« Je suis pas la plus à plaindre vraiment », affirme Chloé, étudiante en quatrième année de médecine à l’UVSQ et stagiaire à l’hôpital de Saint-Cloud. La jeune femme de 22 ans est venue chercher son colis alimentaire, composé de produits d’hygiène et de première nécessité, le 3 mars au restaurant universitaire du Crous à Guyancourt.
Le Secours populaire avait envoyé un mail en amont pour proposer, sur la base du volontariat, des colis aux étudiants dans le besoin. « C’est la deuxième fois que je viens, poursuit-elle. […] J’ai mes parents qui m’aident, mais à un certain âge on voudrait ne plus dépendre d’eux. » Chloé touche un salaire de 200 euros par mois en tant que stagiaire en gynécologie. Ce qui n’est pas suffisant pour vivre de manière autonome à Guyancourt. Sachant que tous les étudiants ne reçoivent pas d’aide de leurs parents et/ou ont perdu leur job étudiant.
C’est pourquoi, l’association caritative en partenariat avec le Crous, depuis mars 2020, lance sa sixième opération de distribution de colis alimentaires dans les Yvelines, notamment à SQY. 35 colis sont donnés à des étudiants de la résidence Vauban à Guyancourt et le reste est partagé entre Buc et Viroflay, soit 165 étudiants bénéficiaires. En un an, sept résidences ont été approvisionnées par 562 colis pour 350 étudiants. Et d’une résidence à l’autre, d’une commune à l’autre, les profils des étudiants dans le besoin divergent.
« Je gagnais 700 euros et je suis descendu à 400 euros »
Tout comme Chloé, Aymen, 24 ans, vient chercher son colis de produits de première nécessité au restaurant du Crous. Une habitude pour cet étudiant résidant à Guyancourt et en licence 2 de biologie à Versailles. « Ça nous aide. On n’a plus de travail. Je bossais avant dans un musée en tant qu’agent d’accueil et vu que la culture c’est pas important…, lâche-t-il ironiquement. Avant je gagnais 700 euros et je suis descendu à 400 euros car je suis boursier. » Aymen ne reçoit pas d’aide de ses parents. « Je n’aime pas leur demander de l’aide », mais il relativise : « Je ne suis pas en manque, mais les colis aident un peu. »
Océanne compte davantage sur les colis alimentaires du Secours populaire. « Clairement, j’en ai besoin car je vis sur ma bourse (de 400 euros également, Ndlr) », affirme-t-elle. Chez ses parents au premier confinement, elle a préféré rester à la résidence Vauban pour le deuxième, afin d’avoir une meilleure connexion internet. Mais cette situation ne devrait plus durer longtemps. L’étudiante en administration économique et sociale va bientôt reprendre son poste au service d’accueil de l’UVSQ pour faire des vacations.
Mais ces deux exemples ne sont pas une généralité. Selon le secrétaire général du Secours populaire des Yvelines, Pascal Rodier, il n’y a pas de profil type d’étudiant dans le besoin. « C’est très varié, affirme-t-il. Il y a eu des évolutions d’une année sur l’autre. En mars, on avait des étudiants étrangers qui étaient sur La Verriere et je ne peux pas garantir qu’ils aient maintenu leur situation. » Il fait référence aux étudiants venant notamment d’Afrique subsaharienne ou du Proche-Orient, dont la famille ne peut pas toujours subvenir aux besoins de leurs enfants en France.
Il y a également les étudiants qui venaient déjà avant la crise sanitaire, et qui ont vu leur situation se dégrader. Pascal Rodier fait aussi référence aux jeunes qui souhaitent être indépendants ou qui sont en rupture avec leur famille. Leur situation se complique s’ils sont dans des logements informels – logés chez une tierce personne. « Ils n’ont pas d’allocation logement », observe-t-il. Sans compter les étudiants qui habitent dans des zones rurales, selon le secrétaire général. Ces derniers seraient nombreux.
L’application TooGoodToGo (qui propose des repas invendus de commerces de bouche à moitié prix) a justement tenté de chiffrer en pourcentage le profil de ces étudiants a priori dans le besoin dans les Yvelines. Grâce à son don de bons d’achat de 4 euros à 3 500 étudiants, l’application est arrivée au résultat suivant : 19,9 % d’étudiants à en bénéficier vivent chez leurs parents ou chez un tiers, 19,9 % viennent de résidences hors Crous, 11,9 % sont hébergés au Crous, et 41,9 % sont locataires, selon le bilan de l’action de l’application.
Dans tous les cas, les étudiants dans le besoin semblent être nombreux à pousser les portes du Secours populaire. Ce dernier estime à 1 000 les jeunes entre 18 et 25 ans sur les 7 700 personnes aidées dans les Yvelines, selon le secrétaire général.