Avec ses 15 Amap, ses 32 exploitations agricoles, dont 8 % sont des surfaces cultivées Agriculture biologique (AB) contre 3,5 % en Île-de-France, SQY veut s’engager dans un retour à une consommation locale et à la promotion de circuits-courts. C’est le constat que l’on peut faire lors de la conférence sur les dynamiques alimentaires du territoire, organisée au théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines le jeudi 14 mars.

La salle est comble ce soir-là. « La ville et l’agriculture se regardent à nouveau », lance à l’auditoire Laure de Biasi, ingénieure en agronomie, chef de projet agriculture et alimentation durable à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Île-de-France. Selon elle, une prise de conscience s’opère du côté des élus, grâce aux nombreux plans durables, alimentaires et environnementaux, qu’ils mettent en place.

Également, « les habitants sont demandeurs d’un retour à une consommation plus locale », affirme Bertrand Houillon (Génération.s), maire de Magny-les-Hameaux et vice-président de Saint-Quentin-en-Yvelines en charge du développement durable et de la ruralité. Dans sa commune, ce dernier rappelle qu’il a rendu inconstructible 15 ha pour les rendre à l’agriculture, à l’occasion de la révision de la charte du Parc naturel régional (PNR).

Des réunions avec les riverains sont organisées dans la foulée en 2013. « Ces derniers ont participé à l’élaboration d’un cahier des charges permettant la création d’un projet agricole », explique le maire de la commune. C’est alors que la ferme périurbaine est née. Elle accueille désormais deux maraîchers : Robert Pires, depuis 2014, et Hervé de Givry depuis 2018. Le conseil régional d’Île-de-France a aussi joué un rôle non négligeable dans ce projet, qu’il a financé à hauteur de 233 200 euros soit un tiers de l’investissement. Le site devrait être entièrement opérationnel au printemps 2019.

L’Amap 100 % Villepreux a aussi pu émerger grâce au soutien de ses habitants, et de la Ville notamment en terme de communication. Mais le combat a été rude avant de pouvoir remplir leur premier panier. « C’était compliqué d’acheter des terres sur la plaine de Versailles car elles sont classées. Mais la ville a bien fait avancer notre dossier », raconte le président de l’Amap. Le projet alors lancé en 2016, les membres de l’Amap ne préparent leur première commande qu’en juillet 2018. Leurs efforts sont néanmoins récompensés. Ils passent de 50 paniers en juillet 2018 à une prévision de 100 en mai 2019.

Mais tous les projets agricoles n’ont pas eu cette chance. Dans le public, une femme interpelle les intervenants sur un projet pour lequel elle essaye d’obtenir des subventions publiques depuis des années, mais sans succès. Le maire de Magny-les-Hameaux lui répond : « Depuis 2015, j’ai récupéré une trentaine de dossiers. Mais ça prend du temps. » Mais de nuancer : « Heureusement, SQY a gardé la maîtrise de beaucoup de ses terres agricoles qu’elle peut choisir de remettre en culture. Car c’est très dur de récupérer des terres qui appartiennent à l’Île-de-France. »

En effet, si certaines terres sont inaccessibles, d’autres n’existent plus. Deux tiers des exploitations en Île-de-France ont disparu en l’espace de quarante ans, selon Laure de Biasi. Elle ajoute « qu’au dernier recensement, entre 2000 et 2010, le nombre de circuits-courts a aussi chuté ». En effet certains agriculteurs réduisent leurs cultures pour ne plus dépendre des fluctuations des cours du marché international. C’est l’exemple de Guillaume Lavielle, intervenant lors de la conférence, éleveur et céréalier à Maurepas, qui compte réduire ses terres en cultures pour élever davantage de bovins qui lui rapportent plus.

Enfin, la consommation de proximité n’est pas toujours la méthode la plus écologique, tient à souligner Laure de Biasi. Selon l’ingénieure, les produits de proximité ne viennent en effet pas obligatoirement de la ferme d’à côté. La distance qui sépare l’aliment du consommateur peut aussi bien être de 20 kilomètres comme de 200 kilomètres.

Par conséquent, de longues distances peuvent être parcourues avant que le consommateur puissent récupérer son produit de proximité. Les circuits-courts aussi ont leurs idées reçues. Laure de Biasi précise : « Les produits alimentaires vendus en circuit-court ne viennent pas forcément de la culture biologique ou raisonnée. L’agriculteur peut choisir de jouer sur la rentabilité et ainsi produire de manière intensive. »

Article mis à jour le 21 mars à 16 h 30 : Dans sa version précédente, l’article indiquait que l’Amap 100% Villepreux avait bénéficié d’argent public, ce qui n’est pas le cas. Il s’agissait en réalité d’un soutien de la commune, notamment en terme de communication.

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