Municipalité et conseil départemental l’affirment tous les deux : la démolition du collège Gustave Courbet à Trappes n’est actuellement pas prévue. Une réflexion globale est bien menée par le Département pour l’ensemble des collèges, et notamment sur ceux de Trappes, pour lesquels plusieurs hypothèses de travail seraient à l’étude, mais aucune décision ne devrait être prise avant plusieurs mois. La crainte d’un projet de démolition du collège Gustave Courbet, situé dans le quartier de la Plaine de Neauphle, pour le fusionner avec le collège Youri Gagarine et créer un collège innovant, a été à plusieurs reprises évoquée la semaine dernière dans les médias locaux, notamment Le Parisien, 78actu et Marmite FM.
Cette affaire remonte à l’année dernière avec la parution d’un article consacré à la réhabilitation du square Camus dans La Gazette du 27 septembre 2019. Pendant une visite du quartier avec des représentants de l’Agence nationale pour le renouvellement urbain (Anru), le maire DVG de Trappes, Guy Malandain avait évoqué la possibilité d’une démolition du collège Courbet dans le cadre de « l’opération départementale Collège innovant », à l’image de celui actuellement en construction à Mantes-la-Jolie.
Dans la foulée, enseignants, parents d’élèves, anciens élèves et habitants ont constitué le Collectif de défense du collège Courbet pour s’opposer à cette perspective. Il a alors sollicité la mairie de Trappes, le conseil départemental qui est en charge des collèges, et la direction académique de l’Éducation nationale. Rapidement, l’académie a expliqué au collectif qu’il s’agissait « de pistes de réflexion et qu’un tel projet était à l’étude parmi d’autres mais que rien n’était décidé », nous raconte Marie-Cécile Maday, membre du collectif.
Ce dernier a également eu une réponse du maire de Trappes, puis une réunion avec lui. « Il nous avait assuré qu’il n’était en rien question d’une destruction du collège, qu’il y avait des projets pédagogiques proposés par le conseil départemental à l’étude mais qu’il n’y avait rien de définitif », raconte la membre du Collectif de défense du collège Courbet. Ce dernier semblait alors rassuré, tout en appelant, sur sa page Facebook, ses membres à rester « vigilants et mobilisés ».
Mais, courant décembre, le collectif a été surpris à la lecture du compte rendu du conseil municipal du 5 novembre. « Le Département est venu un jour nous proposer de refaire les secteurs scolaires en deux secteurs, et non plus trois comme on les a aujourd’hui, et de construire un collège innovant », aurait expliqué, d’après le compte rendu, Jeanine Mary (LREM), première adjointe de Trappes notamment déléguée à l’éducation. L’élue poursuit que le collège Gagarine, « tel qu’il fonctionne, ne pose pas réellement de problème, par contre, Courbet, de par son architecture, en pose énormément, notamment des problèmes de sécurité […] ». Et d’ajouter : « Nous avons donné un accord, puisque de toute façon, à un moment donné, il faut effectivement qu’un collège soit sacrifié. »
Une déclaration qui a relancé l’action du collectif début janvier, notamment au travers d’une pétition intitulée « Non à la destruction du collège Gustave Courbet ! », qui a recueilli plus de 300 signatures en ligne et circule également en version papier. « Nous demandons une clarification des positions de chacun, résume désormais Marie-Cécile Maday, du collectif. Et on tient à affirmer notre attachement au maintien des trois collèges sur Trappes. Des collèges aux effectifs limités, de manière à pouvoir assurer les conditions d’éducation convenables pour les publics auxquels nous avons affaire, qui sont pour beaucoup des élèves en difficulté scolaire et qui ont besoin d’un accompagnement scolaire proche. »
Des clarifications qu’ont essayé d’apporter le maire de Trappes et le conseil départemental, avec qui La Gazette a échangé la semaine dernière. « Il y a une réflexion globale sur l’ensemble des collèges des Yvelines, […] avec une attention plus particulière pour les collèges qui sont en Rep et Rep + (Réseau d’éducation prioritaire, ce qui est le cas pour Trappes, Ndlr), pour pouvoir donner les meilleures conditions d’apprentissage, explique Cécile Dumoulin (LR), vice-présidente du conseil départemental déléguée aux collèges. Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura une action sur les collèges de Trappes. Il y a une réflexion sur Trappes, mais pour l’instant rien n’est acté. »
La potentielle démolition du collège Courbet ne serait ainsi que l’une des hypothèses de travail du Département. « Il y a un travail d’analyse qui se fait aujourd’hui, pour pouvoir adapter la capacité d’accueil aux évolutions démographiques, poursuit Cécile Dumoulin, assurant que pour l’instant, aucun scénario n’est privilégié. Dans les prochaines semaines, il n’y aura pas d’annonce. On a un travail de concertation qui doit se faire avant, qui n’est pas engagé. » Concertation qui devrait inclure les chefs d’établissement, les enseignants, les parents d’élèves, la municipalité concernée, la direction académique, etc.
Du côté de la municipalité, Guy Malandain souhaite également apaiser la situation, en retraçant l’historique du projet. « On a été contactés il y a presque un an par le Département pour, comme dans d’autres villes, mettre en place un collège innovant. Nous, on a donné notre accord sur l’idée, en ce sens que ça peut apporter aux élèves des choses intéressantes, relate le maire de Trappes. Et ils ont complété leur demande, en disant ‘‘Est-ce que la fusion entre Gagarine et Courbet peut être envisagée ?’’ Notre réponse a été : ‘‘Faites les études, analysons tout ça, puis on verra’’. »
Le maire assure ne pas avoir eu de nouvelles du Département depuis, à part au travers des derniers articles de presse. « Aujourd’hui, on est dans une situation où les études ne sont pas faites, ni sur le plan démographique, ni sur le plan physique, sur ce qui pourrait être la bonne idée pour un collège innovant, assure-t-il. Il n’y a pas de décision. » Par ailleurs, selon Guy Malandain, sa première adjointe a confirmé lors du conseil municipal du 5 novembre un accord de la municipalité « dans le cadre de l’amorce des études », et non pour la démolition du collège Courbet.
« Moi, j’ajoute que, avant de décider quoi que ce soit, si on était amenés à décider, il faut faire une analyse globale de l’avenir de la ville dans dix ans », estime Guy Malandain, en référence aux différents projets immobiliers qui doivent encore sortir de terre à Trappes. Concernant la crainte que les effectifs des collèges Courbet et Gagarine soient rassemblés pour former un seul établissement d’un millier d’élèves, le maire de Trappes se montre intransigeant.
« Nous, ce serait non. Il n’y aurait pas de discussion, mais il n’y aura même pas de proposition à ce niveau-là, tranche Guy Malandain. On ne peut pas dire ‘‘on va travailler avec les enseignants et l’académie sur une pédagogie innovante’’ en rendant la chose impossible parce qu’il y a tellement d’élèves qu’il n’y a pas plus de dialogue et de contacts. Et le Département et l’académie sont assez intelligents pour ne pas tomber dans ces caricatures. » Il rappelle par ailleurs qu’actuellement, « aucun collège existant n’accueille le nombre maximum d’élèves qu’il pourrait accueillir », précisant par exemple que le collège Courbet a une capacité de 900 élèves, et en comptera 500 à la rentrée de septembre prochain.
À ce jour, tous les acteurs du dossier confirment donc qu’aucune décision n’a encore été prise. Reste donc à attendre les résultats de l’étude actuellement en cours pour connaître le futur des collèges trappistes.