Si certaines communes peuvent bénéficier de financements de l’État pour la réhabilitation de quartiers dans le cadre du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU), d’autres en revanche n’ont pas été retenus pour obtenir ces crédits. À Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY) par exemple, si La Verrière a été intégrée dans le NPNRU pour le quartier du Bois de l’étang (voir page 6), Élancourt ne l’est pas et a donc dû trouver d’autres solutions pour réaménager son quartier des Petits Prés.
La Ville s’est alors tournée vers le Département, au titre de la convention Prior’Yvelines (Programme de relance et d’intervention pour l’offre résidentielle des Yvelines), qui « propose un appui opérationnel et financier aux collectivités qui ont pour objectif de conduire à horizon 2024 un projet de développement résidentiel ou de rénovation urbaine ambitieux », indiquent les documents du conseil départemental. Dans ce cadre, le Département va injecter 22,9 millions d’euros pour les Petits Prés, sur un projet chiffré à environ 50 millions d’euros. Soit 45 % du coût total de rénovation de ce quartier classé Quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV), et où vivent 3 000 habitants, soit environ 12 % de la population totale d’Élancourt.
Les documents du Département dressent un diagnostic des problèmes que connaît le quartier des Petits Prés, évoquant « un quartier défavorisé malgré une localisation privilégiée ». Ils font aussi état d’un « taux de pauvreté [qui y] représentait 38 % en 2015, contre 11 % sur le territoire communal ».
L’éligibilité au Prior’Yvelines du quartier des Petits Prés a fait l’objet d’une convention portant sur la période 2021-2025. Convention engageant le Département, la commune d’Élancourt, SQY et les bailleurs sociaux des résidences du quartier, Seqens et 1001 vies habitat. « Le Département a décidé de faire de la rénovation urbaine une priorité et de mettre pour cela en œuvre tous les moyens possibles aux côtés des communes et intercommunalités afin d’introduire davantage de mixité sociale et d’égalité des chances, notamment par l’éducation, aux habitants de ces quartiers en difficulté », a affirmé Lorrain Merckaert (DVD), maire de Montigny-le-Bretonneux et conseiller départemental rapporteur de la délibération sur l’approbation de cette convention, en conseil départemental le 1er octobre.
Deux jours plus tôt, ce sont les élus d’Élancourt qui ont approuvé la convention, le 29 septembre donc, lors du conseil municipal. « Depuis des dizaines d’années, la municipalité, les acteurs publics et les bailleurs ont une volonté d’accompagner le réaménagement du quartier et d’améliorer les conditions de vie et le cadre de vie de ce quartier, a déclaré Frédéric Pélegrin, adjoint élancourtois à l’aménagement et à l’urbanisme, lors du conseil. Dans ce cadre-là, différentes démarches ont été portées depuis de nombreuses années pour des opérations d’aménagement de logements mais aussi de voiries. […] Le Prior’ a pour but de mettre autour d’une table les différents acteurs publics liés à un quartier pour s’accorder et monter un projet, pour une redynamisation. »
La réhabilitation de ce quartier s’articule autour de trois thématiques : le logement, les équipements publics et commerces, et les espaces publics et voiries. Sur le premier point, des interventions vont être réalisées sur les logements « en recomposant la typologie de logements », a évoqué Frédéric Pélegrin lors du dernier conseil municipal d’Élancourt. Le quartier compte environ 1 000 logements dont 740 sont des logements locatifs sociaux, soit 74 % du parc. Des démolitions sont à prévoir. Elles concernent 68 logements sociaux, répartis sur quatre bâtiments. Il s’agit des bâtiments numérotés 1,3, 4 (ce dernier partiellement), et 9.
Selon les documents de la convention Prior’, le bâtiment 1 « concentre des difficultés d’occupation, dégradation et de trafic », les bâtiments 3 et 4 doivent être détruits pour favoriser « une dédensification […] pour permettre de délimiter chaque ensemble bâti et pacifier le fonctionnement résidentiel », et le bâtiment 9 pour « permettre la relocalisation des commerces fléchés en démolition et la réorganisation de l’offre commerciale ». L’abattage de ces édifices doit permettre une « ouverture du quartier et la clarification de la trame des espaces publics de desserte interne », est-il expliqué dans les documents de la convention Prior’.
Outre la démolition, est aussi envisagée une réhabilitation de 162 logements et une résidentialisation de 442 logements, ainsi qu’une restructuration typologique de dix logements. Au total, la démolition des logements coûte 7,4 millions d’euros (14 % du montant global du projet), et la résidentialisation des 442 logements 5,5 millions (11 %).
Dans le cadre du projet, il est aussi prévu d’agir en matière d’espaces publics. Principale transformation : la fusion de l’école des Petits Prés et de celle des Boutons d’or. Cette dernière, située au Nord du quartier et qui compte trois classes, doit être démolie, tandis que l’actuelle école des Petits Prés, composée de 11 classes, subira une démolition/reconstruction, puisqu’un nouveau pôle éducatif mutualisé sortira de terre à sa place. Ce pôle sera constitué de 15 classes – six maternelles, sept élémentaires et deux classes réversibles – et doit voir le jour d’ici 2027. Une opération à 15 millions d’euros.
« Ce qui nous tient vraiment à cœur, c’est le regroupement des deux écoles qui sont dans un état épouvantable, et on va pouvoir faire une belle école pour que tous nos enfants soient bien et réussissent leur vie scolaire et professionnelle ensuite », a réagi, lors du dernier conseil départemental, Anne Capiaux (LR), adjointe à l’éducation à Élancourt et conseillère départementale.
Ces actions font partie du volet lié aux équipements, et qui s’articule avec un renforcement du pôle commercial du quartier, qui sera marqué par une démolition/reconstitution de certains locaux commerciaux qui « assurera l’ouverture du quartier via l’élargissement de son entrée en cohérence avec le projet urbain global », avancent les documents du Département. Dans ce cadre, est notamment prévu un prolongement de la rue Kepler sur 100 m.
Le vote de cette convention Prior’Yvelines pour les Petits Prés s’est effectué avec cinq abstentions dans les rangs de l’opposition au conseil municipal d’Élancourt. Catherine Perrotin-Raufaste (Génération.s) a ainsi évoqué des travaux qui « nous paraissent absolument nécessaires », mais a dénoncé « l’absence d’informations sur le relogement des 68 familles qui habitent les logements qui vont être détruits », et le fait que la majorité fasse voter « une demande de subvention, mais absolument pas participer à l’élaboration du projet » en tenant « l’opposition municipale écartée de toute information et de toute participation à l’élaboration d’un projet gigantesque pour la ville ». Michèle Rossi (LREM) a elle estimé que « les habitants, commerçants et parents d’élèves méritent de bénéficier d’une réelle concertation en les réunissant régulièrement […] et en les associant régulièrement au projet ».
« Bien évidemment qu’on va rencontrer des gens, a notamment répondu le 1er adjoint, Thierry Michel. Les locataires vont être reçus en réunion, nous serons présents, nous allons les accompagner dans ce projet. Il va y avoir une réunion publique, et nous allons informer la population. Mais on ne va pas faire qu’une réunion publique, on va faire un dossier qui va être remis dans les boîtes aux lettres. […] Régulièrement, nous informons la population, comme on l’a toujours fait. On répondra aux questions et aux interrogations sur ce projet. »
Concernant les interrogations sur le relogement des habitants concernés par les démolitions, il est précisé dans les documents du projet que « Seqens dispose d’un parc de logements [important] sur la commune d’Élancourt (824) et plus globalement sur l’intercommunalité (4 577), qui pourra être mis à disposition pour faciliter le relogement des locataires » et que le relogement commencera « dès la validation de l’opération et s’étendra sur 2,5 ans ». Les démolitions doivent intervenir en 2023 pour le premier bâtiment concerné – le 9 – et en 2024 pour les trois autres bâtiments. La livraison des autres opérations – réhabilitation et résidentialisation, démolitions et reconstitutions de commerces – doit s’étendre de 2023 à 2026. Le coût global du projet de rénovation urbaine aux Petits Prés s’élève à 52,5 millions d’euros HT. 45 % sont pris en charge par le Département, 16 % par SQY, 11 % par la commune d’Élancourt, 2 % par la Région, le reste étant financé par les bailleurs.