Le stock de 28 tonnes de pommes de terre qui remplissait le semi-remorque a fondu à vue d’œil. Jeudi 14 janvier au matin, sur la place du marché des Merisiers, le succès est à nouveau au rendez-vous pour la famille de producteurs venue du Nord vendre ses « patates ». Sous forme de drive, véhicules et piétons se suivent pour acheter un ou des filets de 15 kg à 5 euros. En pleine crise sanitaire, c’est un bon plan pour les acheteurs et une occasion de vente pour les producteurs.
C’est en mai dernier, à Saint-Cyr-l’École, que la famille d’agriculteurs Demassiet a organisé son premier drive de pommes de terre. « Au premier confinement, il y a eu la fermeture des cantines, des restaurants, les usines ont arrêté de nous acheter. Nous, notre débouché essentiel, c’est de la frite, donc il n’y a plus de marché, raconte Jérémy Demassiet, le fils des agriculteurs nordistes. On a dû trouver des solutions pour éviter de jeter nos produits. »
La vente libre s’est donc présentée comme un moyen d’écouler la récolte de pommes de terre. Depuis mai, pour répondre à la demande, la famille Demassiet a écumé la région Île-de-France avec plusieurs ventes hebdomadaires, notamment à Saint-Quentin-en-Yvelines. Ils sont venus à Trappes pour la quatrième fois ce jeudi 14 janvier, et à Maurepas samedi dernier.
« On reçoit plus de 200 mails par jour, le téléphone n’arrête pas de sonner. C’est des habitants qui nous contactent, ou directement les villes, et ils nous demandent de venir avec notre camion, apprécie Jérémy Demassiet, motivé par les retours positifs. Donc on trouve le bon créneau et le bon endroit, on fait un peu de pub, la ville communique, tout ça réuni fait qu’il y a des ventes qui se passent très bien, d’autres un peu moins, c’est très variable. »
À Trappes, le succès a en tout cas été au rendez-vous. Dès 8 h 30, une file d’une dizaine de voitures s’est rapidement constituée à côté du marché des Merisiers, continuellement nourrie par de nouvelles arrivées. Prix attractif, proximité et qualité sont autant de raisons qui incitent les clients à venir. « C’est difficile en ce moment : les restaurants, certains commerçants, etc. sont fermés, donc quand on achète un produit, on ne sait pas forcément d’où ça vient, nous confie Emmanuel, un Trappiste venu acheter 30 kg de pommes de terre. Là, on sait que les pommes de terre viennent de chez nous, on sait ce qu’on mange. Il y a donc la traçabilité, et le prix est plus que raisonnable. »
Et toutes les franges de la société viennent profiter de l’opération « On peut avoir des grosses Porsche qui viennent comme le petit Caddie, confirme Jérémy Demassiet. La semaine dernière, j’ai servi un monsieur, un commerçant. J’ai mis les deux sacs dans son coffre, il s’est mis à pleurer et m’a dit : ‘‘merci, grâce à vous, je vais continuer à manger jusqu’à la fin du mois’’. »
Témoin donc parfois de « situations compliquées », la famille Demassiet « pense aussi au contexte local ». Ainsi, en fonction des ventes réalisées et en accord avec les villes, elle fait don de pommes de terre à des associations caritatives, comme le Secours populaire lors de son passage à La Verrière. « Aujourd’hui, on doit être à bientôt 250 tonnes de dons, indique le fils Demassiet. Une fois qu’on est rentrés dans nos frais, je préfère que les pommes de terre servent aux plus démunis à faire des plats que de les jeter chez moi à la ferme. »
En tout cas, face au succès des ventes, ces dernières devraient encore se poursuivre dans les mois à venir : « On peut continuer jusqu’en mai sans problème, on a un hangar plein. » Les futures opérations sont annoncées sur la page Facebook « Pomme de Terre Fontane ».