Trappes, un Quartier de reconquête républicaine (QRR). Cela fait un peu plus d’un ans qu’une partie de la commune bénéficie de la mention. Suite à la mise en place de ce dispositif de la police de sécurité quotidienne en septembre 2018, la ministre de la justice, Nicole Belloubet (LREM), est venue sur place le 5 novembre pour constater les nouvelles mesures prises par le commissariat de Trappes et les résultats obtenus.

Instaurée par le précédent ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, la mention QRR a pour objectif « d’assurer une présence (policière, Ndlr) sur la voie public, d’accentuer le travail judiciaire contre le trafic de stupéfiants et l’économie souterraine, et s’ajoute un renforcement du pôle psychosocial pour être là pour les habitants », clarifie la commissaire Dominique Lasserre Cussigh, en charge de la circonscription. Elle en tire un bilan plutôt positif, au regard de la baisse du nombre de délits depuis un an. En revanche, les violences envers les personnes détentrices de l’autorité publique font exception à la règle.

Depuis que la commune est classée QRR, elle a augmenté le nombre de ses effectifs, soit 15 fonctionnaires supplémentaires répartis dans deux unités d’intervention, selon Ludovic Kauffman, directeur départemental de la sécurité publique des Yvelines (DDSP). Le sensible square Léo Lagrange ou encore l’Aérostat, entre les Merisiers et la Plaine de Neauphle, en font partie, selon la commissaire. Sachant qu’au total, le QRR concerne « 10 000 habitants » dont « 60 % de […] logements sont sociaux », selon Dominique Lasserre Cussigh.

L’une des deux unités, le groupe de sécurité de proximité, regroupe « dix gradés fonctionnaires expérimentés, et qui connaissent Trappes », affirme la commissaire, face à la ministre de la justice Nicole Belloubet. Concrètement, cette patrouille pédestre occupe le terrain de manière visible et n’hésite pas à donner des cartes de visite avec ses numéros de téléphone.

Une manière pour eux de se rapprocher de la population et de prendre contact avec elle. L’objectif étant de recueillir des informations. « Ils sont bien accueillis par la population, qui leur donne des informations sur les halls squattés. Les riverains correspondent avec eux par texto », illustre la commissaire Dominique Lasserre Cussigh.

L’une des deux unités, le groupe de sécurité de proximité, regroupe
« dix gradés fonctionnaires expérimentés, et qui connaissent Trappes »,
affirme la commissaire, face à la ministre de la justice Nicole Belloubet.

Cette unité fait tout type de contrôles et d’interpellations : « fouille d’immeubles pour lutter contre leur occupation par des jeunes qui se livrent à des incivilités » ou encore « les vols à la sauvette ». Le maire de Trappes, Guy Malandain (DVG), se réjouit du travail de cette nouvelle unité, qui redorerait l’image de la police. « Cette équipe sert de relais et offre un autre échange (avec la population, Ndlr). Le ressenti des gens est différent. Ça redonne de la valeur à la police », constate l’édile.

La deuxième unité, cellule d’initiative de voie publique, mène des enquêtes contre les trafics de stupéfiants, « qui gangrènent les quartiers », avoue la commissaire. À l’origine au nombre de neuf, ses effectifs ont été renforcés par cinq fonctionnaires. Et les chiffres sont pour l’instant stables. En 2018, 25 procédures ont été diligentées et en 2019, sur neuf mois, le commissariat est à 21 procédures, selon les données de la commissaire Dominique Lasserre Cussigh, qui souhaite « soulager la population » en traitant les affaires de trafic le plus rapidement possible. « On voulait pouvoir traiter les dossiers des deals de rue en un mois », annonce-t-elle.

Depuis la mise en place de ces unités, le nombre de délits serait en baisse dans le territoire bénéficiant de la mention QRR. « Moins 2,6 % pour la délinquance de voie publique, moins 27 % pour les vols de voitures, moins 45 % pour les cambriolages », énumère la commissaire. En revanche, les cas de violences contre les fonctionnaires de police sont en hausse depuis l’année dernière, soit une augmentation de plus de 22,7 %. Le directeur de la DDSP, Ludovic Kauffman révèle : « Ça devient un jeu de s’attaquer aux policiers. […] En journée, ça se passe bien, mais quand la nuit tombe, on dérange les trafics. »

Sachant que ces violences se manifestent le plus souvent par des jets de projectiles. La nuit d’Halloween, les policiers ont découvert une réserve de pierres qui étaient destinées à caillasser la police, lors de leur passage, comme le raconte un fonctionnaire de police présent à la réunion. « Il y a vraiment une volonté de prendre la police à partie », lance-t-il. Cette nuit là, 12 personnes ont été interpellées à Trappes.

Face à cette recrudescence des violences envers les personnes dépositaires de l’autorité publique, la ministre de la justice fait l’hypothèse suivante : « C’est bien parce que les services de police sont davantage présents, […] c’est bien cela qui […] crée des réactions de la part de personnes qui refusent la présence de l’état républicain. »