La crise sanitaire n’a pas rimé avec confinement pour tous les étudiants de l’UVSQ. Ceux de médecine ont été mobilisés auprès des malades du coronavirus. La Gazette a recueilli le témoignage de deux étudiantes. La première, Alix Auféril, est en 4e année. Elle a alterné entre trois hôpitaux des Hauts-de-Seine : Ambroise Paré à Boulogne-Billancourt comme infirmière dans un service Covid soins continus, Foch à Suresnes pour des gardes aux urgences Covid, et Poincaré à Garches pour lequel elle a travaillé en régulation dans la cellule Covid au Samu.

Et l’étudiante n’a pas compté ses heures puisqu’elle effectuait « trois fois 12 heures par semaine en tant qu’infirmière », « une garde par semaine aux urgences », et « deux journées de régulation par semaine au Samu », raconte-t-elle. En soins continus, elle recevait notamment des malades « après leur passage en réanimation », « ou on les renvoyait en réanimation, donc je n’ai pas eu de décès directement, mais j’ai eu quelques cas graves ».

Dans ce contexte, l’entraide au sein du personnel soignant a été primordiale. Un élan de solidarité qui a particulièrement touché la jeune femme. « Tout le monde était présent pour les autres en cas de difficultés psychologiques », évoque-t-elle. Ce qui a permis de rendre le quotidien « pas aussi horrible que l’on aurait pu l’imaginer, même si c’était très éprouvant », selon elle.

Cette bonne ambiance de travail a aussi permis de tenir face à l’éloignement physique par rapport aux proches. Car l’étudiante, qui vit chez sa mère, concède qu’elle avait « très peur de ramener quelque chose à la maison ». Autre difficulté : rentabiliser certains équipements. Elle précise notamment que ce sont « les surblouses qui ont le plus manqué ». Le manque de matériel, Claire Van Lambaart l’a surtout vécu lorsqu’elle a travaillé dans un Ehpad à Courbevoie. « J’y étais du 23 mars au 3 avril, et on n’était pas très bien protégés, il n’y avait pas de masques FFP2, pas assez de surblouses… », confie cette étudiante en 2e année.

Elle a ensuite exercé en avril à l’hôpital Foch, « et là pour le coup, on était très bien équipés », assure cette Chesnaysienne. « Nos stages ont été annulés, et on a eu la possibilité d’aller aider, poursuit-elle. C’était sur la base du volontariat, en tant qu’aide soignante et pas en tant qu’étudiante en médecine. »

Elle effectuait des journées de 12 heures en travaillant quatre jours par semaine, en réanimation. Donc auprès des cas les plus graves. Elle confie d’ailleurs avoir assisté à « pas mal » de décès, mais loue, elle aussi, l’entraide dans les équipes, qui a permis d’atténuer les moments difficiles, comme la mort, « notamment de personnes jeunes et sans antécédents ». Même si, pour elle, le pire a été l’Ehpad. « J’y étais dans la période où ils ne comptabilisaient pas encore les décès en Ehpad et ne testaient pas les personnes âgées, évoque-t-elle. Il y avait énormément de cas, et de voir ces personnes dont j’étais sûre qu’elles avaient le coronavirus et qu’elles décédaient de ça, et ne rien pouvoir faire pour elles, ça a vraiment été le plus dur ».

C’est aussi en Ehpad qu’elle pense avoir contracté le virus, avec des symptômes comme la gêne respiratoire, les douleurs thoraciques, la perte d’appétit, de poids, ou encore une forte fatigue. « Je me sens mieux, mais je ne suis toujours pas guérie. Ça fait 51 jours, et j’ai toujours, par exemple, pas de goût, pas d’odorat, et des complications liées au virus, expliquait-elle le 2 juin. Pourtant, je n’ai pas de facteur de risque particulier. »

Alix Auféril est elle aussi tombée malade au plus fort de la crise. « J’ai eu des tests négatifs, mais les médecins étaient formels quant au fait que c’était le coronavirus, affirme-t-elle. J’ai eu fièvre, maux de tête, j’ai fait des malaises à plusieurs reprises, j’ai eu des légères difficultés respiratoires, je ne pouvais pas me lever pendant cinq jours. »

La 4e année ajoute qu’il y a « eu quelques cas dans les étudiants en médecine, mais la plupart, ça n’a pas été très grave ». Elle a désormais repris son stage initialement prévu. « J’ai continué à côté au Samu, ajoute-t-elle. Maintenant, la cellule Covid est fermée, […] on continue à répondre au téléphone, mais on ne gère pas que du Covid. […] J’ai l’impression que l’on a moins d’appels concernant le coronavirus. »

Claire Van Lambaart, elle, révise des partiels qu’elle devait passer cette semaine. Elle espère que le pire est passé mais préfère « ne pas exclure » un nouveau pic « pour que les gens restent le plus vigilants possible ». Quant à Alix Auféril, elle pense que le deuxième pic « ne sera pas aussi important ». Les deux étudiantes savent qu’elles seront de nouveau en première ligne le cas échéant.

L’UVSQ a apporté sa contribution face à la crise

L’UVSQ a apporté sa contribution face à la pandémie de coronavirus qui a mis à rude épreuve le système hospitalier. Ce qui s’est notamment traduit par des dons de matériel des UFR de santé et des sciences et des laboratoires de l’université « aux hôpitaux Ambroise Paré, Raymond Poincaré, André Mignot et Poissy-St Germain, […], ainsi qu’à l’hôpital d’Antony », matériel comme des « charlottes, surchaussures, blouses jetables, boîtes de gants en latex et en nitrile (plus de 32 000), stocks d’éthanol ainsi que des lunettes et visières de protection », nous indique l’UVSQ par courriel.

Par ailleurs, plusieurs chercheurs de laboratoires de l’université « se sont mobilisés dans le cadre d’appels à projets de l’ANR (Agence nationale de la recherche, Ndlr) ou de projets sur fonds propres », notamment au sujet de la création et la réalisation de tests, fait aussi savoir l’UVSQ.

Enfin, le média étudiant en ligne de l’université, lancé en octobre dernier et qui compte 27 contributeurs, a largement traité l’actualité liée à la pandémie à travers ses contenus, puisqu‘« environ 50 articles » ont été publiés durant le confinement, selon l’UVSQ.

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