Le sujet avait déjà été évoqué fin 2020 et prend désormais une tournure concrète : le Département souhaite se retirer du Syndicat mixte d’étude, d’aménagement et de gestion (Smeag) de l’Île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY). Le conseil départemental a acté cette volonté le 1er octobre, pointant les déficits en augmentation de la base, qu’il doit régulièrement combler. Ce désengagement est souhaité pour le 1er janvier 2022, mais ne sera acté qu’après accord du comité syndical de l’Île de loisirs saint-quentinoise, où siègent la Région, la communauté d’agglomération et le Département avec trois voix chacun.

Comme le rappelle le conseil départemental, les statuts du Smeag de l’Île de loisirs prévoient que le Département des Yvelines et l’Agglomération de SQY se répartissent « à part égale » les « dépenses d’exploitation non couvertes par les recettes de gestion ».

« Le déficit de l’Île, récurrent, se creuse inexorablement, grevant le budget de fonctionnement du conseil départemental sans qu’aucune solution ne soit proposée pour le résorber, notamment de la part du conseil régional d’Île-de-France, propriétaire et responsable du programme d’investissement du site », souligne la rapporteur de la délibération, Joséphine Kollmannsberger (LR), bien qu’elle n’ait ensuite pas pris part au vote comme tous les élus de SQY (voir après).

Joséphine Kollmannsberger, par ailleurs maire de Plaisir, rappelle que suite à un audit, afin de « ramener à l’équilibre la situation financière de l’Île de loisirs » et de permettre « une meilleure représentativité » des membres du syndicat, le Département a injecté près de 786 000 euros en 2015. L’objectif était « de solder les déficits antérieurs et de poser les bases d’une future gestion équilibrée ».

Sauf que cette décision n’a pas eu les effets voulus et les déficits ont continuer à se creuser pour atteindre 791 000 euros en 2019 puis 1 916 000 euros en 2020. Un « déficit record que la crise sanitaire ne suffit pas à expliquer », poursuit la vice-présidente à la culture et au tourisme. D’autant que 2021 ne s’annonce pas mieux, et qu’il est « demandé aujourd’hui » au Département 1 million d’euros pour « couvrir les charges de fonctionnement » et 750 000 euros pour « neutraliser le déficit ».

« Le Département entend mettre un terme à cette situation, tranche Joséphine Kollmannsberger. Il ne se désolidarise pas de l’avenir de la base et reste disposé à accompagner en investissement un projet ambitieux et réaliste, y compris dans la perspective des Jeux olympiques, mais ne peut plus se contenter d’être chaque année sollicité pour financer un déficit d’exploitation sur lequel il ne dispose d’aucun levier. »

De son côté, Pierre Bédier (LR), le président du Département, estime qu’il faut « régler la question de la gouvernance des bases de loisirs, qui est totalement absurde ». Il prône une « réorganisation » pour les trois Îles de loisirs yvelinoises, avançant qu’à ses yeux celle de SQY devrait être portée par l’Agglomération. « Nous plaidons pour un changement de paradigme qui soit de meilleure gestion et qui permette de continuer à faire vivre ces bases, de les développer, mais avec une gouvernance unique », explique Pierre Bédier. Il regrette ainsi qu’actuellement l’investissement soit assuré par la Région, « investissement qui fabrique du fonctionnement et donc du déficit potentiellement », déficit qui doit quant à lui être financé par le Département et SQY.

Le conseil départemental a donc voté pour son retrait du syndicat qui gère l’Île de loisirs saint-quentinoise. Les huit conseillers départementaux élus dans le territoire de SQY n’ont cependant pas pris part au vote. En leur nom, Joséphine Kollmannsberger a expliqué cette position et appelé à « un renouveau rapide de notre Île de loisirs », rappelant l’historique du site et qu’il est « particulièrement prisé » par les Saint-Quentinois.
Concédant cependant qu’aujourd’hui « l’Île de loisirs est au bord du gouffre », les conseillers départementaux de SQY se sont dits « conscients des difficultés, voire dérapages financiers, depuis de nombreuses années », mais aussi « conscients » que le Département « ne peut avoir pour seul rôle de renflouer les caisses de l’Île ».

« […] Il est indispensable que l’Île de loisirs puisse s’engager dans une nouvelle démarche de projets avec une diversification de ses activités et des investissements nouveaux pour offrir à ce site remarquable, amené à connaître une embellie, une renommée nouvelle à l’occasion des Jeux olympiques, un nouveau départ et de nouvelles perspectives en s’inscrivant dans un projet local, intercommunal, mais également départemental et régional », insiste Joséphine Kollmannsberger, sans oublier le personnel du lieu : « […] Derrière un patrimoine naturel à fort potentiel, il y a aussi des hommes et des femmes qui vivent grâce à l’Île, mais la font également vivre, et dont l’avenir nous préoccupe, et nous savons pouvoir compter sur vous pour ne pas les abandonner. »

Reste désormais à voir si le comité syndical de l’Île de loisirs confirmera ce retrait. Retrait qui pourrait avoir des conséquences sur l’équilibre financier du lieu, jusque-là assuré par la participation du Département et de SQY. L’Agglomération a d’ailleurs voté pour sa part, le 30 septembre, sa participation au fonctionnement de la base de loisirs.

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