En Île-de-France, le nombre de chefs d’entreprise ayant perdu leur emploi est en diminution en 2020, mais l’arrêt des aides pourrait fortement augmenter ces chiffres dans les années à venir. C’est en résumé la conclusion de la cinquième édition de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs dévoilé la semaine dernière par l’association GSC, une assurance créée par les syndicats patronaux pour les entrepreneurs, et le cabinet Altares, spécialisé dans les données commerciales.

Ce rapport est fondé sur les données « issues de l’analyse des entreprises placées en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce ou judiciaire », précise le communiqué de GSC et d’Altares. Ce dernier révèle qu’en 2020, année où la crise sanitaire a touché l’ensemble du pays, ce sont 7 713 chefs d’entreprise qui ont perdu leur activité professionnelle en Île-de-France. « Malgré une diminution de 33,2 %, ce territoire reste la région la plus impactée par le chômage des entrepreneurs », avancent la GSC et Altares, soulignant que les mesures prises par le gouvernement face à la crise « ont protégé temporairement les dirigeants de la faillite ».

Parmi les huit départements franciliens, celui des Yvelines est même celui qui connaît la plus forte baisse, « avec 568 chefs d’entreprise qui ont perdu leur activité professionnelle en 2020 contre 831 en 2019 », soit une baisse de « 45 % », note l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs. Mais malgré ces chiffres d’apparence positive, les responsables de la GSC et d’Altares se montrent inquiets pour cette année et les suivantes.

« Malgré un recul historique, ils sont 7 713 femmes et hommes chefs d’entreprise à se retrouver sans activité en région Île-de-France, un niveau dramatiquement élevé, insiste, dans le communiqué, Anthony Steicher, président de l’association GSC, souhaitant une meilleure information des dirigeants. Ces chiffres doivent nous inciter à la plus grande prudence, car l’arrêt progressif des aides va provoquer un véritable raz-de-marée. Notre devoir est de sauver et de protéger tous les entrepreneurs, qui créent de la richesse et des emplois dans nos territoires. »

Un « raz-de-marée » après les aides ?

« Un record de créations d’entreprises, un nombre de défaillances au plus bas depuis 30 ans ! Dans un contexte économique et sanitaire inédit, ces remarquables indicateurs de performance ne font toutefois pas illusion », complète Frédéric Barth, directeur général d’Altares. D’après ce dernier, les entrepreneurs « se sont efforcés de tenir au prix d’efforts humains et financiers exceptionnels » en 2020.

« Heureusement, l’horizon s’éclaircit enfin. La reprise se profile, mais avec elle, aussi, le durcissement du risque commercial et financier. Le nombre de dirigeants en situation de perte d’emploi devrait augmenter en 2021 et plus encore en 2022 », conclut Frédéric Barth.

Dans le détail, l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs note que « les dirigeants expérimentés » sont les « premières victimes de la crise », avec pour preuve l’âge médian des dirigeants franciliens affectés, qui a augmenté de « 1 an et demi » entre 2019 et 2020 pour atteindre « 47,7 ans ». Des chefs d’entreprise qui auront en plus « davantage de difficultés à rebondir ».

Par ailleurs, ce sont les TPE qui ont connu le plus de liquidations judiciaires : la moitié des entreprises touchées en Île-de-France « employait un à deux salariés », indique le communiqué, soulignant par contre que ce sont les PME qui ont connu la plus forte progression. Concernant les secteurs d’activité, « les secteurs de la construction, du commerce et du service aux entreprises concentrent à eux trois près des deux tiers des pertes d’emploi de la région Île-de-France », précisent la GSC et Altares, sans oublier « les difficultés » que connaissent également les secteurs du service, de l’hébergement et de la restauration.

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