Atika est à l’œuvre dans la salle Kobar au Scarabée, le 29 septembre, à La Verrière. À l’aide d’une machine à coudre, elle est à l’aise dans sa confection de masques en tissu pour les Verriérois. « Ça fait trois ans que je n’ai pas travaillé. C’est une occasion et comme j’ai déjà fait de la couture, je suis contente d’avoir un travail », lance-t-elle avec le sourire. Depuis le 23 septembre, ils sont 16 – 14 femmes et 2 hommes – à avoir été recrutés pour réaliser ce chantier d’insertion, en contrat à durée déterminée d’insertion, pendant quatre mois, rémunérés environ 860 euros net par mois.

Organisés conjointement par l’association d’insertion Equalis, l’agence d’insertion professionnelle Activity et la commune, ces chantiers visent à confectionner des masques en tissu pour la collectivité. C’est un des moyens pour les participants, qui sont demandeurs d’emploi longue durée ou bénéficiaires du RSA, de reprendre goût au travail, et de préparer leur futur projet professionnel.

Atika est heureuse de reprendre le chemin de l’emploi, et « de retrouver ses collègues, au lieu de rester seule à la maison. Ça fait du bien de ressentir le bien-être du vivre-ensemble et d’avoir des idées », se réjouit-elle. Alain a 30 ans et, lui aussi, participe au chantier d’insertion à La Verrière. « Le but, c’est de découvrir le monde du travail et d’avoir confiance en moi », confie-t-il.

Alors pour eux, ce chantier est surtout un tremplin, selon Samaïra Khalid, responsable du site des chantiers des Yvelines et Conseillère d’insertion professionnelle (CIP) chez Equalis. Leur projet professionnel n’a pas besoin de s’orienter vers la couture. « Je n’ai pas pris des profils couturiers. Ce n’était pas une condition prioritaire », explique-t-elle.

C’est pourquoi le chantier se divise en deux ateliers, trois jours et demi par semaine, du lundi au jeudi, soit 26 heures par semaine. Le premier consiste à se former au maniement de la machine à coudre. L’objectif étant de faire 10 000 masques en quatre mois. Puis le deuxième atelier, collectif, vise à leur enseigner « des codes de conduite et des techniques de recherche d’emploi, de travailler leur projet professionnel, énumère la CIP. On va aussi leur transmettre des règles de savoir-faire et [savoir-]vivre. »

Il existe aussi des ateliers français langue étrangère pour apprendre à ceux qui ont des difficultés, à lire et à écrire. L’objectif est qu’ils débouchent sur une formation, sur un emploi, sur un stage en immersion, sur une reconversion professionnelle ou encore sur de l’entrepreneuriat.

Alain, par exemple, souhaite devenir photographe. Cela fait deux-trois ans qu’il s’est lancé dans la photo. « Je pense partir sur de l’auto-entrepreneuriat, et en parallèle trouver un mi-temps, afin d’avoir du temps libre pour bosser la photographie », explique-t-il. Après une semaine de chantier, Atika se projette également pour s’orienter vers une formation dans l’esthétique. « J’ai déjà bossé dans le domaine de la beauté avant. Maintenant, j’aimerais travailler avec les mariées, et leur faire leurs soins du visage, leurs coiffures, leurs ongles, avec une mallette tout équipée », s’imagine-t-elle, déjà.

Mais tout le monde n’a pas encore les idées aussi claires. Victor, 34 ans, n’a pas travaillé non plus depuis trois ans. « Je veux découvrir un nouveau domaine », indique-t-il. Autrefois dans le bâtiment, il ne souhaite pas y retourner : « On va dire que j’ai eu ma dose. » Mais il ne semble pas savoir vers quel projet professionnel se tourner : « Je n’ai pas encore d’idée fixe », poursuit-il.

Les chantiers d’insertion gérés par Samaïra Khalid ont en tout cas donné des résultats dans les Yvelines. Comptez 50 % des participants qui ont repris une formation ou un emploi à la suite d’un chantier. À Vernouillet, par exemple, 70 % des contractants ont obtenu sur une formation ou un emploi.

Celui de La Verrière est le premier chantier dans la confection de masques en tissu au sein de l’agglomération. « On voulait en faire un à SQY, car sur certaines communautés, on a des personnes éloignées de l’emploi et La Verrière en fait partie », justifie Anne-Laure Gaugiran, chargée de projet dans l’insertion par l’activité économique à l’agence Activity.

Ainsi, quatre chantiers ont été lancés depuis mai dans les Yvelines, pour un budget s’élevant à 100 000 euros environ, selon Anne-Laure Gaugiran. Sachant qu’Activity finance la formation et les encadrants. L’Agglomération a financé le matériel, dont les machines à coudre et une partie de l’encadrement, toujours selon la chargée de projet. Equalis s’est occupée du tissu, des élastiques, des fers à repasser, des fils… Dans les prochains jours, elle compte lancer un appel aux dons pour récolter du tissu et des élastiques. Des matériaux qui coûtent relativement cher.