Élus et agriculteurs unis pour monter au créneau et défendre leur territoire. Le 28 novembre, à l’occasion d’une nouvelle conférence de presse à Villiers-le-Bâcle (Essonne), des agriculteurs et maires du plateau de Saclay ont réitéré leurs inquiétudes au sujet du projet de ligne 18 du Grand Paris Express. Ce projet piloté par la Société du Grand Paris (SGP) doit voir le jour d’ici 2030 et permettre de relier l’aéroport d’Orly à la gare de Versailles-Chantiers en passant par Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY). Mais les « modalités d’implantation » de la ligne 18 « menacent dangereusement la vocation agricole du plateau », indique un communiqué envoyé par Terre et Cité, association du plateau de Saclay ayant pour objectif de pérenniser et promouvoir une agriculture de qualité sur ce territoire. La partie de ligne entre le CEA Saint-Aubin et le Golf national, initialement prévue en viaduc, passera finalement au sol. Pas suffisant pour satisfaire les agriculteurs et élus locaux.

Ce projet piloté par la Société du Grand Paris (SGP) doit voir le jour d’ici 2030

« En créant une barrière au cœur des terres agricoles, l’infrastructure supprimerait plusieurs accès et continuités indispensables au fonctionnement de l’agriculture, poursuit le communiqué. Pierre Bot (agriculteur à Saclay et représentant de la chambre d’agriculture de la région Île-de-France, Ndlr), souligne que ‘‘les rails sont infranchissables, et isolent le territoire […] déjà très morcelé’’ comme l’exprime Emmanuel Vandame (agriculteur biologique à Villiers-le-Bâcle, Ndlr) : ‘‘On se demande qui va prendre la ferme derrière nous, nos enfants ont très vite compris ce qui se passe et ne veulent pas y aller.’’ »

Ainsi, agriculteurs et élus se mobilisent. Dénonçant « l’absence totale de concertation du maître d’ouvrage (la SGP, Ndlr) », ils demandent « le minimum du minimum, c’est-à-dire l’implantation d’une tranchée semi-ouverte », déclare dans le communiqué Caroline Doucerain (DVD), maire des Loges-en-Josas et présidente de Terre et Cité. Le communiqué affirme également que la commission d’enquête publique avait préconisé cette solution de la tranchée. Le 27 mai, huit maires avaient déposé un recours gracieux à ce sujet auprès de la Première ministre et « sont encore en attente de réponses claires de la part du gouvernement », selon le communiqué. Parmi les élus engagés dans ce combat, figure un édile de SQY, Bertrand Houillon (Génération.s), maire de Magny-les-Hameaux. « Le modèle d’urbanisation est du même style que dans les années 70. On tourne le dos à tout l’écosystème local », a-t-il notamment partagé lors de la conférence de presse du 28 novembre.

Quant aux agriculteurs, ils ont envoyé une lettre ouverte à Élisabeth Borne, signée par 11 d’entre eux. « Durant cette année marquée par la sécheresse estivale, la ferme de la Martinière (à Saclay, Ndlr) a récolté 115 quintaux de maïs à l’hectare, soit 31% de plus que la moyenne nationale, peut-on entre autres lire sur ce courrier. Situées aux portes de Paris, [l]es terres [du plateau de Saclay] offrent une réponse indéniable à l’enjeu d’alimenter une immense métropole en croissance et un rempart évident contre les conséquences désastreuses du réchauffement climatique que nombre de territoires agricoles subissent déjà, impuissants. […] Le devenir de l’agriculture du plateau de Saclay […] repose sur un équilibre fragile, aujourd’hui menacé. […] Ces terres sont précieuses, même inestimables. Alors, nous invitons ceux qui nous lirons à mettre tous les moyens en œuvre pour en prendre soin, comme nous en prenons soin et comme elles prennent soin de nous tous. »

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