Depuis mars, c’est portes closes pour les théâtres, salles de concert et plus généralement pour les équipements culturels suite aux fermetures décrétées par l’État pour lutter contre le coronavirus, et ceux de SQY ne font pas exception à la règle. La programmation culturelle s’est brusquement arrêtée, laissant les différentes salles de l’agglomération au dépourvu. Comme le Théâtre de SQY (TSQY), à Montigny-le-Bretonneux, frappé par la situation alors que se profilaient les rencontres InCité, prévues du 14 au 21 mars.

« 20 spectacles et 45 représentations ont été impactés, indique le directeur du TSQY, Lionel Massétat. La moitié ont été reprogrammés la saison prochaine ou la saison suivante, et l’autre moitié annulés. Mais il n’y a pas que les spectacles. 50 % de notre boulot, c’est aussi un travail de terrain dans les quartiers, dans les hôpitaux, … C’est aussi un gros projet participatif que l’on a chaque année et qui impliquait 200 ou 300 heures de travail avec 320 participants. »

« On pense à notre public, surtout que l’on avait une très belle saison et un très beau taux de remplissage. Sur cette saison, on allait recevoir 15 000 personnes », confie Francis Costard, directeur-programmateur à la Merise, à Trappes, où était notamment prévu le concert de Skip the use, reporté au 16 octobre, comme « 95% des spectacles » de l’établissement qui restaient encore à la programmation.

Dans d’autres salles, les choses ont évolué encore plus brutalement. « Le 13 mars, on devait accueillir Les crapauds fous (une pièce de théâtre, Ndlr), qui était en plein montage, le décor était sur scène, et à 15 h, on a décidé de ne pas faire la représentation et on a reporté la date à la saison prochaine », raconte Florence Camoin, directrice du Théâtre espace Coluche (TEC) à Plaisir. Elle ajoute qu’ « une dizaine » de spectacles ont été touchés par l’arrêt de la programmation.

Dans les plus petits théâtres, du fait d’une programmation moins dense, les conséquences sur le calendrier ont été moins importantes. D’une capacité de 400 places, – contre 1 000 pour le TSQY, 868 pour le TEC et 850 à 1 200 pour la Merise – le théâtre Daudet de Coignières n’a dû annuler ou reporter « que » trois dates, son directeur François Guillon, indiquant que les pertes économiques pour ces trois événements se chiffrent à 10 000 euros. Loin malgré tout des « 20 000 à 50 000 euros à minima » au TEC d’après Florence Camoin ou du manque à gagner pouvant atteindre « 50 000 euros si les gens se faisaient rembourser tous les billets » à la Merise, selon Francis Costard, qui précise d’ailleurs que les spectateurs ont « trois choix : soit ils gardent leur billet et il sera valable pour le report, soit on permet à des gens, si les dates ne leur conviennent pas, de reprendre un autre spectacle de la saison, soit on rembourse intégralement. »

La facture risque d’être encore plus lourde au TSQY. « Les recettes pour un théâtre comme celui-ci, c’est chaque année aux alentours de 700 000 à 800 000 euros, fait savoir Lionel Massétat. Mais l’impact qu’on ne peut pas mesurer, c’est le manque à gagner. Par exemple, on a arrêté la programmation le 16 mars, et on a environ 15 000 places à rembourser. Mais [d’autres] places auraient continué à être achetées jusqu’au dernier spectacle et jusqu’au dernier jour du dernier spectacle. »

Les salles comptent donc énormément sur les aides financières. Au TEC, Florence Camoin affirme ainsi que « le budget du théâtre va être augmenté » par la Ville, tandis que du côté du TSQY, Lionel Massétat juge « extrêmement rassurant » le fait que les partenaires – SQY, le Département, la Région et le ministère de la culture – aient «  maintenu leurs aides pour 2020 ». Sans oublier le chômage partiel, dont ont bénéficié les 24 salariés de ce théâtre.

Tous attendent avec impatience de savoir quand ils pourront redémarrer leur activité, dans des conditions qui les obligeront probablement à redoubler d’ingéniosité. Lionel Massétat insiste par exemple sur l’importance de « réinventer un rapport au public ». S’il évoque quatre scénarios de reprise – ouverture en octobre normalement, ouverture en novembre, décembre, janvier voire février normalement, ouverture dès septembre mais dans le respect de la distanciation, ou ouverture en janvier mais avec en plus des restrictions sanitaires – il se montre prudent car pour lui, « il y a tellement de scenarii possibles qu’on ne va pas passer une semaine sur chacun pour au final n’en avoir aucun qui sera validé ».

« On essaiera de s’adapter à ce qui sera en vigueur, avance de son côté François Guillon. Si les salles sont permises jusqu’à 100 personnes, on verra quel type de spectacles on peut faire. » De son côté, la Merise « est en train de rédiger un protocole d’accueil » sanitaire, annonce Francis Costard, évoquant par exemple la possibilité de condamner un rang sur deux pour respecter les distances entre les spectateurs.

« On est un gros théâtre, donc réduire la jauge de moitié, c’est réalisable, assure quant à elle Florence Camoin à propos du TEC. Mais pour des spectacles qui coûtent cher, pour lesquels, financièrement, ça va être compliqué [si la salle n’est pas pleine], on reportera. Et si les jauges sont très limitées, on envisagera des plus petites formes. » Lionel Massétat semble plus dubitatif : « Dans une salle de 1 000 places, ne pouvoir accueillir que 200 spectateurs, ça a aussi un impact financier non négligeable. Et le directeur du TSQY de résumer : « On se prépare à toutes les hypothèses, mais pour l’instant, on attend du concret. »

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