Malgré son imposante silhouette et ses lignes intemporelles, le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines (TSQY), au demeurant scène nationale, ne trouvait plus complètement sa place dans un Hypercentre de Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY) en pleine évolution. Après plus de 30 ans d’existence, le TSQY se devait de trouver un nouvel élan et une seconde jeunesse.
« Le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines souffre de plusieurs problématiques, explique Lionel Massétat, le directeur du TSQY. La circulation du public, un hall ne pouvant accueillir suffisamment de monde, une billetterie peu visible, pas vraiment d’accueil, une terrasse peu utilisable et des fauteuils de la grande salle qui ont trente ans. »
Le respect de l’œuvre de Stanislas Fiszer
À plusieurs reprises, des projets ont été évoqués au fil des années pour moderniser et agrandir le théâtre, mais aucun n’a jamais abouti. Ces dernières années, la direction du TSQY, l’agglomération de SQY, la ville de Montigny-le-Bretonneux et les autorités compétentes (à savoir le ministère de la Culture) se sont mises autour de la table et un projet a enfin émergé.
« La démarche a été de nous associer dès le départ au projet et nous avons pu rencontrer les cinq équipes qui étaient en concurrence. Et tout le monde, TSQY, élus et financeurs, [a] été unanime sur le choix », souligne Lionel Massétat, avant de poursuivre : « C’est le projet le plus intéressant économiquement, écologiquement, d’un point de vue pratique et architectural. Il répond au double questionnement de la place réelle du théâtre dans l’Hypercentre de SQY et de la préservation du bâtiment d’origine de l’architecte, le Polonais Stanislas Fiszer. »
L’agence Fagart & Fontana, qui a été choisie, met en avant que pour répondre à l’intégration du TSQY dans son environnement pour les 15 prochaines années au moins, elle a « imaginé une architecture engagée, polyvalente et responsable, […], une architecture légère inspirée de l’univers esthétique théâtral et forain, filiation à même d’incarner à nos yeux une version contemporaine, joyeuse et inclusive de l’institution culturelle », détaille-t-elle dans son livret de présentation.
Et l’agence poursuit son explication en abordant une question cruciale aujourd’hui, l’environnement et la sobriété énergétique : « Nous proposons également une architecture écologique, à l’intersection climatique de la ville et du théâtre qu’elle prolonge, évoluant au rythme des saisons. Il en ressort un projet écologiquement démonstrateur, offrant à la municipalité et aux utilisateurs un outil simple mais sophistiqué pour inventer des usages en adéquation avec la société et les enjeux climatiques. »
Et comme le soulignait Lionel Massétat, un effort particulier a été fait pour que l’œuvre de Stanislas Fiszer soit préservée. Le cabinet a donc basé sa proposition sur « la conscience des enjeux techniques, logistiques et économiques qui sous-tendent cette consultation. Nous l’avons voulue ambitieuse et réaliste : une architecture modulable et largement préfabriquée, adaptée au budget et permettant de phaser avantageusement le chantier. La possibilité de réaliser le projet dans le calendrier très ambitieux de la maîtrise d’ouvrage augmente considérablement ». « Le TSQY va devenir un véritable lieu de vie au cœur de l’agglomération. Le TSQY est ouvert à toutes et à tous et pas seulement aux spectateurs », conclut Lionel Massétat.
Une affirmation d’autant plus vraie que cette modernisation du TSQY s’inscrit dans le projet plus vaste de « révolution » de la place Pompidou, comme l’explique le maire DVD de Montigny-le-Bretonneux, Lorrain Merckaert. « Demain, la voie qui part vers le Pas du Lac sera une voie douce. Tous les espaces seront rendus aux piétons et permettront d’avoir des terrasses extrêmement généreuses pour les cafés et restaurants. La transverse permettra toujours d’aller vers le vélodrome ou de descendre vers l’avenue des Sources de la Bièvre et vers l’avenue Nicolas About, assure l’édile. Sur l’autre partie de la place, la circulation sera uniquement autorisée pour les personnes qui ont leurs parkings ici. De nouveaux espaces seront ainsi offerts aux piétons et permettront demain de faire des spectacles hors les murs avec le théâtre. »
Entre 5,5 et 6 millions d’euros investis
Les travaux doivent normalement débuter en mai ou juin de cette année. Ils devraient, si tout se déroule selon les projections établies, durer à peu près 14 mois. La livraison doit être effectuée pour la rentrée de septembre 2024 et le lancement de la nouvelle saison. Le coût des travaux est estimé entre 5,5 et 6 millions d’euros. En attendant, le TSQY restera fermé au public parce que les « deux salles seront totalement inutilisables », précise le directeur.
Une saison « hors les murs »
Les équipes ont donc anticipé et, pour ne pas rester inactives ou en télétravail durant toute cette période, elles ont imaginé et mis sur pied une programmation « hors les murs ». « Nous le faisons déjà avec Magny-les-Hameaux, avec Coignières, avec Guyancourt, avec les Clayes-sous-Bois, etc., rappelle Lionel Massétat. Nous allons du coup le faire à grande échelle, sur l’ensemble du territoire de SQY et notamment avec la salle Coluche, à Plaisir, ou la Merise, à Trappes. Nous allons monter différents partenariats. L’idée est également de prévoir une programmation en chapiteau et d’aller nous installer aux Mesnuls, à Dampierre, à Port-Royal et pourquoi pas sur l’île de loisirs. » Sans oublier le « TSQY en balade », ce qui représente entre 40 et 50 représentations hors des salles spécialisées comme les centres de loisirs, le Technocentre Renault (Guyancourt), la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy, etc. À ce jour, le TSQY ne compte pas moins de 150 partenaires. »
Pour rappel, enfin, le TSQY, scène nationale donc, est financé à la fois par l’État, la région Île-de-France, le département des Yvelines et l’agglomération de SQY.
CREDIT PHOTOS : fagartfontana