Alors qu’ils sont sur le point de traverser un passage piéton, les accros au téléphone portable peuvent télécharger une application qui les alerte quand le feu piéton passe au rouge. Amy, l’application pour les ‘‘smombies’’ contraction de smartphone et zombie, est disponible depuis cet été et devait être présentée aux Saint-Quentinois la semaine dernière à Montigny-le-Bretonneux. Mais son inauguration a été reportée.
La RATP, codéveloppeur avec la start-up Copsonic, a en effet lancé cet été une phase d’expérimentation sur le feu piéton, au niveau du carrefour Vauban, entre l’avenue du Centre et l’avenue Gustave Eiffel. Un lieu où le flux de circulation des piétons est important et les risques d’accident aussi.
« C’est un projet qui est né il y a trois ans. On observait de plus en plus d’accidents entre les tramways en mode silencieux et les piétons, car ils regardaient plus leur portable que la route », constate Benjamin Charles, chef de projet Amy à la RATP. La sécurité routière aurait également eu la même conclusion. « 500 piétons sont morts en 2018, rapporte le chef de projet en citant les chiffres de la sécurité routière. Elle pointe du doigt l’usage du téléphone. »
Alors, la création d’une application visant à prévenir le piéton du passage d’un feu au rouge, à l’aide d’une alarme, leur a semblé être une bonne idée. « Le smartphone prend toute l’attention du piéton, donc on a fait mettre l’alerte sur le téléphone. C’est le meilleur moyen », explique Benjamin Charles.
Après avoir fait des tests sur des bus et des tramways dans Paris, la RATP a décidé d’étendre l’expérimentation en intégrant la technologie dans un feu au pied d’un passage piéton. « [Ces derniers] sont intéressants, car on a repéré des endroits où il y a du danger », affirme le chef de projet. Un boîtier a donc été installé sur le feu piéton entre l’avenue du Centre et l’avenue Gustave Eiffel à Montigny.
Aussi appelé calculateur, il possède un haut-parleur qui émet un ultra son, capté par l’application. Celle-ci lance alors une alerte, visuelle, sonore ou par vibreur, afin de prévenir le piéton sur son portable. « C’est une aide pour que les piétons restent vigilants, mais on n’est pas là pour […] remplacer [la vigilance]. S’il y a une baisse de vigilance, l’appli fait un rappel à l’ordre », précise Benjamin Charles.
Pour aller plus loin, la RATP a déjà prévu de faire évoluer l’application, pour que le piéton n’ait plus besoin de télécharger Amy pour obtenir l’alerte. La prochaine étape est d’intégrer cette technologie dans les applications les plus utilisées, comme RATP, Deezer, WhatsApp, etc., comme le révèle le chef de projet. « Le piéton ne devra rien faire de plus », assure-t-il.
Autre évolution, le boîtier ne sera plus nécessaire. Étant donné que la majorité des feux possède déjà un dispositif de haut-parleur pour les non-voyants, la RATP réfléchit avec les entreprises de production, à intégrer la technologie directement dans le feu dès la conception, comme l’explique Benjamin Charles.
Une phase d’expérimentation a déjà eu lieu en début d’année, juste avant le confinement, à Vélizy. Elle n’a pas été longue, une semaine, mais « on a eu un bon retour du maire », avance le chef de projet. Des collégiens ont également pu tester l’application. Sachant que les établissements scolaires sont également la cible de ce nouveau service.
D’autres tests sont prévus à Mantes-la-Jolie et à Saint-Remy-lès-Chevreuses. Le groupe RATP effectue également des tests sur des véhicules autonomes, et sur les bus de la ligne 39 à Paris. Ce nouveau service sera à la charge des collectivités qui accepteront de l’implanter chez elles. Un coût qui devrait leur revenir moins cher qu’un accident de la route à assumer, si la collectivité est pointée du doigt, selon le chef de projet.