc plus l’affaire des chèvres, d’où leur nombre plus important au sein du cheptel.
Cet écopâturage SNCF serait d’ailleurs le seul de SQY. À Villepreux, un autre projet similaire avait été mis en place sur un talus à proximité du pont de Biais, au Val Joyeux, mais la SNCF a dû y mettre fin. « De mémoire, les animaux ont été enlevés car la nature du sol au droit de la zone a fait que le passage des animaux a provoqué un tassement du talus qui a nécessité des travaux de confortement », explique Sébastien Ciprian, qui poursuit avec un autre à Montigny-le-Bretonneux, où un site écopâturé de 3,5 ha devait aussi se mettre en place. Mais, il n’a pas pu aboutir.
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