Le déconfinement serait-il sous le signe du vélo ? Des communes au gouvernement, en passant par l’Agglomération, le Département et la Région, toutes les collectivités multiplient les annonces de nouveaux aménagements cyclables afin de favoriser la pratique du deux-roues. Cela doit permettre de désengorger les transports en commun et d’éviter le recours à la voiture individuelle. Déjà dotée de 420 kilomètres d’itinéraires cyclables, Saint-Quentin-en-Yvelines envisage ainsi d’étendre son réseau avec des aménagements provisoires. Quatre grands axes parcourant l’agglomération doivent ainsi être constitués courant juin. Et certaines villes sont aussi en train de créer des pistes cyclables temporaires sur les voiries communales.

Dès la fin avril, l’Agglomération avait annoncé dans un communiqué qu’une étude était « en cours pour une possible ouverture des axes routiers aux cyclistes et permettre une mixité des usages, en bonne intelligence ». Cette étude technique a récemment pris fin et permis de définir ce qui allait pouvoir être fait pour les vélos. « On a déterminé quatre lignes qui maillent le territoire, ça fait à peu près 45 kilomètres », annonce Emmanuel Veiga, directeur des mobilités à l’Agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines. L’objectif affiché est de « renforcer la pratique du vélo en cette période de pandémie ».

Le plan détaillé de ces quatre lignes cyclables – nommées A, B, C et D – devrait prochainement être communiqué. Mais selon le directeur des mobilités de SQY, la ligne A permettrait de relier à vélo Montigny-le-Bretonneux, la gare de Plaisir-Grignon et celle de Villepreux-Les Clayes. La ligne B irait de Montigny-le-Bretonneux à la zone d’activité de Trappes-Élancourt.

La ligne C permettrait de joindre Montigny-le-Bretonneux au Mérantais situé à proximité du Golf national, ainsi qu’à Magny-les-Hameaux, « en s’appuyant sur les lignes livrées l’année dernière et le CV7 », précise Emmanuel Veiga. Enfin, la ligne D irait de Montigny-le-Bretonneux à la gare de La Verrière, en passant par Trappes, Élancourt, Maurepas et le pont Schuler.

« On va s’appuyer sur des tracés existants, et pour des secteurs moins confortables pour les cyclistes, soit on va renforcer le jalonnement vertical et horizontal (le jalonnement horizontal est le marquage au sol, et le vertical désigne les panneaux de signalisation, Ndlr), soit aménager des éléments de pistes provisoires un peu plus élaborés », explique Emmanuel Veiga.

La municipalité des Clayes-sous-Bois va instaurer une limitation de la vitesse à 30 km/h dans une dizaine de rues ou portions de rues.

D’après ce dernier, sur certains axes, une voie de circulation sera par exemple réservée provisoirement aux bus et aux vélos. Ce devrait par exemple être le cas pour le boulevard Guy Schuler à Maurepas et ce jusqu’à Élancourt, et dans la zone d’activités de Trappes. Les premières études techniques venant de s’achever, les aménagements devraient rapidement voir le jour. « On envisage le déploiement progressif des pistes à partir de début juin, et progressivement pendant tout le mois de juin », prévoit le directeur des mobilités de SQY.

Si l’Agglomération envisage de réduire provisoirement la place de la voiture, c’est en raison d’une circulation actuellement réduite. « Pour le moment, on a une très importante pratique du télétravail dans toutes les entreprises, notamment de Saint-Quentin-en-Yvelines. Globalement, on circule bien », observe Emmanuel Veiga, précisant qu’avec un retour à la normale, certains aménagements pourraient difficilement être conservés.

C’est pour cela que les aménagements de l’Agglomération, comme des autres collectivités, sont décrits comme « temporaires ». « Ça n’a pas forcément vocation à perdurer […]. Ça a été prévu dans la logique du Covid-19, et on peut espérer que si on a un retour ‘‘à la normale’’, ce dispositif exceptionnel se justifierait moins, confirme Emmanuel Veiga. Après, rien n’empêche que, par exemple pour le jalonnement au sol, si des choses se confirment comme intéressantes à maintenir, on les maintienne. On verra au cas par cas. »

Les déplacements à vélo des Saint-Quentinois devraient en tout cas être simplifiés pour les mois à venir. Justement, l’association VéloSQY, qui promeut les circulations douces, avait interpellé l’Agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines et ses 12 communes fin avril. « Pour assurer la sécurité sanitaire » alors que le déconfinement approchait à grands pas, VéloSQY proposait différents aménagements provisoires ayant pour objectifs « de favoriser et développer les déplacements à vélo, une circulation générale apaisée et des déplacements à vélo inter-communes sur des axes sécurisés », précise l’association dans son communiqué.

Parmi ces aménagements proposés par VéloSQY, plusieurs trouvent écho dans ceux que va réaliser l’Agglomération. La proposition faite par l’association de généraliser la limitation à 30 km/h, comme c’est le cas dans presque toutes les rues de Villepreux, ne semble cependant pas réalisable dans la plupart des communes dans d’aussi courts délais. VéloSQY rappelait que cette mesure aurait l’avantage « de limiter la consommation des véhicules motorisés » et « de pacifier la voirie pour faciliter et encourager les déplacements à pied et à vélo, en sécurité ».

Selon les informations dont La Gazette dispose au moment de la mise sous presse de cet article, seule la municipalité des Clayes-sous-Bois va instaurer une limitation de la vitesse pour les automobilistes à 30 km/h dans une dizaine de rues ou portions de rues. « Comme dans pas mal de villes plus ‘‘historiques’’, les routes sont assez étroites [et] ne nous permettent pas toujours de pouvoir faire des pistes cyclables, explique la maire de la commune, Véronique Coté-Millard (UDI). C’est pour ça qu’on a opté, pour favoriser les déplacements à vélo et dans la dynamique des pistes cyclables temporaires pour la période du déconfinement, d’organiser plutôt des voies partagées. »

Ces rues en zone 30 viendront poursuivre les pistes ou bandes cyclables déjà existantes afin de mailler la commune. « Le but est de pouvoir rejoindre en vélo les parcs, la forêt, les commerces ou la gare, résume la maire. L’expérimentation est prévue pour une durée de six mois pour l’instant. » Cette mesure vient compléter les aménagements qui seront réalisés par l’Agglomération (dans chaque commune, les voiries sont gérées par la Ville, l’Agglomération ou le Département, Ndlr). D’après Véronique Coté-Millard, 4 kilomètres d’itinéraires temporaires au total vont ainsi être réalisés aux Clayes-sous-Bois. De plus, une étude serait en cours avec le conseil départemental concernant la RD11, pour qu’une voie y soit réservée aux vélos.

Du côté de Villepreux, dans la continuité de la démarche « Ville 30 », la municipalité met en place un plan nommé « Vélorue ». Il commencera dès juin, avec des marquages au sol et panneaux installés jusqu’au 12 juin dans les rues sélectionnées pour faire partie du dispositif. Dans ces rues, les vélos seront prioritaires et « les dépassements de cyclistes par les automobilistes y seront donc interdits », indique Villepreux sur son site internet.

Par ailleurs, les aménagements prévus par l’Agglomération ont logiquement été pensés pour être en cohérence avec la réalisation du RER Vélo, ou RER V. Ce projet d’itinéraires cyclables a été imaginé par le Collectif vélo Île-de-France et permettra de relier les grands pôles régionaux grâce aux pistes existantes ou à la réalisation de nouvelles. À Saint-Quentin-en-Yvelines, le réseau définitif permettrait de relier La Verrière, Trappes et Plaisir, vers Saclay ou Versailles, jusqu’à Paris.

Courant avril, la Région Île-de-France s’est engagée à financer le RER V à 60 % et « est prête à mobiliser jusqu’à 300 millions d’euros ». La réalisation du RER V est prévue en deux phases, avec une première d’ici 2025 comprenant notamment les tracés de Saint-Quentin-en-Yvelines, puis une seconde d’ici 2030. « Afin de faire du vélo un mode de déplacement à part entière dans le cadre du déconfinement, la Région vise la réalisation de plusieurs lignes provisoires très rapidement, par des aménagements souples et légers permettant de préfigurer le réseau définitif », indiquait le communiqué de la Région.

Alors que le nombre de cyclistes pourrait augmenter avec tous ces aménagements ou aides financières (voir page 5), la sécurité n’est pas oubliée. Emmanuel Veiga annonce que l’Agglomération a acheté 6 000 gilets et brassards qui seront distribués aux Saint-Quentinois par les communes ainsi qu’à la Vélostation de la gare de Montigny-le-Bretonneux. Vélostation qui, d’ailleurs, depuis sa réouverture fin avril, accueille les usagers sur rendez-vous pour proposer de la location, réparation et consigne de vélo.

CREDIT PHOTO RER VELO : INSTITUT PARIS REGION