Après deux semaines de confinement, certaines craintes de la première quarantaine refont surface, comme les violences conjugales. Par exemple, le premier week-end de cette période d’isolement a été marqué par plusieurs cas de violences au sein des couples en très peu de temps. Mais, pour l’heure, l’association Dire (Développement ignymontain de rencontres et d’entraide), et le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), n’ont pas noté une augmentation de ces violences.

Même si la major de police Fabienne Boulard, référente départementale en matière de lutte contre les violences conjugales, n’est pas dupe. « À mon avis ça va repartir à la hausse, pense-t-elle. Je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas pareil. » Cette dernière vient de mettre en place un dispositif simple pour prévenir les cas de violences familiales, lors des visites de la police à domicile.

Les fonctionnaires peuvent désormais distribuer une carte QR code à la victime potentielle et en toute discrétion. « Il nous arrive d’intervenir pour tapage. On se rend compte qu’il y a quelque chose, même si l’homme et la femme nous disent que tout va bien. Mais on sait que ça ne va pas. On repart, mais on ne peut pas donner d’informations ». D’où la création de cette carte en petit format, raconte la major de police : « Ça passe inaperçu. »

La femme victime de violences peut alors la scanner, en échappant à la vigilance de son mari ou de son ex-mari. Sur son portable, elle a accès à un document lui indiquant les différentes violences interdites et punies par la loi, comme celles verbales, physiques, psychologiques, sexuelles, et économiques. À la suite du document, les principaux contacts sont listés pour accompagner la victime : les numéros d’urgence, de dépôt de plainte, du tribunal de grande instance de Versailles, des associations en charge de l’accompagnement social et psychologique, ou encore des associations d’accompagnement juridique des Yvelines.

D’autres cartes similaires, mais sous forme de flyers, devraient bientôt être disponibles dans les pharmacies ou encore dans les salles d’attente chez les médecins. Ce nouvel outil a d’ailleurs eu le prix de l’accompagnement des victimes, dans le cadre de la lutte contre les violences conjugales, par le gouvernement, le 3 septembre, annonce Fabienne Boulard, avant de nuancer : « Ce n’est pas révolutionnaire, mais c’est un outil en plus. On ne peut pas faire l’économie des petites mesures. » Cette carte pourrait se révéler utile encore plus pendant ce deuxième confinement.

Ce dernier semble pourtant moins explosif en nombre de cas de violences conjugales, pour le moment, selon l’association Dire et le CIDFF. « Les structures restent ouvertes. […] Elles continuent de faire du présentiel », indique Anne-Laure Carro, la directrice du CIDFF des Yvelines, en faisant notamment référence à l’accueil de jour spécialisé, l’Étincelle, ou encore aux maisons de justice.

La souplesse du deuxième confinement simplifie les démarches des femmes, qui peuvent sortir plus facilement, pointe la directrice du CIDFF. Alors que pendant le premier confinement, tout était fermé. « On a eu une explosion du nombre d’appels », se rappelle-t-elle.

Julie Mottier, responsable du service d’aide aux victimes au Dire, est du même avis : « C’est radicalement différent au niveau de notre activité. Je ne vois pas de différence (avec l’avant-confinement, Ndlr). » Elle ajoute néanmoins que lors du premier confinement, l’augmentation des cas de violences conjugales avait commencé après trois semaines-un mois de confinement. À ce jour, nous sommes à un peu plus de deux semaines de confinement.

D’où le pessimisme du major Fabienne Boulard : « Je ne vois pas pourquoi ça se calmerait. Le soir, personne n’a le droit de sortir au bar. L’homme va donc boire à la maison… », évoque-t-elle. Les faits en attestent d’eux-mêmes, la semaine dernière, SQY a encore enregistré de nombreux cas. Depuis le reconfinement, leur nombre n’a pas été comptabilisé.

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