La nationale 10 bénéficiera-t-elle enfin d’un nouveau franchissement entre Maurepas et La Verrière ? Le réaménagement du carrefour de la Malmedonne, qui permettrait de relier la RD 213 à la RD 13 face à la gare de La Verrière est attendu depuis plus de 15 ans par les communes de Coignières, La Verrière et Maurepas. Mais il vient d’entrer dans une phase concrète avec le lancement de la concertation publique la semaine dernière. S’il reste à être définitivement validé, ce projet actuellement chiffré à 20 millions d’euros HT prévoit d’enfouir la RN 10 sur environ 350 mètres face à la gare, et de créer au-dessus un pont qui relierait les deux départementales. Le début des travaux est espéré pour 2024.

Il a été présenté au cours d’une réunion publique le jeudi 21 novembre à la mairie de La Verrière, à laquelle une trentaine de Saint-Quentinois ont participé. « Aujourd’hui, nous sommes très en amont du processus de construction d’un projet entier », rappelle Nathalie Degryse, responsable du service modernisation du réseau à la Direction des routes Île-de-France (Dirif), le maître d’ouvrage, qui dépend de l’État. Si des études restent encore à être menées, la Dirif a déjà travaillé sur plusieurs variantes du projet, « défini les grands [principes] de l’aménagement et commencé à dresser les coûts ». D’où le démarrage de la concertation.

Le carrefour de la Malmedonne – situé à l’intersection de Coignières, La Verrière et Maurepas – est le croisement de la RN 10 au niveau de la gare de La Verrière. De part et d’autre se trouvent la RD 213 côté Maurepas, et la RD 13 côté La Verrière, qui sont séparées par la nationale et ne permettent actuellement pas son franchissement. Les automobilistes sont donc généralement obligés de passer par le pont Schuler pour rejoindre la gare depuis Maurepas.

« La RN 10 supporte aujourd’hui un trafic de l’ordre de 52 000 véhicules par jour, avec au niveau du carrefour de la Malmedonne, au Nord, des entrées et des sorties possibles mais seulement au Nord, et au Sud une entrée et une sortie possibles mais seulement au Sud, rappelle la Dirif. Les études de trafic que l’on a conduit nous montrent qu’à l’horizon 2030, si rien ne change, de nouvelles zones de congestions vont apparaître aux heures de pointe au niveau du pont Schuler et des RD 213 et RD 13. »

Le réaménagement de la Malmedonne prévoit d’enfouir la nationale 10 face à la gare de La Verrière. Au-dessus, un pont permettra de rejoindre directement Maurepas à La Verrière.

Le projet rentre en effet dans un contexte plus large avec le doublement du pont Schuler, le futur réaménagement complet du pôle gare de La Verrière (voir La Gazette du 5 juin 2018), mais aussi la construction d’un nouveau quartier de 1 000 logements à La Verrière dans la Zone d’aménagement concerté (Zac) des Bécannes et plusieurs autres projets d’habitations à Maurepas.

Concernant les piétons et cyclistes, ils peuvent actuellement franchir la nationale grâce à la passerelle piétonne, mais certains la traversent directement de manière illicite, ce qui a notamment mené à deux accidents mortels impliquant des piétons entre 2006 et 2016. L’objectif du réaménagement de la Malmedonne est justement de remédier à toutes ces problématiques.

Après avoir écarté la création d’un rond-point au niveau de la Malmedonne car il aurait logiquement généré trop de bouchons, c’est sur un enfouissement de la nationale 10 que la Dirif a planché. Elle sera abaissée « de cinq à six mètres » par rapport à son niveau actuel sur environ 350 mètres de long. Au-dessus de la RN 10 enfouie, les routes départementales 13 et 213 seront reliées par un nouveau pont qui mènera jusqu’à la gare.

Ce dernier sera constitué de deux voies pour chaque sens de circulation, ainsi que d’un trottoir de quatre mètres de large pour les piétons et les cyclistes. Sur ce pont, de chaque côté de la nationale, la circulation sera régulée par des croisements à feux. Au Nord de la nationale, des contres-allées seront créées pour desservir les sociétés et commerces.

En résumé, ce réaménagement de la Malmedonne doit, selon la Dirif, « assurer la fluidité du trafic sur la nationale 10 » – car si son niveau est abaissé, sa capacité ne changera pas – « améliorer la lisibilité du carrefour », « créer des nouvelles liaisons actuellement inexistantes », et prévoir l’augmentation du trafic d’ici 2030 en le répartissant mieux. L’agglomération, ainsi que les maires des trois communes concernées, apprécient que ce projet approche de sa concrétisation et permette de recréer du lien entre leurs trois villes. « En ce qui concerne l’environnement et le paysage, on l’améliore puisque la RN 10 étant abaissée, elle se voit moins et est mieux intégrée dans la ville », poursuit la Dirif, concédant que l’opération ne devrait cependant rien changer au niveau de la qualité de l’air.

Pour le bruit, l’enfouissement de la nationale devrait permettre d’abaisser le niveau sonore le long de la RN 10 de « six décibels » selon la direction des routes franciliennes. Il devrait y avoir cependant plus de bruit le long de la RD 213 vu que le nombre de véhicules l’empruntant augmentera avec les nouveaux aménagements. Un point qui a justement inquiété plusieurs Maurepasiens, riverains de la route départementale en question. « Déjà, aujourd’hui, le bruit ce n’est pas possible… », regrette notamment l’une d’entre eux.

« Le long des RD 213 et RD 13, le projet amène une redistribution du trafic et une augmentation sur ces voies, ce qui est un peu l’effet recherché de faire une liaison, concède la Dirif, même si les études de bruit sur le sujet n’ont pas encore été menées. Mais l’obligation réglementaire […], c’est qu’à partir du moment où la hausse du niveau de bruit est supérieure à deux décibels, le maître d’ouvrage doit mettre en œuvre des mesures de protection. » Il pourrait s’agir de murs acoustiques ou de protection de façades pour isoler les logements, poursuit la Dirif, précisant qu’une hausse est perceptible « à partir de trois décibels ».

Pour permettre l’enfouissement de la nationale 10, la passerelle piétonne devra être démolie pendant les travaux.

Un autre point soulevé pendant la réunion publique a été l’avenir de la passerelle piétonne qui surplombe la RN 10 pour rejoindre la gare de La Verrière. Pour permettre l’enfouissement de la nationale, la passerelle devra en effet être démolie. Ceux qui l’utilisent jusque-là devront donc passer par le pont Schuler le temps des travaux, même si la Dirif a évoqué la possibilité d’étudier « des solutions alternatives comme la création d’une passerelle piétonne provisoire ». Une fois le chantier terminé, les piétons et cyclistes pourront cependant passer par le nouveau pont créé.

Concernant les prochaines étapes, même si le dossier est désormais bien lancé, l’État, en fonction des conclusions de la concertation, « prendra la décision de poursuivre ou pas le projet », indique la Dirif. « Si le projet se poursuit », l’année 2020 sera consacrée à l’approfondissement des études en vue d’une enquête publique prévue pour 2021. Pour voir le jour, le réaménagement de la Malmedonne nécessitera ensuite une Déclaration d’utilité publique. Le calendrier prévoit ainsi des travaux de 2024 à 2026.

Le projet retenu est chiffré à 20 millions d’euros HT. « Une partie du financement est déjà assurée par l’État, le Département et Saint-Quentin-en-Yvelines, à hauteur de 15 millions d’euros sur lesquels on s’est mis d’accord, annonce Nathalie Degryse. Il manque encore 5 millions d’euros aujourd’hui, c’est un travail à venir de refaire un tour de table pour boucler le financement. »

Les Saint-Quentinois peuvent continuer de s’exprimer sur l’aménagement prévu tout au long de la concertation qui dure jusqu’au 20 décembre. Ils peuvent le faire par courrier, courriel et sur les registres papiers dans les trois mairies et l’hôtel d’agglomération. Deux nouvelles réunions sont également prévues avec un atelier de travail à Coignières le 4 décembre, et une réunion publique de clôture de la concertation à Maurepas le 12 décembre.

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