Modification d’envergure pour la ligne 18. Début 2019, Le Parisien révélait qu’un plan d’économie de 2,6 milliards d’euros, sur l’ensemble du chantier du Grand Paris Express, prévoyait notamment la mise au sol d’une partie de la ligne 18, entre Saclay et Magny-les-Hameaux, initialement prévue en viaduc. La Société du grand Paris (SGP), confirmait en mars 2019 étudier cette possibilité. Réuni le 24 novembre dernier, le conseil de surveillance de la SGP a acté ce scénario.

Pour mémoire, la ligne 18 du Grand Paris Express doit permettre de relier l’Aéroport d’Orly à Versailles Chantiers en 2030, avec une mise en service en trois phases : entre Massy-Palaiseau et CEA Saint-Aubin à Saclay en 2026, entre Massy-Palaiseau et l’aéroport d’Orly en 2027, et entre CEA Saint-Aubin et Versailles-Chantiers en 2030. C’est cette dernière portion qui passera par Saint-Quentin-en-Yvelines, avec une gare prévue à Guyancourt.

Sur cette partie de la ligne 18, le projet initial prévoyait que le futur métro circulerait en viaduc du CEA Saint-Aubin jusqu’au Sud du Golf national à Magny-les-Hameaux, pour ensuite finir sa course en souterrain jusqu’à Versailles-Chantier. Mais le conseil de surveillance de la SGP, qui réalise le Grand Paris Express, a donc confirmé fin novembre un changement d’ampleur pour cette partie du tracé. « Le conseil de surveillance a acté la mise au sol de la partie initialement prévue en viaduc […] depuis le centre du CEA à Saclay jusqu’au Golf national à Magny-les-Hameaux », indique la SGP dans un communiqué. Cela représente environ 5 km qui passent au sol.

Cette modification présente de nombreux avantages pour la SGP, financiers en premier lieu. D’après le communiqué, la mise au sol « devrait permettre de dégager une économie de l’ordre de 30 millions d’euros, soit 20 % du coût de génie civil de cette section de la ligne ». Sollicitée, la SGP souligne que « même si elles ne paraissent pas majeures à l’échelle du Grand Paris Express », ces « optimisations » sont « malgré tout importantes à multiplier quand elles permettent d’améliorer le projet tout en maîtrisant les coûts à l’échelle de l’ensemble du Grand Paris Express ».

Selon la SGP, la mise au sol doit également permettre au métro « de circuler plus discrètement, au niveau visuel et sonore ». Par ailleurs, la mise au sol nécessite moins d’emprise au sol qu’un viaduc, et va donc permettre « de rendre à l’agriculture une surface d’environ 4 hectares », précise le communiqué, soulignant que « les études de réalisation de ce projet seront poursuivies », avec les élus locaux, les habitants et les agriculteurs concernés.

« Aujourd’hui, c’est très concret […], ce métro va bel et bien arriver, et desservir les Yvelinois et les Essonniens, ajoute la SGP, en allusion aux doutes parfois évoqués sur la réalisation de la ligne 18. C’est important de le percevoir, [la ligne 18] va changer les mobilités sur ce territoire. » Le passage au sol ne remettrait d’ailleurs pas en question l’objectif de mise en service de cette portion de la ligne 18 en 2030, nous assure-t-on à la SGP : « Il y a un timing qui est raisonnable pour tenir cette échéance. »

Mais le calendrier sera dense dans les années qui viennent. Une Déclaration d’utilité publique (DUP) modificative va être nécessaire au vu des changements apportés au projet de ligne 18, dont la mise au sol. Ce qui va donc entraîner une nouvelle enquête publique, actuellement prévue « au début de l’été 2021 », d’après la SGP. Ensuite, « pour l’appel d’offres correspondant au génie civil de cette mise au sol », l’objectif affiché est « d’arriver à notifier les marchés avant la fin d’année 2022 ».

Depuis plusieurs années, ce viaduc recevait une forte opposition dans les communes qu’il traversait, notamment de Magny-les-Hameaux. Son maire, Bertrand Houillon (Génération.s), ne saute cependant pas de joie suite à l’annonce de cette mise au sol.

« Aujourd’hui, il reste un certain nombre d’interrogations sur cette mise au sol, et donc la nécessité d’études complémentaires sur les continuités agricoles, les continuités écologiques, la question des nuisances sonores qui est aussi peu avancée que quand c’était le viaduc, estime le maire magnycois. Tant qu’on n’a pas des réponses sur l’ensemble des études que je viens de citer, il n’y a pas de consensus, on demande de travailler sur le sujet, c’est très différent. » Bertrand Houillon continue également de questionner « la nécessité de cette ligne », et reproche que, « pendant ce temps-là, rien n’avance » sur les autres projets « de développement des transports pour les enjeux de mobilité de notre territoire ».

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