Depuis le 15 mars, les candidats élus dès le premier tour des élections municipales attendent leur prise de fonction, décalée en raison du confinement. La semaine dernière, le premier ministre a annoncé que l’installation des nouveaux conseils municipaux sera organisée entre le 23 et le 28 mai. Parmi les 12 communes de Saint-Quentin-en-Yvelines, cinq ont vu un candidat l’emporter au premier tour : Coignières, Élancourt, Magny-les-Hameaux, Maurepas et Montigny-le-Bretonneux. Pour presque toutes, il s’agit d’une réélection du maire sortant, à l’exception de Montigny-le-Bretonneux.

Malgré la victoire d’une liste, les mandats des équipes sortantes avaient été prolongés. À Montigny-le-Bretonneux, le maire sortant, Jean-Luc Ourgaud (DVD) n’était pas candidat à sa succession et Lorrain Merckaert (DVD) avait été choisi comme tête de liste de la majorité. Ce dernier, directeur de cabinet des trois maires précédents, l’avait emporté le 15 mars avec 62,70 % des voix.

« Lorrain Merckaert ayant été élu dès le premier tour, dans ma tête j’avais arrêté, on avait déjà fait en sorte de s’organiser, et puis boum il a fallu reprendre, et reprendre à 200 à l’heure », raconte Jean-Luc Ourgaud, qui a donc repoussé sa retraite politique. Sur le moment, ça a été un véritable choc. Ceci dit, quand on est maire, on n’a pas le temps d’avoir des états d’âme, et il a fallu tout de suite embrayer sur les mesures à prendre dans le cadre du confinement. »

Une période qui n’a pas été de tout repos, dans toutes les communes d’ailleurs, avec notamment la mise en place du télétravail pour les agents municipaux, du fonctionnement du CCAS, les distributions de masques, etc. « On s’est organisés autour d’une cellule de crise, avec de nombreuses visioconférences, des centaines de mails par jour, 80 à 100 messages WhatsApp », résume le maire, qui a délaissé son bureau de l’hôtel de ville pour travailler de chez lui.

Cellule de crise dans laquelle a été inclus le futur maire. « On a convenu avec Lorrain Merckaert de tout partager, relate Jean-Luc Ourgaud. Officiellement, les décisions c’est moi qui les prenais. Mais je m’entourais toujours de l’avis de Lorrain Merckaert ainsi que du directeur général des services, voire d’autres personnes selon les sujets concernés. »

« On a vraiment travaillé de concert, confirme Lorrain Merckaert. La chance que l’on a à Montigny, comme c’est une continuité de l’équipe en place, on a pu travailler sereinement avec l’ancienne équipe et le maire. Il avait particulièrement en charge la gestion immédiate de la situation liée au Covid et toutes les décisions courantes […], et quand on était sur un travail qui portait au-delà des deux mois en cours, on a travaillé en commun puisque ça concernera avant tout la prochaine majorité. »

Même si Lorrain Merckart souligne que cette période « complexe » a pris le dessus, il concède qu’une « certaine attente s’est fait sentir ». « C’était une période un peu particulière. On s’est retrouvés un peu en apesanteur, puisqu’élus par la population, mais pas encore désignés par le conseil d’installation », nous confirme la tête de liste de « Montigny ensemble ». Installation qui est justement prévue cette semaine.

Une fois Lorrain Merckart dans le fauteuil de maire, Jean-Luc Ourgaud quittera quant à lui ses fonctions après ces deux mois de prolongation. « Ce sera une fin de mandat dont je me souviendrai à vie. C’est une expérience que je souhaite à mes successeurs de ne pas revivre, confie Jean-Luc Ourgaud. Jusqu’au dernier jour, je continuerai à faire ce qu’il faut pour que cette passation se passe aussi bien que possible. » Même s’il précise qu’il restera disponible ensuite « s’il faut aider ».

Dans les autres communes saint-quentinoises où l’élection municipale s’est réglée dès le premier tour, la situation était différente vu que le maire sortant l’a emporté. « On devait être installé dans la semaine qui suivait l’élection, finalement, compte tenu de la situation sanitaire, c’était impossible, note Didier Fischer (DVG), le maire sortant de Coignières réélu le 15 mars avec 76,71 % des voix. J’ai jugé que c’était une bonne décision de reporter l’installation du conseil municipal et de proroger l’ancien conseil. »

Pendant ces deux mois consacrés à la gestion de la crise sanitaire, les élus en place ont donc continué leurs mandats, alors que les nouveaux devaient patienter. « On a continué à tenir nos bureaux municipaux par visioconférence, relate Didier Fischer. Et tous les dix jours, je faisais un bureau municipal élargi de façon à ce que les anciens et les nouveaux [élus] soient associés aux décisions pour que la transition puisse se faire le mieux possible. » L’opposition a, elle, été associée au cours d’un conseil municipal qui s’est tenu début mai en visioconférence.

Le nouveau conseil municipal de Coignières sera installé le lundi 25 mai, à 19 h 45. La séance sera à huis clos et retransmise en ligne. Elle ne pourra cependant pas se dérouler en salle du conseil, « car on n’a pas suffisamment de surface pour respecter le protocole sanitaire » d’après le maire, et se tiendra donc à la maison de voisinage.

À Magny-les-Hameaux aussi, le maire sortant, Bertrand Houillon (Génération.s), a été réélu au premier tour, avec 68,22 % des voix. Ce dernier confirme que la situation a été « particulière et complexe » avec la concomitance de l’élection et des mesures à prendre rapidement avec le confinement. « Pour ma part, je m’étais mis en retrait de la campagne dès le jeudi précédent le premier tour, […] pour me consacrer à cet épisode de crise sanitaire qu’on voyait grandir », raconte Bertrand Houillon.

Le conseil d’installation des nouveaux élus magnycois est prévu le jeudi 28 mai. « Le début de mandat ne sera pas forcément habituel parce qu’on a cette crise multiple à gérer, en premier lieu, sans oublier les axes de notre projet validé par les habitants et les valeurs sur lesquelles il est fondé », souligne Bertrand Houillon, évoquant comme tous les maires la crise sanitaire, mais aussi économique et sociale, et les répercussions sur les budgets et fonctionnements des communes.

Du côté de Maurepas, le conseil municipal d’installation était envisagé pour avoir lieu le 23 mai. Maurepas ferait partie de la vingtaine de communes où un recours a été déposé auprès du conseil d’État par un candidat défait pour contester le résultat de l’élection, d’après une information révélée par Le Parisien la semaine dernière. Le conseil d’installation d’Élancourt est lui prévu le 27 mai.

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