Le vélo dans l’agglo, encore un peu de chemin à parcourir

Saint-Quentin-en-Yvelines place forte du vélo ? Du côté de l’agglo, qui vient de recevoir le label UCI Bike City, on assure avoir déjà beaucoup œuvré pour favoriser le déplacement des cyclistes, et on se montre très ambitieux pour l’avenir, en dépit d’un développement encore fragile et inégal sur le territoire. « Il y a une grosse mobilisation pour attirer le plus large public sur la pratique du vélo, affirme Véronique Coté-Millard, maire UDI des Clayes-sous-Bois, en charge des mobilités à SQY. Un des objectifs de SQY est de faire passer sa part modale de déplacement à vélo de 2 à 4 %. »

« Actuellement, on a environ 400 kilomètres d’itinéraires cyclables, indique également l’élue. Cette année, un peu plus d’1,5 kilomètre ont été rénovés, et presque six kilomètres remis en état sur le territoire. » L’inauguration de l’axe reliant Trappes et Élancourt en passant par le boulevard André Malraux, ou encore les rénovations le long des avenues Léon Blum et de l’Europe à Guyancourt, illustrent entre autres les travaux que l’agglomération entreprend ou a entrepris au cours des derniers mois pour rénover ses pistes cyclables ou en créer de nouvelles, dans une année 2018 que SQY veut placer sous le signe du vélo.

Pas suffisant, si l’on en croit les associations. « A SQY, il y a relativement peu de déplacements à vélo, juge l’Ignymontain Benoît Braconot, co-animateur de Vélosqy, antenne saint-quentinoise de l’association francilienne Mieux se déplacer à bicyclette (MDB), qui œuvre pour promouvoir les déplacements à vélo et défendre la place de ce dernier. Il y a un gros potentiel de développement qui tarde à venir même s’il y a une légère progression de l’utilisation du vélo. »

« Il y a une différence entre les territoires de l’agglomération de SQY », confirme de son côté Christophe Monnet, qui anime la section écomobilité de Plaisir en transition, et est également membre de Vélosqy. Les deux associations ont notamment fait une large étude sur la circulation à vélo à Plaisir.

Il suffit de consulter un plan du réseau cyclable de SQY pour se rendre compte par soi-même de ces disparités. Les communes du Nord (Plaisir, Les Clayes-sous-Bois, Villepreux), arrivées plus tardivement au sein de l’agglomération, semblent peiner à rattraper leur retard sur des villes comme Montigny-le-Bretonneux ou Guyancourt, où le maillage de pistes et bandes cyclables grouille.

« Nous [les communes du Nord] sommes en configuration de ville historique, avec des rues étroites, et la réalisation de pistes cyclables n’est pas possible partout, justifie Véronique Coté-Millard. Ou elle demande de mettre la rue en sens unique, et quand bien même on la met en sens unique, elle demande que l’on supprime tous les stationnements qui sont dans la rue pour créer la piste cyclable, sinon on n’a pas la largeur de rue nécessaire pour faire passer les vélos en toute sécurité. »

Et l’édile clétienne de concéder : « On aura du mal à être sur le modèle de SQY, qui a été créée en ville nouvelle, avec énormément d’espaces prévus pour tous ces modes de déplacements, contrairement à nos petites communes historiques. […] A chaque fois que l’on fait des travaux de voiries, on regarde la possibilité de mettre des pistes cyclables. Après, s’il faut retirer tous les stationnements de la rue, ça rend les choses plus compliquées. Mais il y a une volonté de faire au mieux. »

Des arguments qui ne paraissent pas convaincre Benoît Braconot. « La piste cyclable n’est pas le seul aménagement qu’on peut faire pour encourager le vélo, rétorque-t-il. On pourrait par exemple réduire la vitesse et étendre les zones 30. » Son collègue plaisirois Christophe Monnet semble aller dans le même sens. « Les zones 30 avec parties surélevées pour faire ralentir les automobilistes constituent un aménagement cyclable, souligne-t-il. Notamment les doubles-sens cyclables : une route en sens unique, dans toutes les voies limitées à 30, ces zones peuvent être en sens unique pour les voitures mais les vélos peuvent les prendre dans les deux sens. Les études ont montré que ça supprime le risque de collision par l’arrière, de queue de poisson, il n’y a plus l’ouverture des portes des voitures garées à droite. »

Habitant Plaisir depuis 1995, il souligne les lacunes de sa ville en termes d’aménagements pour les cycles. « Plaisir, c’est trop dangereux [d’y circuler à vélo], il n’y a pas de piste cyclable, se plaint-il. Plaisir, Les Clayes-sous-Bois, Villepreux, sont moins bien dotées que Guyancourt ou Voisins. » Principal tracé dans la ville : une longue voie verte (donc réservée aux usagers non motorisés, notamment les piétons et cyclistes Ndrl) s’étendant du rond-point du centre-commercial Grand Plaisir aux Gâtines. Elle doit être prolongée jusqu’au quarter de la Clef Saint-Pierre, à Élancourt, en 2019, ce qui portera sa longueur à quatre kilomètres. « Ensuite, c’est beaucoup plus ponctuel, ce sont des petites sections de pistes et de bandes cyclables qui ne forment pas un véritable réseau », regrette Christophe Monnet.

Il a d’ailleurs rencontré, avec le co-président de Plaisir en transition Guy Deberdt, la maire LR de la ville, Joséphine Kollmannsberger, pour lui exposer ses requêtes. « On lui a notamment transmis un dossier pour essayer de dire quelles étaient nos difficultés en matière de vélos urbains et pourquoi on pense que l’usage du vélo est important à Plaisir. […] Elle nous a écoutés avec intérêt, en signalant que la mairie avait pour projet de développer un réseau cyclable », relate-t-il. La commune plaisiroise nous a d’ailleurs confirmé qu’un schéma directeur était actuellement en cours d’élaboration et passera en conseil plus tard pour validation. Un bilan pourra être dressé dans un an.

Mais les points à améliorer ne sont pas situés qu’au Nord. Même dans les communes plus anciennes de l’agglomération, plusieurs éléments manquent pour favoriser la petite reine, selon les associations. Comme à Montigny-le-Bretonneux, où « l’aménagement de certaines rues prend beaucoup de retard », estime Benoît Braconot, qui cite notamment l’exemple de l’avenue Kessel.

« Lors des précédentes réunions [avec les services de SQY] il y a plus d’un an, la réfection de l’avenue était justement prévue dans le plan, précise-t-il. Malheureusement, ça n’a pas été fait. […] On nous oppose des raisons qui ne nous semblent pas toujours judicieuses, notamment qu’il n’y avait pas la place, ça nous paraissait comme une blague car l’avenue est tellement large. Il y avait aussi des raisons budgétaires. »

Le co-animateur de Vélosqy évoque également la « liaison entre Montigny et Trappes », où « il y a un beau fléchage en partant de la gare, côté RN10, c’est entretenu sur 300 mètres puis on tombe dans des “ pièges” avec des trous et des risques d’accident. » Autre problème soulevé dans l’agglomération : les équipements pour stationner les cycles. Si quatre parkings Véligo, accessibles aux détenteurs de la carte Navigo, existent sur le territoire de SQY, les stationnements sauvages restent un souci. Beaucoup d’usagers « n’ont pas de carte Navigo mais se rendent régulièrement à la gare et ne trouvent pas d’endroit où garer le vélo », rapporte Christophe Monnet, faisant référence à celle de Plaisir-Grignon. « Il y a deux consignes en projet à Villepreux-Les Clayes et La Verrière, assure néanmoins Véronique Coté-Millard. Parallèlement à ça, des places en accès libre couvrent les sept communes [historiques] du territoire.»

Des avancées notables sont malgré tout à mentionner au sein de l’agglomération. En particulier l’arrivée de la Vélostation, en gare de SQY. Inaugurée en décembre dernier, elle « offre à la fois location, un service de consigne et un service de maintenance des vélos, se réjouit Véronique Coté-Millard. Il y a eu 130 réparations dans cet atelier. On peut amener son propre vélo sans forcément le louer, et il y a environ 386 contrats de location de vélos qui ont été signés. On est environ à 50 % de capacité pour la vélostation. »

« Ça apporte un service qui était fortement attendu », reconnaît Benoît Braconot, qui salue aussi « des aménagements de pistes dans différentes communes » du territoire. Une autre nouveauté devrait aussi permettre de développer la mobilité à bicyclette sur SQY : les Vélos à assistance électrique (VAE), mis en place par la Région et Île-de-France Mobilités (ex-Stif).

Environ 10 000 vélos seront ainsi disponibles en location dans toute l’Île-de-France à partir du printemps 2019. «  SQY va pouvoir en bénéficier d’une centaine », nous apprend Véronique Coté-Millard. Des VAE qui « risquent de faciliter la remise en selle », prédit Christophe Monnet, qui remarque déjà que « depuis maintenant deux-trois ans, on voit de plus en plus de VAE sur Plaisir », et plus généralement « depuis un ou deux ans, il y a une tendance à […] voir de plus en plus » de cyclistes dans la commune.

Preuve aussi des efforts consentis, SQY vient de se voir décerner le label UCI Bike City, attribué par l’Union cycliste internationale (UCI), « pour son implication dans la promotion du vélo et dans l’organisation des plus grandes compétitions de cyclisme au monde », se réjouit l’agglomération dans un communiqué. Une première en France, même si les associations pointent les efforts encore à consentir pour développer les aménagements cyclables sur l’ensemble du territoire.

Christophe Monnet n’en appelle d’ailleurs pas seulement aux collectivités, mais aussi aux cyclistes eux-mêmes : « Le meilleur moyen d’avoir à terme un réseau cyclable est qu’il y ait plus de cyclistes. […] Dans les villes où il y a plus de vélos, les cyclistes sont moins considérés comme intrus. Rien que par le nombre, on peut faire avancer les choses. » Pour lui, aucun doute sur le vélo : « Ce petit objet de 15 kilos a un pouvoir énorme de changement de notre quotidien. »

CREDIT PHOTO : SQY