« La situation en déconfinement n’est pas simple. On ne réfléchit pas au jour le jour mais plus à la demie-journée. Le confinement était brutal mais plus simple », constate Marie-Hélène Carabantes, directrice générale des services de l’Île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines. Située à Trappes, elle a rouvert officiellement le 30 mai, suite aux annonces du premier ministre Edouard Philippe, le 28 mai, qui stipulaient notamment la réouverture des parcs. L’Île de loisirs autorise donc à nouveau les balades pour les piétons. En revanche, les véhicules, les barbecues et les pique-niques sont interdits. Aucune activité n’a repris pour le moment, à part le golf et le centre équestre, qui ont reçu l’accord du préfet pour reprendre leur pratique, sur réservation.

« On revit un peu, on reprend l’activité mais elle est moindre », nuance Marie-Hélène Carabantes. Selon, elle, l’Île de loisirs n’a pas fait 100 % de son chiffre d’affaires. Le montant de ses recettes est même au niveau zéro. Pourtant, la période d’avril à juin représente habituellement 50 % de ses recettes sur l’année. L’Île de loisirs semble donc passer à côté de sa saison et cela pourrait avoir des conséquences sur la reprise de toutes ses activités. « Notre saison est déjà bien entamée. […] Économiquement, ça ne va pas changer si on rouvre », reconnaissait la directrice, jointe avant que l’Île rouvre.

Cette situation est d’abord le résultat de nombreuses annulations d’événements. Le festival Pulsations a été reporté à 2021. L’accueil de l’ÉcoTrail Paris a également été annulé début mars. Beaucoup d’événements d’entreprises prévus en mai, juin et septembre ont été supprimés, tout comme le Trophée des entreprises qui n’a pas eu lieu le 28 mai. Autre exemple, les groupes scolaires, faisant également partie intégrante du public habituel de l’Île, ont vu leurs visites suspendues.

Toutes ces annulations auront des répercussions sur le parc, qui est également une réserve naturelle. « Si l’accueil des publics baisse, la fréquentation va baisser, on sera moins connus et donc il y aura un impact sur notre fonctionnement », résume Marie-Hélène Carabantes. D’autres activités sont pour l’instant à l’arrêt. Le parcours accrobranche est fermé. « Il n’a pas fait la moitié de la saison », souligne la directrice. Pourtant, l’équipe en charge ne s’est pas arrêtée pendant le confinement. Elle a continué d’entretenir le lieu et de préparer la saison.

Elle n’est pas la seule. D’autres équipes ont continué de travailler sur le terrain pendant la période de quarantaine. « Il fallait maintenir des activités de soins, comme l’entretien de la ferme pédagogique, du centre équestre. Les 600 ha nécessitaient de l’entretien. Une équipe sur place s’occupait en plus de sécuriser l’espace », explique la directrice.

D’autant plus que l’hébergement et la restauration ont rouvert pendant le confinement, avec l’arrivée des enfants de l’aide sociale à l’enfance. « Ça a été une bouffée d’air pour eux et pour nous, pour l’équipe de restauration et de ménage », raconte Marie-Hélène Carabantes. Ces enfants, qui sont venus par groupes de 15 par semaine de la mi-avril au 11 mai, ont pu profiter du mini-golf, du vélo, ou encore des balades autour de l’étang.

Cette parenthèse s’étant finie au moment du déconfinement, la reprise des activités semble représenter un point d’interrogation. « Les contraintes liées à la réouverture ne vont pas nous permettre de rattraper notre retard. Il faudra qu’on se pose la question de la réouverture de certaines activités comme la location de bateaux », indique la directrice, en faisant référence à la désinfection après chaque passage des embarcations. « Certaines activités seront peut-être compliquées à mettre en œuvre », reconnaît-elle.

La restauration fait aussi partie de ses inquiétudes. « C’est possible que cela n’en vaille pas le coup, révèle la directrice. [Le restaurant] n’a pas de trésorerie suffisante pour se relever. C’est possible qu’il ne rouvre pas. » Mais l’Île de loisirs, elle, devait rouvrir. C’est ce que souhaitait Marie-Hélène Carabantes. Selon elle, c’était d’une importance d’ordre « psychologique ». « L’Île de loisirs doit rester un lieu de balade, d’activités, une destination pour se promener et faire du sport, souhaitait-t-elle avant sa réouverture, et consciente que les rassemblements seront difficilement gérables. Elle doit être rendue au public, même si c’est sous une autre forme. »

D’ailleurs, si des activités parviennent à reprendre en juin, cela donnera lieu à des recrutements saisonniers, qui n’ont pas pu se faire début mars, annonce la directrice générale des services.

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