Le premier hôpital virtuel de France pourrait ouvrir à Saint-Quentin-en-Yvelines en 2024. L’agglomération et l’Université de Versailles-Saint-Quentin (UVSQ), au travers de son Unité de formation et de recherche (UFR) de santé Simone Veil, portent ce projet qui visent à construire un bâtiment doté des dernières innovations, où seront regroupés de la formation, de la télémédecine ainsi qu’un espace dédié à l’innovation et à la recherche. Si les contours de cet « hôpital du futur » ont été présentés pendant l’été, les porteurs de ce projet estimé à plus de 50 millions d’euros recherchent actuellement des financements. L’ambition affichée est que le lieu soit ouvert aux Saint-Quentinois, aux professionnels de santé du territoire, aux industriels et chercheurs.

L’engagement de créer un hôpital virtuel a été pris par l’UFR de santé, installé à Montigny-le-Bretonneux en bas de SQY Ouest, dans le cadre du deuxième Contrat local de santé saint-quentinois, signé en juin 2018 (voir La Gazette du 12 juin 2018). « L’ambition de cet hôpital est de préfigurer le CHU (Centre hospitalier universitaire, Ndlr) de demain, indiquait Djilali Annane, doyen de l’UFR saint-quentinois, dans un communiqué annonçant le projet. Un CHU plus proche des territoires. »

« Quant on dit ‘‘hôpital virtuel’’, il s’agit bien d’un bâtiment de 6 000 à 7 000 m², qui sera construit à la place des préfabriqués à côté du bâtiment Vauban de l’UVSQ (à Guyancourt, Ndlr) », insiste cependant la professeure Valeria Martinez, enseignante-chercheuse à l’UFR de santé et missionnée avec une autre collègue sur le projet d’hôpital virtuel, rencontrée courant novembre. Ce nouveau bâtiment sera composé de trois plateformes.

Une première, actuellement prévue pour faire 2 500 m², sera consacrée à l’enseignement. « L’objectif est de renforcer la formation initiale des étudiants en santé, et également d’offrir aux professionnels de santé du territoire, quels qu’ils soient, un endroit où faire de la formation continue, ce qui peut être très attractif pour faire venir des médecins », explique l’enseignante-chercheuse de l’UFR.

Pour offrir un enseignement à la pointe de la technologie, sont notamment prévues de la réalité virtuelle, des mannequins de simulation dernier cris, des tables d’anatomie en trois dimensions,… Concrètement, un « petit hôpital va être reproduit » numériquement « avec les différentes salles qui vont correspondre à ce que vous avez dans un hôpital : bloc opératoire, salle d’accouchement, etc., précise Valeria Martinez. En réalité virtuelle, on peut faire des programmes qui font qu’on n’a pas besoin de se déplacer à l’hôpital, et apprendre sur place. »

« L’idée, c’est que tous les étudiants fassent leurs gestes techniques pour la première fois sur un mannequin, et pas sur l’homme comme ça se faisait avant », prévoit la chargée du projet.

L’hôpital du futur saint-quentinois devrait également se doter de mannequins de simulation, qui sont en train de se développer dans l’enseignement, et dont l’UFR Simone Veil dispose déjà de quelques exemplaires. « L’idée, c’est que tous les étudiants fassent leurs gestes techniques pour la première fois sur un mannequin, et pas sur l’homme comme ça se faisait avant », prévoit la chargée du projet.

Ces différents outils pourront être utilisés séparément ou de manière combinée. « Par exemple, les étudiants pourront faire juste la simulation sur mannequin ou juste de la réalité virtuelle, mais on peut aussi imaginer qu’on fasse de la réalité augmentée : ils auront des casques de réalité virtuelle et le mannequin, et vont pouvoir voir des choses que le mannequin ne peut pas apporter », souligne Valéria Martinez, qui ajoute que les étudiants disposeront aussi de jeux virtuels d’apprentissage, de simulation de chirurgie et bien d’autres.

Cette plateforme de formation permettra également de s’adapter aux évolutions des études de médecine et à l’augmentation prévue du nombre d’étudiants de santé. L’un des aspects importants de l’hôpital virtuel est « son ouverture sur la ville », ce qui sera également le cas pour la partie formation, précise Valeria Martinez : « Dans cet hôpital, on voudrait faire de la prévention pour les lycéens et les collégiens, des séminaires grand public, etc. » Dans cette logique, une médiathèque numérique est également prévue.

La deuxième plateforme, qui pourrait elle aussi faire 2 500 m², sera celle de télémédecine et de e-santé. Les habitants pourront s’y rendre pour accéder à des téléconsultations avec des spécialistes manquant localement. « L’idée, c’est de mettre cet hôpital virtuel en connexion avec les experts de tous les hôpitaux et CHU dont dépend notre UFR, explique Valeria Martinez. Les gens pourront consulter pour certaines spécialités qui sont rares sur le territoire. »

Elle mentionne notamment la dermatologie, l’ophtalmologie, la psychologie ou encore la pédiatrie. Sur place, il n’y aura pas de médecin, mais des « accompagnateurs de santé du futur », tels que des infirmière de pratique avancée ou des référents, qui feront le lien entre patients et médecins, notamment grâce aux nouvelles technologies.

La troisième composante de l’hôpital du futur sera dédiée à l’innovation et à la recherche avec un living lab d’environ 1 500 m². « Ce laboratoire permettra aux professionnels de santé, aux industriels, aux start-ups et aux entrepreneurs de se rencontrer pour créer des projets autour de l’e-santé et de la santé », indiquait le communiqué de Saint-Quentin-en-Yvelines.

Le projet saint-quentinois prévoit par ailleurs une salle de sport « où vont se rencontrer des professionnels de santé et la population » : « On la veut pour faire du sport sur ordonnance, avec des professionnels qui peuvent accompagner les personnes sur les appareils, conseiller ; et mettre en place des programmes pour la sédentarité, l’obésité, les troubles psychiques… », détaille Valeria Martinez. La volonté est donc, comme pour l’ensemble du projet, d’avoir un hôpital « ouvert sur la ville ».

Rassembler en un seul lieu toutes ces composantes devrait être une première en France. Cet établissement est prévu à l’horizon 2024 et est actuellement estimé à environs 50 millions d’euros. « Là, on est en recherche de financements », indique Valeria Martinez. Dans un communiqué envoyé cet été, l’agglomération se félicitait d’un tel projet. « Cet hôpital virtuel réaffirme le positionnement d’excellence de l’UFR de médecine de Saint-Quentin-en-Yvelines et sa capacité d’innovation, y appréciait Philippe Guiguen (DVD), conseiller communautaire délégué aux affaires universitaires. Ce projet, soutenu par l’agglomération, permet de renforcer le pôle d’enseignement supérieur de SQY au sein de l’université Paris-Saclay. »