Le projet du nouveau centre-bourg de Plaisir, a commencé à se mettre en place avec des études pré-opérationnelles pour le centre historique et le secteur de l’hôpital depuis 2019. Elles se sont déroulées sur une période de deux ans. Dans le cadre de ces études pré-opérationnelles, une balade urbaine et un « world café » avaient été organisés, toujours en concertation avec les habitants. En 2021, un travail d’étude a permis de réaliser une ébauche du projet.

La deuxième phase du projet de refonte intégrale du centre-bourg s’est poursuivie le mardi 8 février à l’occasion d’une réunion participative organisée à la Maison des sports, qui a réuni une soixantaine de personnes. Le centre-bourg correspond au centre-ville élargi, qui comprend notamment le centre historique de Plaisir, le centre commercial Pasteur, le marché, les terrains de l’hôpital Charcot et le très discret cours d’eau, le ru Maldroit, jusqu’au quartier du Valibout.

Un lieu de vie liant et lié

Étaient présents entre autres à cette réunion la maire Joséphine Kollmannsberger (LR), Pascal Cazals, directeur adjoint de l’aménagement du territoire à Saint-Quentin-en-Yvelines, Sylvain Huot, paysagiste, Narjiss Berrada, architecte et urbaniste, Yves Couloume, directeur chez Attica Urbanisme et Paysage.

« Le but de la réunion publique d’aujourd’hui, c’est d’arriver à un plan guide qui sera le fer de lance du projet. Cela peut prendre énormément de temps et ça se fera sur le long terme, entre 15 et 20 ans », annonce d’emblée Narjiss Berrada. « L’objectif de ce grand projet c’est que le centre-bourg redevienne un lieu de vie qui doit être liant avec le reste de la commune en optant pour des liaisons plus fluides et plus équilibrées. Il faut repenser le centre-ville par rapport aux manquements et donner une nouvelle cohésion à la commune », explique Pascal Cazals.

Deux phases distinctes ont constitué cette réunion. La première portait sur la présentation du projet global, par Yves Couloume et Narjiss Berrada, sous forme de « scénarios d’aménagement ». La seconde phase a pris la forme de trois ateliers pour réfléchir sur trois axes majeurs qui étaient la renaturation de la trame verte et bleue, la requalification des espaces publics et le renfort des polarités.

La maire avait expliqué au cours d’une précédente réunion datant de 2019 à laquelle La Gazette avait participé (voir notre édition du mardi 15 octobre 2019) : « Plaisir a la chance d’avoir un équilibre urbain/rural de très grande importance […], ce qui fait que notre priorité est la protection et pourquoi pas le développement de ces espaces naturels. Pour cela, il est important de prendre en compte différentes choses. » Des propos toujours d’actualité qui ont permis de guider les habitants dans leur réflexion.

Ce projet pharaonique concerne un territoire de 22 hectares. Il a donc été question de la renaturation de la trame verte et bleue avec le passage du petit cours d’eau, baptisé ru Maldroit, qui se verra changé et élargi avec la création d’un grand espace de promenade le longeant, le tout en travaillant sur les qualités environnementales. « Notre ambition est de bâtir sans consommer de nouveaux espaces naturels et agricoles tout en valorisant le potentiel des trames vertes et bleues que sont le ru Maldroit et l’Aqueduc, et en préservant le patrimoine historique existant », a expliqué la Ville.

Le cabinet d’architectes-urbanistes Attica qui réfléchit au projet a expliqué « vouloir relier le centre ancien aux quartiers Nord par une mise en continuité de tous les espaces verts existant aujourd’hui ». La volonté de créer des espaces de mobilités douces pour les piétons et les vélos était au centre de la présentation. « Une des propositions présentées, c’est de transformer certaines routes qui sont en double sens en sens uniques pour permettre la création de trottoirs et de pistes cyclables », a expliqué Yves Couloume.

Des ateliers centrés sur trois thèmes principaux

Le projet misera également sur la requalification des espaces publics avec la création de différents petits parkings d’une dizaine de places autour de la mairie et du château, et la création d’un parking souterrain d’une centaine de places à la mairie. « Concernant les commerces, il n’y aura pas de fermetures, uniquement des nouveautés », explique Narjiss Berrada. « Les jardins familiaux, chers à certains habitants, vont être réorganisés pour mettre en continuité les éléments entre eux », continue-t-elle.

Dernier axe de réflexion, le renfort des polarités avec notamment le remaniement des animations proposées dans le centre-ville. Les suggestions étaient axées sur la volonté de retrouver un esprit cœur de village, avec des petits commerces de proximité, qui irait de l’église Saint-Pierre jusqu’à la place du marché, qui est aujourd’hui « trop grande et mal exploitée », a conclu l’architecte.

Après la présentation du projet, c’était au tour des habitants d’agir et de réfléchir sous forme d’ateliers participatifs. Pour le premier atelier, centré sur la trame verte et bleue, les habitants se questionnaient sur la vue qu’ils auraient sur les futures constructions au milieu du paysage naturel, mais aussi sur la préservation des espaces de verdure.

« Au sujet de la trame verte et bleue, les espaces verts formeront une continuité. Il sera possible de se déplacer à pied partout grâce notamment à cette grande promenade imaginée. L’idée c’est de créer un grand espace qui formera une coulée nord-sud », a indiqué l’architecte. « Les constructions des nouveaux logements seront au cœur même du parc et non l’inverse avec des constructions d’architecture contemporaine », a précisé la Ville.

« Par ailleurs, la faune et la flore déjà présentes seront préservées. Les espaces verts seront vraiment le trait d’union de tout le projet. La présence d’une coulée d’eau est très importante, une des idées serait d’élargir les berges pour la valoriser ainsi que la biodiversité », explique Sylvain Huot à un groupe d’habitants réunis autour de la table où des photos d’espaces verts foisonnaient.

Pour l’atelier sur la requalification des espaces publics, deux scénarios d’aménagement étaient proposés aux habitants. Les Plaisirois(es) devaient lister les avantages et inconvénients des deux études proposées. Le premier scénario évoquait l’idée de repenser un nouveau cœur de village avec la création de trois places publiques et de rencontres pour les habitants avec une circulation pour la voiture réinventée, à l’instar de la rue Pasteur qui deviendrait une rue à sens unique.

Les habitants ont pu travailler sur trois ateliers différents afin d’imaginer ensemble le futur centre-bourg.

Des trottoirs seraient ainsi créés, ainsi qu’une piste cyclable, « afin de remettre le piéton au centre de la ville », a expliqué la maire lors d’un tour de table. 1 000 m² potentiels de commerces prendraient place dans ce nouvel espace. La halle du marché se verrait réaménagée pour plus de clarté et le marché forain serait maintenu.

Le deuxième scénario, quant à lui, a été axé sur la création de 1 750 m² de commerces avec un nouveau marché ainsi qu’un nouveau marché forain et la création d’un manège pour enfants. Dans les deux scénarios proposés, une ouverture végétale était mentionnée privilégiant les mobilités douces face à la voiture.

Sur la partie des constructions de logements, qui fait peur à bon nombre d’habitants, « l’idée qui ressort de l’atelier est de construire des petits immeubles pour laisser passer la vue sur le paysage végétal », a expliqué Yves Couloume lors de l’activité. « Mais vous allez raser ma maison ! », s’est exclamée une habitante. « Rassurez-vous, ce sont juste des scénarios d’aménagement, rien n’est encore acté ; c’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui, pour décider ensemble de la forme que prendra le projet », a rassuré Pascal Cazals.

Des habitants attachés à l’aspect environnemental

Le dernier atelier consistait à réaménager et à penser l’intégration des différents bâtiments dans le centre-ville à l’aide de Legos. « L’idée est d’identifier les hauteurs de construction et les espaces dégagés au sol. Soit on construit des bâtiments plus hauts pour avoir plus d’espace au sol, soit on limite la hauteur des bâtiments pour préserver la vue, mais la circulation au sol sera un peu réduite. Dans tous les cas, il n’y aura que de petites constructions discontinues, pas de gros bâtiments, a rassuré Narjiss Berrada. La vraie question à se poser ensemble ‘‘c’est quels bâtiments doivent prendre place dans ce projet’’ », complète l’édile.

Au terme des trois ateliers, le bilan dressé par les habitants a été une grande attente sur les enjeux environnementaux et un meilleur « accès à la nature pour tous ». Mais aussi sur les nouveaux commerces de proximité qui apporteront de la vie pour ce nouveau centre-bourg. Quant au bâti, la crainte a été partiellement dissipée sur les hauteurs des futures constructions.

En outre, la volonté de créer une circulation douce était également très attendue mais l’engouement sur la création des pistes cyclables n’a pas été partagé par tous les habitants, certains ont redouté une future gêne avec la cohabitation piétons-cyclistes « qui vont bien plus vite que nous », s’est exprimée une habitante. « Une nouvelle réunion devrait avoir lieu avant l’été 2022 où d’autres aspects seront abordés, notamment l’aspect financier », a précisé la Mairie.

CREDIT PHOTO 2 : VILLE DE PLAISIR