Depuis le lundi 2 novembre, tous les cours de l’Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) se font à distance comme au printemps dernier, indique l’établissement sur son compte Twitter. Cette mesure fait suite à l’annonce d’un reconfinement national par Emmanuel Macron, le 28 octobre, en raison de l’importante aggravation de la crise sanitaire. Mais cette décision n’est pas un si gros coup dur pour la vie étudiante, déjà sérieusement ralentie. Bridée depuis la rentrée de septembre, le couvre-feu de 21 h à 6 h n’a fait que la rendre plus inexistante.

Depuis la reprise des cours, les étudiants on dû dire adieu aux afterworks, aux Week-ends d’intégration (WEI) et aux autres soirées étudiantes. Interdisant tous les événement estudiantins, l’UVSQ a également réduit à dix le nombre de participants à des événements culturels, selon l’université, dans un mail envoyé à la rédaction.

Un coup dur pour les associations étudiantes, qui ont déjà vu leur forum associatif annulé. « Le mois de septembre, est un mois d’événements festifs et comme tout est annulé, les associations se creusent les méninges pour rebondir », témoigne Antoine Riffoneau, en master 2 et élu au conseil d’administration d’Interassos.

Alors certaines associations ont pensé à faire des parrainages à distance, au travers d’un questionnaire pour les futurs parrains et marraines des première année. « On est passés par Facebook. […] C’est pas comme avant. C’est une partie de nos traditions qu’on perd avec le Covid mais c’est préférable », tente de se rassurer Alix, une étudiante en cinquième année de médecine.

D’autres ont envisagé de faire des visites de musées pour les étudiants Erasmus ou des sessions de ramassage de déchets et des maraudes. C’est le cas de Juristribune, une association au sein de la faculté de droit et de science politique, qui avait prévu d’organiser des événements en lien avec le développement durable en novembre, selon son secrétaire général, William Bounatirou.

Alors cette vie étudiante ralentie, habituellement animée par les associations, affecte en tout premier lieu les première année, qui se voient privés de moments de rencontres, dans une période où les interactions sociales sont devenues compliquées. « Les distanciations sociales ne facilitent pas la prise de contact », témoigne Adrien Lafage, président d’Interassos et étudiant en licence 1 d’espagnol. Après avoir changé de cursus d’études, il a décidé de recommencer une première année dans une autre filière. « Je ne connaissais pas beaucoup de monde. [En cours], on ne peut pas parler avec son voisin, (en amphithéâtre et en classe, ils étaient installés un siège sur deux, Ndlr), raconte-t-il. C’est compliqué de tisser des liens. L’esprit de promo est mis à mal. »

Mais, contrairement à certains degrés, les première année avaient presque tous leurs cours en présentiel jusqu’au reconfinement. « À l’UFR des sciences par exemple, pour respecter les distances, tous les cours ont été dédoublés : à la place d’un amphi de 250 étudiants, il y a deux amphis de 125 jeunes », nous explique l’UVSQ. En revanche, les licences 2 et 3 dans la plupart des UFR suivent leurs cours magistraux à distance et leurs TD en présentiel, rendant ainsi difficile le croisement entre les différentes promotions.

Alors, si les étudiants n’arrivent pas à se rencontrer au sein de l’UVSQ, ils le font par les réseaux sociaux. « C’est assez étonnant. Les nouveaux étudiants parlent beaucoup sur les réseaux. Ils ont pris le relais (des associations, Ndlr) il y a une cohésion, ils interagissent beaucoup », observe le secrétaire général de Juristribune.

Autrement, ce sont les fêtes privées qui leur permettent de se retrouver ou de se rencontrer. « Les étudiants font des soirées même si les associations s’en dédouanent », clarifie le président d’Interassos, qui fait référence à des événements regroupant parfois entre 10 et 50 personnes en appartement, au début de l’année.

Et même après l’instauration du couvre-feu, qui a mis à mal le peu de vie étudiante qu’il leur restait, ils ont continué à se voir en dehors de l’université. Les étudiants sont allés dormir chez les uns et les autres. C’est le cas de Cassandre, en licence 3 de droit public et vice-présidente de Jursitribune. « Au niveau du quotidien, il y a moins de sorties. Mais on fait des soirées pyjamas à quatre, parfois », confie-t-elle, pendant le couvre-feu.

Alors que certains étudiants ont redoublé d’inventivité pour se voir, certains se sentent plus seuls, surtout depuis le couvre-feu. « [Ce dernier] a accentué l’isolement des étudiants », affirme Antoine Riffoneau. L’association réfléchit d’ailleurs à mettre en place des référents par téléphone, pour assister un étudiant qui serait en besoin de paniers repas.

Alix, l’étudiante en médecine, le ressent au quotidien. « Déjà qu’on avait du mal à voir les gens, mais là rester enfermé chez soi, bah c’est pas drôle. » Cassandre positive en revanche : « Ça va plus nous habituer à travailler, car il n’y a que ça à faire. » Alors qu’Antoine Riffoneau craint une augmentation du décrochage scolaire. Et le confinement national risque de ne pas arranger la situation.