L’idée est, c’est le cas de le dire, rafraîchissante. Elle provient de JCDecaux. Le géant de la publicité, dont le siège est situé à Plaisir, a installé depuis le 29 juillet à Montigny-le-Bretonneux, un abribus Fraîcheur naturelle. Situé entre la gare et le centre commercial espace Saint-Quentin, et opérationnel du lundi au samedi de 12 h à 18 h, il permet aux passants de venir s’asseoir en bénéficiant d’une sensation de fraîcheur en cas de fortes chaleurs.

« On a travaillé il y a un an sur l’idée d’apporter de la fraîcheur sous l’abribus pour les personnes les plus fragiles pendant le temps d’attente du bus, explique Sylvain Grandpierre, directeur des designs chez JCDecaux. On s’était mis comme condition préalable que ce rafraîchissement puisse être fait de manière totalement naturelle. »

Et ce, grâce à un procédé appelé rafraîchissement par évaporation. « On a retiré deux des trois glaces que vous avez sur le fond, et on les a remplacées par un ensemble d’abord constitué d’un composé en carton alvéolaire, détaille Sylvain Grandpierre. Ce carton, […] on vient lui mettre de l’eau […]. L’eau se retrouve dans une petite citerne située en-dessous. C’est une pompe qui vient arroser, pompe qui fonctionne grâce aux panneaux photovoltaïques positionnés sur le toit. »

Et de poursuivre : « Pour s’assurer que le rafraîchissement se fait bien sous l’abribus et non pas à l’arrière, on a positionné, derrière ce panneau alvéolaire, des ventilateurs qui vont pousser l’air qui, en traversant ce panneau alvéolaire, va créer ce principe d’évaporation de l’eau et apporter cette sensation de fraîcheur, […] qui au niveau du rafraîchissement, va varier en fonction de la température extérieure. Plus il va faire chaud à l’extérieur, plus on va rafraîchir. » Ainsi, le système, qui se déclenche grâce à un détecteur de présence à partir d’une température extérieure de 28 degrés, permet, par exemple, un différentiel de 3 à 4 degrés si celle-ci est de 30 degrés, de 5 à 6 degrés autour de 35 degrés, et d’environ 7 degrés lorsque la température atteint les 40 degrés.

Le tout, avec une forte dimension écologique, insiste JCDecaux. « On ne voulait pas faire un système énergivore, qui consomme de l’électricité ou utilise des gaz, affirme Sylvain Grandpierre. On voulait vraiment avoir quelque chose de neutre. Par exemple, nous voulons que l’eau qui servira sur ce principe d’évaporation soit l’eau de pluie récupérée pendant l’hiver : lorsqu’on viendra à installer cet équipement sur un abribus, on va positionner dans le sol, entre les fondations de l’abribus, une citerne souple qui permettra de récupérer les eaux de pluie sur le toit et qui iront directement dans cette citerne souple et que l’on va garder pour l’été. Grâce à la pompe, on viendra utiliser cette eau de pluie qu’on aura conservée. »

Un système voulu donc respectueux de l’environnement mais aussi « totalement sain » sur le plan sanitaire car « ce n’est pas une climatisation, ce n’est pas un système de brumisation », assure le directeur des designs. Il serait donc possible de s’asseoir en toute tranquillité et en toute sécurité sous cet abribus… où aucun bus ne s’arrête pour le moment, puisqu’il s’agit d’un prototype – le premier du genre dans le monde selon JCDecaux – et qu’il a été fait le choix de privilégier un fort lieu de passage piétonnier. « On pourrait très bien retirer un abribus dans la rue et mettre celui-là, mais on aurait eu moins de retours, car en ce mois d’août, les gens sont plutôt en vacances, donc on a préféré positionner cet abribus sur un lieu de passage important », avance Sylvain Grandpierre.

Ce qui permettra de recueillir l’avis des utilisateurs. JCDecaux a d’ailleurs lancé un sondage par QR code. Chez ceux que nous avons rencontrés, les sentiments sont partagés. « C’est très bien, juge Annie, Ignymontaine interrogée alors qu’elle venait de quitter les lieux. À chaque fois que je viens et qu’il fait chaud, je m’arrête. […] On sent vraiment le frais, on n’a pas envie de partir. » Une autre passante semble en revanche moins convaincue et estime que « c’est jeter de l’argent en l’air ».

Le coût, justement, Sylvain Grandpierre ne veut pas trop s’avancer dessus et précise que « pour l’instant, on est sur un coût qui est d’un prototype, fait unitairement ». Il souligne que « ce n’est pas représentatif d’une version tirée, tout va dépendre du nombre que les villes vont vouloir commander, […] mais ce qu’on a voulu faire, c’est un système qui soit peu onéreux ».

Il ajoute que cet abribus sera retiré fin août et rappelle que pour l’instant, « on est vraiment dans un cadre expérimental » avec pour objet de « vérifier si toutes les hypothèses théoriques qui prédisaient que ça allait fonctionner fonctionnent véritablement, et de faire des relevés de températures du rafraîchissement en fonction de la température extérieure ». Si l’expérimentation s’avère concluante, il espère implanter les premiers abribus de ce type « pour l’été de l’année prochaine ».

En attendant, celui de Montigny a néanmoins connu une petite mésaventure, puisqu’il a été tagué en fin de semaine dernière. Sur le tag en question, on peut lire « Des arbres pas des pubs » ou encore « Pas de ça à SQY », et distinguer le logo de l’association Extinction rébellion, alors que plusieurs organisations écologistes ou anti-publicité s’étaient montrées hostiles à l’implantation de cet abribus.