Àquoi ressemblera l’Hypercentre de demain ? À l’origine très minéral et urbanisé, avec une forte présence de la voiture, ce quartier est actuellement repensé par les architectes, les urbanistes, les paysagistes et les Saint-Quentinois. Ces derniers se sont mis d’accord, à travers plusieurs scénarios, sur un espace beaucoup plus végétalisé, où le piéton est roi. Ce sont les principales pistes de réflexion qui sont ressorties de l’échange en visioconférence, le 16 décembre 2020, entre les habitants de l’agglomération et les professionnels, pilotes du projet de réaménagement de l’Hypercentre de Montigny-le-Bretonneux.

Datant de la fin des années 70 et 80, cet Hypercentre s’étend de la gare de SQY à la place François Truffaut, en passant par l’avenue du Centre, du Pas du Lac, la place Georges Pompidou et le canal urbain. « [Cet espace] souffre d’un certain vieillissement ainsi que d’un problème de lisibilité et d’attractivité », pouvait-on lire dans l’Ignymontain de décembre 2019. Dans le même magazine, l’ancien maire de Montigny-le-Bretonneux, Jean-Luc Ourgaud (DVD), annonçait une volonté de restructurer et de renouveler les espaces publics et le centre commercial, afin de redynamiser le centre-ville (voir notre édition du 29 janvier 2020).

Cela fait donc un peu plus d’un an que les habitants, les paysagistes de l’agence Tn+ et les urbanistes de l’agence Fortier travaillent sur ce réaménagement qui a pris du retard en raison de la crise sanitaire. Seules des pistes d’avancement, « qui ne sont pas encore finalisées », tient à préciser Narjiss Berrada, architecte urbaniste à SQY et pilote du projet de réaménagement, ont pu être présentées en visioconférence le 16 décembre. « Les études techniques, qu’on a promis de faire, ne sont pas encore finalisées, à cause du Covid-19. […] Il y a des secteurs qui sont plus avancés que d’autres », insiste-t-elle.

Pendant la visioconférence (qui peut être revisionnée sur le site internet de l’Agglomération), les professionnels présentent donc aux habitants plusieurs scénarios de réaménagement pour chaque site de l’Hypercentre. Les urbanistes et paysagistes semblent avoir tenu compte des envies des habitants exprimées lors des deux précédents ateliers de concertation.

Ces derniers datent de début 2020, les participants avaient alors demandé la préservation du canal en y ajoutant plus de nature, la réduction du bassin Truffaut, la libération d’espaces pour les piétons, les terrasses et le théâtre, sur la place Georges Pompidou, la suppression de stationnements avenue du Centre, avec un élargissement des trottoirs et plus de plantations, fait la synthèse Jean-Christophe Nani, de l’agence paysagiste Tn+.

En premier lieu, trois propositions visant à réaménager la place Georges Pompidou sont donc exposées aux habitants. Cette place jugée « monumentale », « vide », « écrasante », n’accueille pas suffisamment d’usages comme des animations, selon le collaborateur de l’agence de paysagistes. Avec son hectare de surface, dont 98 % est minéralisé, ses 25 arbres et ses fontaines jugées défectueuses par Jean-Christophe Nani, la place Georges Pompidou doit retrouver du cachet.

En premier lieu, trois propositions visant à réaménager la place Georges Pompidou sont donc exposées aux habitants. Cette place jugée « monumentale », « vide », « écrasante », n’accueille pas suffisamment d’usages.

A donc été proposé un premier scénario visant à mettre en place « un parvis entouré d’arbres, et un carrefour changé avec une avenue réduite », pour redonner la place aux piétons, à la végétation et aux terrasses, explique le paysagiste. Deux grandes poches vertes sont également créées au milieu. Le professionnel propose d’animer le parvis avec des pièces d’œuvre d’art en face du théâtre, et de supprimer l’entrée du parking souterrain, afin de dégager la vue, notamment vers le parc des sources de la Bièvre.

Le deuxième scénario, choisi largement par 46 % des votants par un sondage, est très similaire au premier. La différence se fait sur sa végétalisation, plus importante. En plus, une grande pelouse destinée à l’événementiel est placée au centre de la place Pompidou.

Le troisième projet, plus hybride, a en revanche reçu beaucoup moins de votes. Il combine davantage l’aspect végétal et minéral, avec des sols spéciaux, des arbustes et des vivaces. Les habitants semblent en avoir assez du minéral.

Mais ce réaménagement ne sera pas simple. « On a des contraintes avec les parkings souterrains, qui ne permettent pas de faire tout ce qu’on veut. Et imaginer un grand parc est tout à fait illusoire. On peut planter mais sous conditions », relativise Jean-Christophe Nani. Un travail complexe attend donc les professionnels de l’urbanisme et les différents propriétaires impliqués.

En parallèle, les habitants s’inquiètent de l’augmentation du trafic, que pourrait générer la réduction des voies routières. Mais le maire de Montigny-le-Bretonneux, Lorrain Merckaert (DVD), leur répond que ce réaménagement incitera les automobilistes à tout simplement prendre un autre itinéraire. « Le principe étant qu’on reporte la circulation vers le Sud, explique-t-il. Pour dégager un espace plus large, qui est susceptible d’encourager la mutation de SQY Ouest et son ouverture vers l’espace public. »

Vient ensuite la présentation de la future place François Truffaut. « Cette carte postale » de Montigny-le-Bretonneux, comme l’appelle le paysagiste, connaît des problèmes d’étanchéité et d’approvisionnement en eau, sachant que les Saint-Quentinois souhaitent un bassin plus écologique. « L’équipement paraît dégradé », affirme Jean-Christophe Nani. Et sachant que le bassin occupe 32 % de la place et le canal 11 %, ce dernier n’est plus visible en raison de l’encombrement généré par les pots de fleur et les passerelles, analyse le paysagiste.

Un premier scénario propose donc un bassin surélevé et réduit, « flanqué de places vertes et de pelouses qui permettent de descendre pour rejoindre le canal », décrit le professionnel. Beaucoup plus d’arbres arborent et ombragent la place.

Le deuxième scénario, appelé canal amplifié, fait une connexion entre l’eau du canal et le bassin, à tel point que le bras d’eau s’étend sur la place Truffaut, faisant disparaître le bassin à part entière, qui n’est alors plus surélevé. « Vous avez l’idée d’un quai en fait, résume-t-il. Le bassin devient un grand plan incliné qui accueille des grandes pelouses, qui vont vers un espace qui est en eau, et qui sera à des rythmes différents. […] Le canal peut déborder sur l’espace. »

La troisième proposition représente plus un grand jardin, où l’eau et le vert sont plus généreux et occupent davantage l’espace, tout en laissant de la place aux piétons pour circuler et traverser.

Dans cette proposition, le canal très minéral, comme les Saint-Quentinois le connaissent, n’existe plus. Avec un jeu de terrasses successives, l’eau, en provenance du détroit élargi et naturalisé, rentre sur la place surélevée avec un bassin haut qui sera artificiel.

Mais c’est finalement le quatrième scénario qui emporte la plus grande adhésion des votants, même s’il ne reste qu’une piste de réflexion et ne fait pas office de décision définitive. Encore une fois, les habitants ont donc préféré une place entièrement naturalisée, « plus décoiffante dans la forme et la fonction, précise Jean-Christophe Nani. C’est vraiment une proposition qui vient en rupture par rapport à l’existant. »

Dans cette proposition, le canal très minéral, comme les Saint-Quentinois le connaissent, n’existe plus. Avec un jeu de terrasses successives, l’eau, en provenance du détroit élargi et naturalisé, rentre sur la place surélevée avec un bassin haut qui sera artificiel, selon les descriptions du paysagiste. Sans oublier la nature, toujours très présente, mais qui s’éloigne de celle d’origine, avec des fonctions écologiques et « eco-systémiques ».

Dans la continuité de la place François Truffaut, le canal, en amont comme en aval, a aussi été repensé. « Ce potentiel de promenade, de terrasses, d’animations et de nature » connaît aujourd’hui des dégradations liées au fonctionnement hydraulique, fondé sur le forage des sables de Fontainebleau. Ce dernier a vieilli et a une pompe qui « marche de moins en moins bien », affirme Jean-Christophe Nani.

Ainsi, un canal plus écologique et végétal est en projet. « L’idée serait qu’on puisse capter l’eau de pluie dans des réseaux souterrains, […] de l’amener dans le canal en amont, puis de la filtrer au travers de jardins filtrants, de stocker cette eau purifiée au niveau du bassin de Truffaut, détaille le paysagiste. Pour ensuite la faire rentrer dans un système qui sera le canal en aval ou le bassin sur la place (voir le quatrième scénario de la place Truffaut, Ndlr). » Mais l’aménagement du canal doit encore être approfondi en termes de scénarios. « On a encore des études à faire », clarifie le paysagiste.

Enfin, les potentielles futures avenues du Centre et du Pas du lac sont présentées comme étant plus végétalisées et avec moins de stationnement. La deux fois deux voies est réduite à une fois deux voies, ce qui permet la création d’une piste cyclable dans les deux avenues, l’élargissement des trottoirs, et donne la possibilité à de nouveaux commerces d’installer une terrasse.

À ces annonces, les internautes craignent un manque de stationnement. Mais Lorrain Merckaert les rassure encore une fois, en évoquant les 4 000 places de stationnement disponibles en sous-sol et gratuites pendant trois heures. Il rappelle également l’objectif de ce réaménagement : « Il y a un choix qui a été imaginé pour laisser moins de place à la voiture. […] On veut laisser de la place aux piétons et à la ville. » Suite à ces annonces, un calendrier sur l’état d’avancement du réaménagement de l’Hypercentre sera mis en place.

CREDIT SCHEMA : CAPTURE D’ECRAN YOUTUBE : SQY