Ils voyaient pour certains leur activité repartir de l’avant, d’autres survivaient tant bien que mal. Quelles conséquences va avoir le reconfinement pour le monde de l’entreprise ? Les nouvelles mesures de lutte contre le Covid-19 prévoient notamment, comme en mars, une fermeture des commerces « non essentiels », comportant de nombreux secteurs d’activités qui risquent d’être durement pénalisés. Du côté des fédérations patronales yvelinoises, on s’inquiète fortement de l’avenir de ces professions.

« Cette deuxième vague va impacter encore plus les entreprises car elles ont été fragilisées pendant la première vague, confie Chantal Duval, déléguée générale du Medef Sud Yvelines. Elles sont reparties plus ou moins à partir de mai-juin, et là, [elles sont] à nouveau à l’arrêt pour certaines, donc ça va être très compliqué. » « Les entreprises avaient de l’espoir, en se disant ‘‘là, l’activité va repartir, [….] ça redémarre timidement, on peut espérer qu’à la fin de l’année ou tout au moins au premier trimestre 2021, on va refonctionner quasi normalement’’, ajoute-t-elle. Et là, patatras, tout se recasse la figure. »

Des aides vont être mises en place par l’État. Pas suffisant pour Chantal Duval. « Les dispositifs […] d’activité partielle, ça permet de tenir le coup, mais pour combien de temps ? Il y a quand même des charges fixes », souligne-t-elle. Elle évoque « un choc économique important » et n’y va pas par quatre chemins dans ses prédictions : « Quel que soit le niveau des aides gouvernementales, il y aura malheureusement, je le crains, beaucoup de faillites ».

« L’État a mis des gros moyens sur la table pour compenser cette situation. Malheureusement, quoi qu’on fasse, ça ne la compensera pas totalement, abonde Thomas Godefroy-Scola, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises des Yvelines (CPME 78). Après un an de mouvements sociaux, gilets jaunes, grèves de retraites et un premier confinement qui a duré 55 jours, c’est vraiment un coup dur, et, on espère, pas fatal pour les commerçants et les restaurateurs. » Il mentionne une étude de la CPME : « On a questionné nos adhérents, on a eu un peu plus de 1 000 réponses, et 52 % des entreprises du département déclaraient avoir un vrai risque de cesser leur activité avant la fin 2021 . »

Cet entrepreneur détenant deux agences d’assurances dans les Yvelines se dit néanmoins « conscient de la situation sanitaire », estimant qu’« il n’y a pas de bonne solution ». « J’ai mis un peu plus de 3 000 euros pour m’équiper en masques, en plexiglas, en gel (dans ses structures, Ndlr), fait-il savoir. Ma voisine, qui est libraire, a dépensé 1 500 euros, c’est dur derrière quand on leur dit qu’elle doit être fermée alors que la Fnac, un kilomètre plus loin, a le droit de rester ouverte.» Même si depuis, Fnac et grandes surfaces ont été contraintes de fermer leurs rayons livres face à la colère des libraires.

Thomas Godefroy-Scola se montre très inquiet « principalement pour le commerce de proximité ». Chantal Duval mentionne, elle, quatre secteurs pour qui la crise s’annonce particulièrement compliquée : le commerce, la restauration, l’hôtellerie, et l’événementiel. Elle s’attarde notamment sur ces deux derniers, qui peuvent en théorie rester ouverts, mais sont désertés. « Tous ceux qui ne subissent pas cette fermeture administrative, comme les hôtels, n’ont pas les mêmes aides et néanmoins ferment, car quand il n’y a pas de clients, ça coûte plus cher de laisser ouvert », explique-t-elle.

Dans ce marasme, Thomas Godefroy-Scola essaie « de ne pas voir tout en noir », évoquant les « moyens très forts déployés par l’État et la Région ». Il insiste aussi sur le rôle de la CPME, qui aide « les entreprises, et notamment les plus petites, qui n’ont pas de service financier et de ressources humaines, à savoir à quelles aides elles ont droit et comment elles peuvent le faire. Les aides bougent beaucoup et sont multiples, on en a recensé 445 différentes. C’est un véritable maquis de savoir qui fait quoi et quelles sont les conditions pour en bénéficier. »