« Il s’agit de mettre le paquet pour rééquilibrer le rapport de force entre les locataires et les bailleurs. » C’est en ces mots que le nouveau maire de Trappes, Ali Rabeh (Génération.s), a résumé l’objectif du projet municipal « Défense des locataires ». Ce dernier a été présenté lors du conseil municipal du 28 septembre, qui a voté à l’unanimité le recrutement de nouveaux agents municipaux pour renforcer le service chargé d’accompagner les locataires confrontés à des problèmes d’insalubrité dans leurs logements.
D’après le maire trappiste, la Ville dispose à l’heure actuelle d’un seul agent pour répondre aux sollicitations des locataires, « faire des constats d’insalubrité et permettre d’engager toutes les démarches nécessaires pour faire valoir le droit des locataires ». Ali Rabeh juge insuffisant ce seul poste, pour « une commune de 32 000 habitants où 62 % des logements sont inscrits dans le parc locatif social, avec des difficultés importantes entre locataires et bailleurs ». D’autant que le nombre de « plaintes déposées auprès de ce service » aurait « progressé de 185 % entre 2010 et 2020 ».
« Certains bailleurs sont absolument indignes de leur statut de bailleur, tranche le maire de Trappes lors du conseil municipal, évoquant des logements rencontrant des problèmes d’humidité et de chauffage, de moisissures, des infestations de nuisibles ; qui ne seraient pas toujours résolus par les propriétaires, publics ou privés. La ville ne compte pas rester inactive. » Pour monter le projet « Défense des locataires », la municipalité veut donc recruter trois personnes supplémentaires dès le 1er novembre pour une durée de trois ans, reconductible trois années supplémentaires en cas de besoin.
L’objectif de ce service sera donc de lister « tous les logements insalubres, d’envoyer nos agents faire les constats d’insalubrité qui s’imposent, faire injonction aux bailleurs de réaliser les travaux et de ne plus louer les logements lorsque qu’ils ne sont pas salubres », détaille Ali Rabeh, qui n’exclut pas, « si nécessaire », d’aller « jusqu’au bout des pouvoirs de police » du maire et de « faire réaliser les travaux par l’autorité municipale, par la force, et les facturer ensuite au bailleur ». La Ville souhaite, avec ces agents supplémentaires, « apurer le stock des logements insalubres » pendant les prochaines années, pour ensuite n’avoir plus qu’à gérer les nouvelles situations qui se présenteraient.
Lors des échanges entre élus, Guy Malandain (DVG), l’ancien maire qui siège désormais dans l’opposition, a affiché une ligne moins frontale envers les bailleurs, même s’il a voté la délibération. « La relation entre une Ville et les bailleurs doit être une relation de partenaires, avec sa rigueur et ses exigences, mais pas une relation d’adversaires, nuance Guy Malandain. Les mauvais états des logements ne viennent pas toujours de la responsabilité du bailleur. […] Je voulais simplement signaler que sur les 13 bailleurs, il y a de nombreux bailleurs qui font bien leur boulot. »
« Vous avez tout à fait raison, concède Ali Rabeh sur ce dernier point. Il y a des bailleurs vertueux, et c’est pour ça qu’il faudra être sévère avec les bailleurs qui ne respectent pas la loi et la dignité des personnes. » Il estime par ailleurs que le projet « Défense des locataires » ne « dénature pas » la relation entre la municipalité et les bailleurs et ne « les oppose pas par principe ». Mais le maire se montre offensif envers « ceux qui savent être un peu plus fautifs, [qui ont] affecté des budgets d’investissement inférieurs à ce qui est nécessaire, ceux qui savent qu’ils facturent indûment des charges locatives à des locataires qui déjà doivent se serrer la ceinture pour assumer leur loyer » : « Ceux-là, effectivement, ont à craindre de la nouvelle relation qu’instaurera la ville de Trappes. »
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