Ce ne sont pas un, ni deux, mais trois projets de l’entreprise Recnorec qui ont été retenus lors du vote du budget participatif écologique de la Région Île-de-France, dont les résultats ont été dévoilés il y a quelques semaines. Cette start-up de neuf salariés, existant depuis début 2018 et installée à Plaisir, est spécialisée dans le recyclage de déchets dits non recyclables, ou « ultimes », en les transformant pour réaliser un matériau composite.
« Le concept général est de se sourcer sur les déchets plastique qui ont été écartés, expose Ugoline Soler, présidente et fondatrice de Recnorec. Ils sont écartés car ils sont trop sales et qu’il faudrait les laver, ou parce qu’ils sont trop mélangés et qu’il faudrait rajouter des gestes de tri très coûteux ou inacceptables […], et ils sont ultimes car ils peuvent être composés d’un certain nombre de matériaux ou de plusieurs polymères qui fait que leur séparation […] n’est pas possible, ou ça nécessiterait des coûts techniques invraisemblables. »
C’est dans ce but que Recnorec a lancé ses trois projets : un grand projet de démonstrateur industriel de recyclage des plastiques considérés comme orphelins de solutions de recyclage, et deux projets locaux, une solution de recyclage des masques usagés baptisée « Bas les masques », et la création de composteurs à partir du matériau issu de cette transformation de déchets. Ce matériau ressemble à « une matière dure qui s’apparente au bois quand on en fait des planches et au plastique ou au métal quand on en fait des objets habituellement fabriqués dans ces matériaux-là », précise Ugoline Soler.
« On a découvert un peu tardivement l’appel à projets [de la Région], confie l’entrepreneuse. J’ai essayé de savoir si on était obligé de n’en déposer qu’un seul (un seul projet, Ndlr). […]. J’ai appris qu’en fait, il n’y avait pas vraiment d’interdiction de déposer plusieurs projets, et que j’avais aussi la possibilité de déposer [en plus] un grand projet. »
Concernant ce grand projet, le démonstrateur « serait sur SQY, ou en tout cas dans les environs », glisse Ugoline Soler, ajoutant que « des petites unités », « plus grosses ou à cette échelle-là », pourront ensuite être déployées un peu partout. Pour ce projet, des subventions supplémentaires viennent « compléter la subvention normale », selon la dirigeante de Recnorec : « On a obtenu 15 % de subventions […]. Sur un projet d’un million d’euros (qui concerne la préparation du démonstrateur, le projet dans sa globalité s’élevant à 5 millions d’euros, Ndlr), on va toucher 150 000 euros plus un bonus de 15 000 euros. » Le démonstrateur doit être construit au cours de l’année 2021.
« Bas les masques », est, lui, en phase expérimentale, pour « trois à six mois », à l’issue de laquelle « une solution plus concrète » doit être proposée, précise la start-up. L’idée est de « mettre au point [une] solution de recyclage des masques usagés », ajoute Ugoline Soler. Collectés, ces derniers sont ensuite laissés sans manipulation pendant 15 jours afin qu’il ne soient plus contaminés, puis le fonctionnement consiste à « prendre les masques tels quels » et les mettre « au broyeur », puis les intégrer « avec d’autres plastiques à recycler, pour faire un nouveau matériau [composite] », poursuit-elle.
Ce projet a obtenu 10 000 euros de subventions de la Région, sur un coût total de 30 000 euros, qui viendront compléter une opération de crowdfunding d’entreprise lancée auparavant. Quant aux composteurs, créés en partenariat avec un Établissement et service d’aide par le travail (Ésat), où exercent des travailleurs handicapés, à Jouy-le-Moutier (Val d’Oise), ils seront aussi financés à hauteur de 10 000 euros par le budget participatif, sur un coût total de 17 600 euros. Des composteurs fabriqués à partir du fameux matériau issu de la transformation des déchets.
« L’idée est de fournir à nos partenaires Ésat des planches, qu’ils transforment en composteurs, et ces composteurs sont mis à disposition des collectivités, détaille Ugoline Soler. On a le soutien de SQY, qui nous a donné un accord de principe. » Ces composteurs sont espérés pour le premier semestre 2021. Ce projet, comme les deux autres de Recnorec, font partie des 473 projets lauréats financés par la Région, sur plus de 479 projets soumis au vote. Pour le plus grand bonheur de l’entreprise plaisiroise. « C’est un super tremplin, et ce n’est même pas qu’un tremplin, c’est la cohérence de leur activité, de leur politique, et nous, on est aussi dans la cohérence, on souhaite apporter à nos territoires des solutions qui ont du sens », se félicite Ugoline Soler.
Des collectivités, voire des entreprises, devraient d’ailleurs faire partie des clients de Recnorec lorsque leurs projets seront commercialisés. « On sent que ça plaît, mais on n’a pas encore une idée assez précise de notre matériau puisqu’il faut qu’on ait fini cette étude, conclut Ugoline Soler. Donc c’est un peu difficile de dire ‘‘On va le vendre à tel prix’’. »