Cela fait un peu plus d’un an que l’association Paris ouest étudiants en médecine solidarité (Poemes) a lancé son projet « précarité menstruelle ». Le 17 février, les étudiants membres ont enfin pu faire leur première journée de distribution de protections périodiques à prix libre dans la Maison de l’étudiant à Guyancourt. Seules les personnes menstruées en médecine à l’UVSQ sont concernées pour le moment. Mais une autre journée est prévue cette semaine à l’épicerie l’Agorae, à destination des étudiantes bénéficiant des paniers-repas.

« On a aussi voulu être écologiques »

Ce matin-là, pour la première fois à l’UVSQ, les personnes menstruées ont donc eu le choix entre un pack de six serviettes lavables faites à la main, une boîte de 20 tampons, une boîte de 14 serviettes jetables et une cup, pour un cycle, sachant que le prix est libre. Tous sont des produits bio et écoresponsables. « On a aussi voulu être écologiques », en plus de lutter contre la précarité menstruelle, informe Jean Rimlinjer, responsable du projet au sein de Poemes et étudiant en médecine.

Enfin abouti, ce projet remonte à l’année dernière. Deux étudiantes en médecine, Charlotte Laurent et Manon Viltard, à l’époque chargées du projet, avaient réalisé un sondage pour mesurer le niveau d’accessibilité aux protections périodiques auprès des personnes menstruées, étudiant à l’UVSQ. Les répondants étaient surtout des étudiantes en médecine à l’UVSQ.

Les résultats ont rendu compte d’une certaine précarité. « Il y a vraiment des étudiantes dans le besoin », constate Jean Rimlinjer. Bien que celles-ci restent minoritaires, avait nuancé à l’époque l’une des étudiantes en charge du projet. 20 % des étudiantes interrogées ont donc déjà bricolé leur protection périodique. 9,8 % ont déjà manqué les cours en raison d’une pénurie de serviettes chez elles, ou à cause de règles trop douloureuses. Et 9 % ont déjà dû faire un choix entre l’achat de produits de première nécessité et l’achat de protections menstruelles (voir notre édition du 18 février 2020).

Par la suite, Charlotte et Manon ont monté un dossier pour bénéficier d’un financement auprès d’une commission, permettant de financer des appels à projets, appelée Contribution vie étudiante et de campus (CVEC) du Crous. Grâce à cette dernière, elles ont obtenu 15 000 euros. Mais tous les participants au projet ne se sont pas arrêtés là. Ils obtiendront également un autre financement de la même commission en avril-mai, à hauteur de 32 000 euros, selon Jean Rimlinjer. La Fédération des associations générales étudiantes (Fage) accordera quant à elle 300 euros. C’est plus qu’espéré. 56 000 euros avaient initialement été demandés. Poemes s’en sort avec 60 000 euros de subvention.

Les subventions sont finalement toutes tombées en mai 2020, mais la crise sanitaire a clairement ralenti leur projet de distribution, initialement prévu en juin dernier. Puis, en raison du deuxième confinement, des partiels et des vacances, la distribution n’a pu se faire qu’en février 2021, selon le responsable du projet, juste au moment où l’UVSQ commence progressivement à accueillir à nouveau ses étudiants en présentiel.

Au total, l’association a donc en stock 1 500 packs de serviettes réutilisables, 500 boîtes de tampons, 1 000 boîtes de serviettes jetables et 1 400 cups. En plus, des machines à coudre et du tissu ont été achetés pour l’épicerie l’Agorae, afin de permettre aux personnes menstruées de réaliser elles-mêmes leurs protections périodiques. Mais ce service n’est pas encore disponible. « C’est encore en projet vu que l’Agorae vient juste de rouvrir, on espère pouvoir tout ramener bientôt », précise l’étudiant en médecine.

Poemes compte bien reconduire ce projet l’année prochaine. « On ne sait pas si on aura autant (en subvention, Ndlr) », pense-t-il. C’est pourquoi les protections périodiques sont à prix libre. « Ça servira à reconduire le projet et à le commencer peut-être plus tôt », poursuit-il. Dans le projet initial, ils avaient prévu de rendre les distributions gratuites.