L’agroforesterie, mode d’exploitation des terres agricoles associant des cultures et des arbres, va se développer dans les fermes du plateau de Saclay. L’association Terre et cité, dont l’objectif est de promouvoir une agriculture de qualité sur le plateau de Saclay, propose depuis peu aux habitants et entreprises locales de parrainer la plantation de milliers d’arbres dans plusieurs exploitations, notamment celle de Robert Pires, située à la ferme de la Closeraie à Magny-les-Hameaux.

Le projet a véritablement commencé chez Terre et cité « fin 2018-début 2019 », au cours d’une réunion entre agriculteurs du plateau de Saclay, où il est apparu qu’ils étaient nombreux à être intéressés par la plantation d’arbres, nous raconte Clarisse Gimat, prestataire missionnée par Terre et cité pour le pilotage du projet. L’association leur a donc proposé qu’un expert agroforestier mène des études d’avant-projet, qui ne les engageaient pas à planter des arbres.

« Au total, huit exploitations ont été intéressées par une étude, [dont] le but était de réfléchir aux aménagements possibles sur leurs exploitations, sachant que l’expert était aussi missionné pour avoir une vue d’ensemble des trois communautés d’agglomération, de leurs plans paysagers, des trames vertes, pour s’assurer que les continuités écologiques soient bien pensées, souligne Clarisse Gimat. L’expert était là aussi pour écouter leurs besoins, leur projet agronomique, leur motivation initiale à envisager l’arbre et voir les aménagements auxquels ils avaient pensé. »

12 fermes et deux communes sont désormais impliquées dans le projet. Les études ont débuté fin 2020, et touchent à leur fin pour une partie des exploitations. « Maintenant, on a un plan d’aménagement sur lequel les agriculteurs se sont mis d’accord avec notre expert, vraiment espèce par espèce, la hauteur et la largeur des haies et des plantations, etc., explique la pilote du projet. L’expert nous livre quelque part tout clef en main pour qu’on puisse passer commande et organiser le chantier. »

Concrètement, ce sont des haies champêtres ou des alignements d’arbres qui vont être plantés. Si les deuxièmes sont faciles à visualiser, les premières ne sont pas à confondre avec les haies que l’on retrouve au fond des jardins. Une haie champêtre est constituée de plusieurs hauteurs avec « des végétaux assez bas, des végétaux de 1,5 m, et puis, au milieu, des arbres entre 6 et 15 m de hauteur par exemple », détaille Clarisse Gimat : « Tous ces végétaux sont suffisamment serrés pour faire une continuité, qui fait l’effet d’une haie, mais dans laquelle il y a plusieurs essences. Et niveau largeur, […] on va avoir au moins 6 m de large à peu près. »

3 000 arbres plantés dès cet hiver ?

Ces haies présentent un véritable intérêt écologique et agronomique, avec des bienfaits multiples pour les exploitations en fonction de leur positionnement et des objectifs des agriculteurs. Elles peuvent par exemple abriter des espèces qui vont se nourrir d’autres « espèces qui peuvent être des parasites dans les cultures », explique Clarisse Gimat, donnant un autre exemple : « Un agriculteur nous disait qu’il s’est rendu compte que juste en dessous de sa haie, il y avait beaucoup de limaces. Comme elles sont bien là, elles ne vont pas dans sa parcelle maraîchère. »

Les haies champêtres occupent aussi « les fonctions de protection des vents, de drainage de l’eau, de bloquer l’érosion des sols de manière naturelle ». Elles vont également « stocker du carbone à la fois dans leur système racinaire mais aussi dans leurs branches » et peuvent bénéficier au paysage rural, ajoute Clarisse Gimat.

La prochaine étape du projet va bientôt être mise en œuvre. « Aujourd’hui, cinq exploitations et une commune sont prêtes pour la plantation à l’hiver », souligne le site internet de Terre et cité. Cela représenterait jusqu’à 3 000 arbres plantés dès cette fin d’année… si tous les financements sont réunis. Et c’est justement là qu’entre en jeu la proposition de parrainer des plantations.

Boucler le financement est donc l’objectif pragmatique de la plateforme de parrainage, mais n’en est pas le seul. Le premier objectif avancé par Clarisse Gimat est de valoriser les dynamiques mises en place sur le plateau de Saclay et ainsi créer « un beau trait d’union entre les habitants et usagers du territoire, et les acteurs de l’agriculture ». Le parrainage d’arbres est ouvert tant aux habitants, qu’aux entreprises et aux organismes publics. Trois forfaits sont proposés, qui vont de 36 euros à 5 000 euros. Pour participer à cette initiative, rendez-vous sur terreetcite.org. « Terre et cité a de nombreux partenaires avec qui elle développe ce projet », conclut la chargée de projet, soulignant que « c’est ce travail coordonné qui donne à ce projet sa dimension intégrée au territoire ».

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