Le projet de réaménagement du carrefour de la Malmedonne au niveau de la RN 10, attendu depuis des dizaines d’années, continue de suivre son cours. à la suite de la concertation qui s’est déroulée du 18 novembre au 20 décembre (voir La Gazette du 26 novembre), le rapport du garant de la concertation a été rendu public fin janvier. Un rapport qui revient sur le déroulé de la concertation, et résume les différentes contributions apportées par les participants aux trois réunions publiques ou par écrit, ainsi que les réponses apportées par les différents interlocuteurs. La prochaine étape sera le rapport de l’État, attendu au plus tard pour fin mars, qui dévoilera s’il décide bien de poursuivre le projet.
Le carrefour de la Malmedonne est situé à l’intersection de Coignières, La Verrière et Maurepas. Il s’agit du croisement de la RN 10, au niveau de la gare de La Verrière, avec la RD 13 côté La Verrière et la RD 213 côté Maurepas. Les deux départementales, actuellement situées de part et d’autre de la nationale, ne sont pas reliées et ne permettent donc pas de franchir cet axe au trafic de plus de 50 000 véhicules par jour.
Aujourd’hui, pour rejoindre la gare de La Verrière depuis Maurepas, les automobilistes doivent passer par le pont Schuler récemment doublé par Saint-Quentin-en-Yvelines ou aller jusqu’au niveau du McDonald’s de Coignières pour emprunter la nationale 10 jusqu’à la gare. Une situation qui devrait, d’après les études actuelles, mener à de nouvelles zones de bouchons d’ici 2030, notamment avec les nombreux projets de logements alentour. Les piétons franchissent quant à eux la nationale 10 grâce à une passerelle vétuste bien que pratique.
Le projet de réaménagement de la Malmedonne, tel qu’actuellement envisagé, vise à enfouir la nationale 10 de cinq à six mètres sur une longueur d’environ 350 mètres. Au-dessus de la route enfouie, un pont sera construit pour relier les RD 213 et RD 13. Ce pont sera « composé de deux voies de circulation dans chaque sens et d’un trottoir multifonctions piétons et cycles du côté Ouest », d’après la présentation du projet. De chaque côté du pont, des carrefours à feux seront mis en place, permettant de réguler le trafic avec les nouvelles bretelles entre les départementales et la nationale. Un projet aujourd’hui évalué entre 24 et 29 millions d’euros TTC, dont la mise en service est espérée pour 2026.
Ce projet est actuellement sous maîtrise d’ouvrage de l’État au travers de la Direction des routes Île-de-France (Dirif). Pour la concertation de fin 2019, cette dernière a volontairement sollicité un garant inscrit sur la liste nationale des garants de la Commission nationale du débat public (CNDP). Ce garant n’intervient pas sur le fond du projet, mais donne son avis sur le déroulement de la concertation et a animé les deux réunions publiques ainsi que l’atelier de travail de fin 2019. Mais son rapport permet de revenir sur les principales demandes et remarques des participants à la concertation.
« L’objet de cette phase était donc essentiellement d’informer le plus largement possible le public sur l’état d’avancement et les solutions possibles, et de recueillir l’expertise d’usage des habitants afin d’améliorer le projet », rappelle le garant dans son rapport, soulignant que « l’expression générale a confirmé un consensus […] ». Les trois réunions publiques – organisées à La Verrière, Coignières et Maurepas – ont réuni un total de 200 participants. En comptant les interventions orales lors de ces événements, ainsi que les mails et avis écrits, ce sont 75 contributions de Saint-Quentinois qui ont été recueillies.
En tête des sujets soulevés figurent les modes actifs de déplacement, soit la marche et le vélo principalement. « Beaucoup de contributions ont suggéré des alternatives sur les cheminements (positionnement et aménagement) et sur la desserte des commerces, soulignent les résultats du garant. Le maître d’ouvrage s’est engagé à étudier ces propositions pour affiner le traitement des modes doux. »
Un autre point qui a particulièrement interpellé les participants est le maintien de la passerelle piétonne, qui permet de se rendre à pied de Maurepas directement à la gare de La Verrière. Celle-ci devrait en effet être « démolie pendant les travaux car les piles (appuis) de la passerelle se situent dans les emprises des travaux de la RN10 », indiquent les documents de la Dirif. Pendant les travaux, les piétons devraient donc passer par le pont Schuler. Une fois le chantier terminé, la passerelle ne devraient pas être rétablie « car elle n’est pas adaptée aux besoins, notamment pour les personnes à mobilité réduite », poursuit la Dirif, précisant que le nouveau pont offrira une traversée « sécurisée ».
Cependant, comme le souligne le rapport du garant, plusieurs participants souhaitent un « maintien d’un franchissement pendant les travaux et, surtout, [le] rétablissement à l’identique après les travaux ». Il ajoute cependant : « Le maître d’ouvrage a entendu cette expression, avec une posture ouverte sur la phase de travaux, mais des contraintes financières qui ne permettent pas d’envisager le rétablissement post-travaux à ce stade. »
Deux autres sujets d’inquiétudes sont mis en exergue par le garant : « l’évolution de l’environnement sonore et la gestion de la phase travaux (nuisances, risques de reports de trafic, qualité de l’information …) ». Mais comme il le précise, « l’état d’avancement des études et du projet n’a pas permis de réponses précises et définitives à ce stade », même si la Dirif « s’est engagé[e] à poursuivre l’information sur ces sujets » et s’est montrée rassurante quant aux obligations réglementaires sur la question de bruit.
Les synthèses des réunions publiques permettent également d’apprendre que « la vitesse sera limitée à 70 km/h » sur la nationale 10, ce qui, en plus de la dénivellation, devrait en réduire les nuisances sonores. Aussi, aucune des « quelques » acquisitions foncières nécessaires pour le réaménagement du carrefour de la Malmedonne ne concernera des particuliers d’après la Dirif, qui a aussi confirmé que le monument aux morts situé du côté de La Verrière devrait être déplacé car situé sur l’emprise des travaux. « […] Un travail sera mené avec les collectivités locales et les associations d’anciens combattants pour déterminer sa nouvelle localisation », a indiqué la Dirif.
La concertation désormais terminée, le garant recommande justement de poursuivre l’information des Saint-Quentinois, notamment sur les questions soulevées, jugeant « difficilement envisageable d’attendre l’enquête publique » avant d’y répondre. Ainsi, le garant « pense souhaitable » de diffuser « une lettre d’informations régulière », notamment « sur les études concernant le bruit et l’air ». Mais aussi d’organiser « une réunion publique intermédiaire, à l’été ou à la rentrée de septembre, pour faire le point sur les différents sujets évoqués ». Il préconise aussi « d’envisager un format de type ‘‘visite de terrain’’ avec les riverains concernés » par le sujet de la passerelle, « pour affiner l’apport de l’expertise d’usage et envisager avec les utilisateurs les meilleures solutions, à coût raisonnable. »
Le garant de la concertation ayant désormais publié son rapport, la prochaine étape sera du côté du maître d’ouvrage. Ce dernier doit publier son bilan de la concertation et sa décision, au plus tard trois mois après la fin de la concertation, soit fin mars. « Ces documents indiqueront ce que l’État a entendu en concertation et la manière dont il en tient compte dans le projet, s’il décide de le poursuivre », indique le rapport du garant.
Décision qui permettrait de lancer l’approfondissement des études dès cette année, pour le lancement d’une enquête publique en 2021, avant une déclaration d’utilité publique nécessaire, puis un lancement des travaux en 2024 pour une livraison du nouveau carrefour en 2026. Sollicitée pour connaître l’avancée du dossier de son côté, la Dirif ne nous a pas répondu avant la mise sous presse de cette édition.