La pandémie et les récentes recommandations du gouvernement concernant la non-utilisation de masques en tissu artisanaux va rendre encore plus prégnant l’usage de masques chirurgicaux jetables. Ce qui pose la question de leur devenir.

À SQY, une entreprise est passée depuis plusieurs mois à l’action sur cette question. Recnorec, start-up spécialisée dans le recyclage des déchets « non-recyclables », a lancé l’opération Bas les masques, en vue de développer une solution de recyclage des masques usagés pour les transformer en un matériau composite, écologique et durable, servant à produire en mini-série des objets. L’opération a été lancée via du crowdfunding d’entreprise. « L’idée, c’est de financer les 30 000 euros de mise au point de ce recyclage, précise Ugoline Soler, présidente-fondatrice de Recnorec. On a engagé la commercialisation de ce produit cet automne, et on a enregistré en fin d’année nos premiers partenaires. »

Des partenaires parmi lesquels la mairie du IXe arrondissement de Paris, et deux communes de SQY, Voisins-le-Bretonneux et Plaisir où est implantée la start-up. La maire de Plaisir, Joséphine Kollmannsberger (LR), se dit « fascinée » par les projets de cette société. Et notamment Bas les masques, pour lequel l’élue salue la solution trouvée par Recnorec de récupérer les masques « sans manipulation ». « Au vu de cette évolution-là et du fait du confort des personnes qui manipulent les masques quand ils sont récupérés (l’entreprise évoque un procédé qui limite la pénibilité du travail et préserve la sécurité des travailleurs, Ndlr), j’ai trouvé que c’était plus important de nous inscrire dans cette démarche, par le biais d’un conventionnement », juge la maire.

La Ville a ainsi décidé de verser jusqu’à 5 000 euros à l’entreprise dans le cadre de cette opération. « Il y a trois formules forfaitaires pour trois mois : 500, 2 000 ou 5 000 euros, et en fonction de chacune, il y a un retour en service qui est différent, détaille Ugoline Soler. Sur l’option à 2 000 euros, on met à disposition une boîte de collecte et l’acteur économique nous fait parvenir les sacs après qu’ils aient été remplis. Sur l’option à 5 000, on va relever les sacs chez notre partenaire et on les ramène [dans les locaux de l’entreprise]. » Une dizaine de bacs de collecte de masques ont ainsi été installés depuis janvier dans différents équipements municipaux plaisirois, et notamment en mairie.

Deux bacs de collecte sont aussi présents à la mairie du IXe arrondissement de Paris et un devait être mis en place la semaine dernière à Voisins, qui a choisi l’option à 2 000 euros. « On va regarder comment installer quelques points de collecte […] et porter nous-mêmes les masques à Plaisir », nous indiquait la maire Alexandra Rosetti (UDI) fin janvier.

L’engagement des collectivités a permis à Recnorec d’avancer sur cette opération. « On a engagé le travail de recherche et développement quand on a eu un minimum de validations de financements. […] On est à 19 000 euros sur les 30 000, donc on s’est dit qu’on allait prendre le risque de financer nous-mêmes la suite en attendant de pouvoir vendre l’opération un peu plus largement », confie Ugoline Soler, rappelant que la Région avait aussi subventionné le projet à hauteur de 10 000 euros.

Mais elle insiste sur le fait que le projet n’est encore qu’en phase expérimentale, ce qui limite pour l’instant la mise en place des points de collecte aux seuls bâtiments de services municipaux. « Ce n’est pas de la collecte à grande échelle, affirme-t-elle. On a cherché des partenaires pour financer cette opération. […] L’idée est […] de d’abord valider que techniquement, ça a du sens de faire ça. On l’a fait, et maintenant il y a un certain nombre de validations d’analyses de matériaux à mener. »

Cette phase expérimentale précède une phase artisanale qui interviendra « dès qu’on aura le financement pour installer des machines plus complexes et plus chères », ajoute-t-elle, avant une phase industrielle quand l’entreprise aura mis au point son démonstrateur industriel de recyclage des plastiques orphelins de solutions de recyclage.

Le Département et SQY s’intéressent aussi à l’opération

Ugoline Soler espère que Bas les masques s’étendra à d’autres partenaires. Le Département et SQY s’intéressent d’ailleurs à l’opération, d’après Joséphine Kollmannsberger, qui est aussi vice-présidente à l’environnement au sein de ces deux collectivités et annonce avoir communiqué sur Bas les masques auprès des différentes communes de l’Agglomération « de façon […] que les Villes puissent aussi adhérer à cette démarche ».