« C’est une demande des femmes. Elles souhaitent rencontrer d’autres personnes comme elles », justifie Julie Mottier, responsable du service d’aide aux victimes au sein de l’association Dire (Développement ignymontain de rencontres et d’entraide). Cet organisme a justement décidé de mettre en place des groupes de parole pour les femmes victimes de violences conjugales. De septembre à février prochain, elles se retrouveront de 14 h à 15 h 30, tous les mardis, au sein des locaux de l’association, pour partager leur vécu et se soutenir mutuellement.

Cette association consacre une grande majorité de son travail aux femmes victimes de violences conjugales, quand il s’agit de l’accompagnement psychologique, selon les observations de la responsable. « On a une augmentation des prises en charge. Les appels avaient déjà augmenté lors de la mise en place du 3919. On reste dans le même tempo », explique-t-elle. Le confinement n’a en effet pas arrangé les choses bien au contraire. En atteste d’ailleurs le nombre de faits divers relatant des cas de violences à Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY). Et la parole se libère.

Un groupe de parole « plus engageant »

D’où la création de ce groupe. Et ce n’est pas la première fois qu’il a lieu. Il y a deux ans, un groupe, orienté sur la parentalité et les violences conjugales, avait été mis en place. Mais cette fois-ci, ils l’ont voulu plus général et « plus engageant », selon Julie Mottier.

Ce qui veut dire que des entretiens vont être organisés en mai, pour juger de la volonté de la personne à suivre un groupe de parole avec deux psychologues cliniciennes. « Les personnes ne doivent pas venir uniquement pour parler d’elles. Il faut aussi écouter et échanger, afin que le groupe soit bénéfique », affirme Julie Mottier. D’ailleurs, toutes les conversations devront rester confidentielles.

Pendant les séances, seront abordés plusieurs thèmes comme « la culpabilité », « la honte », « les conséquences d’une séparation », « la réaction familiale », « les enfants », « le conjoint », « les mains courantes », « le dépôt de plainte », « le sentiment d’injustice », « l’affirmation et la rencontre possible », énumère Julie Mottier. En plus des psychologues, un juriste pourrait également intervenir.

L’objectif étant de leur redonner confiance en elles pour agir, pour qu’elles puissent rompre avec l’isolement et leur dépendance au conjoint, selon la responsable. « Créer de la solidarité, travailler ensemble sur cette emprise, l’idée est de leur rappeler qu’elles ne sont pas responsables. […] Elles doivent s’autoriser à vivre libres », souligne-t-elle.

Des femmes auraient d’ailleurs déjà formulé leur souhait de participer. Mais le Dire souhaiterait également en toucher d’autres qui n’ont pas l’habitude de fréquenter l’association. « Des femmes qui sont sorties des violences et qui ne les ont pas nommées et qui vivent avec des conséquences, qui ne veulent pas de suivi, mais pour qui le groupe aurait un bien-fondé », atteste Julie Mottier.

En revanche, ces femmes ne pourront pas venir avec leurs enfants, bien qu’elles ne trouvent pas souvent de moyens pour les garder. « C’est un temps pour elles, spécifique, mais c’est vrai que souvent les femmes sont avec leurs enfants. C’est aussi pour ça qu’on a choisi le mardi après-midi », justifie la responsable. Et si le groupe de parole ne leur convient pas, elles pourront toujours revenir à un accompagnement individuel. Engageant donc, mais souple.

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