La salle du conseil municipal est comble ce vendredi 3 juillet à la mairie de Trappes. Le nouveau maire de la commune va être élu par les conseillers municipaux. Une soixantaine de Trappistes sont venus assister à la passation de pouvoirs entre l’ancien édile, Guy Malandain (DVG) et Ali Rabeh (Génération.s), le pressenti nouveau maire de la ville.

Avec un score de 40,40 % au deuxième tour des élections municipales, il a gagné 28 conseillers municipaux, contre sept pour Othman Nasrou (DVD) arrivé deuxième avec 37,18 %, alors que Guy Malandain a obtenu quatre sièges avec 22,40 %. Ainsi, sans surprise, Ali Rabeh est élu maire de Trappes par ses conseillers municipaux, avec 28 voix en sa faveur contre 11 voix pour Othman Nasrou, ce dernier ayant récolté les voix de la liste du maire sortant. Pendant son discours d’introduction, Ali Rabeh se voudra rassembleur, mais il ne parviendra pas à effacer toutes les tensions qui ont ponctué la campagne.

Guy Malandain semble faire le premier pas. Présent au conseil municipal d’installation, il avait pourtant émis un doute sur sa venue, à la suite des résultats du second tour des élections municipales. « Je ne me vois pas passer le relais comme ça, à quelqu’un que j’ai invité avec son copain Hamon à venir dans l’équipe pour terminer par une trahison », avait-il taclé, (voir notre édition du 30 juin 2020). Néanmoins, lui et son équipe ne resteront pas jusqu’au bout du conseil municipal d’installation. Alors qu’Ali Rabeh prend la place de Guy Malandain, qui dirigeait la commune depuis 2001, l’ancien maire est parti avant d’assister à la passation.

Ce dernier ratera l’hommage qu’Ali Rabeh lui rendra pendant son discours d’introduction. « Nous avons eu des désaccords. […] Mais j’ai beaucoup de respect pour Guy Malandain et peu d’hommes peuvent se targuer d’avoir appliqué deux lois pendant leurs mandats. […] Et personne ne peut contester son implication et je veux lui rendre hommage », clame-t-il face à l’audience.

Il poursuit ensuite son discours sur le ton du rassemblement et de l’apaisement. « Je souhaite que les échanges soient constructifs. […] Je crois en l’intelligence collective. […] J’attends les propositions des membres de l’opposition », annonce-t-il

Ces déclarations surprennent Othman Nasrou, qui se réjouit de ce discours. « Je suis heureux des mots de M. Rabeh ce soir. Des déclarations m’ont laissé craindre des tensions dans de précédentes allocutions. Mais ce que j’entends là me plaît davantage », déclare-t-il à son tour à l’audience. Néanmoins, Othman Nasrou n’oublie pas. Il rappelle au maire actuel son recours déposé devant la justice, contre certaines méthodes de campagne, qu’il a jugées « inacceptables » : « Mélanger la politique et la religion […] se faire traiter d’islamophobe, ça m’a blessé et ça n’aurait pas dû avoir sa place. […] Toucher à ce sujet tellement sensible m’a paru inadéquat », dit-il sur un ton calme.

Ces déclarations semblent mettre le feu aux poudres. Le nouveau maire de Trappes a immédiatement répondu avec fermeté à l’élu d’opposition, en mentionnant les travers d’autres méthodes de campagne. « J’ai fait l’objet de calomnies. J’ai été interpellé par des associations qui voulaient que je fasse des engagements à caractère religieux, certains l’ont fait. […] Je n’ai jamais cherché à mêler politique et religion. Je n’ai jamais engagé des tractages devant les lieux religieux. Je n’ai pas pris d’engagement auprès des communautés religieuses », assure Ali Rabeh devant les conseillers municipaux et les Trappistes.

Les tensions entre les deux hommes ne semblent donc pas près de s’estomper. Le nouveau maire de Trappes conclura la soirée par : « On a pris le pouvoir pour le redonner aux Trappistes. »