Il aura fallu pas moins de dix ans pour que le projet de commissariat d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines aboutisse enfin. Pas étonnant alors, dans ce contexte, que le premier flic de France, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, et le 2e personnage de l’État, le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), aient fait le déplacement pour la pose de la première pierre, le 18 mars dernier.

« Enfin ! Je dois vous faire une confession : j’ai rêvé de ce moment plusieurs fois ! Il aura fallu dix ans de bataille administrative pour arriver à la pause de cette première pierre. Alors oui, c’est un jour important pour Saint-Quentin-en-Yvelines, pour les équipes qui ont travaillé sur ce magnifique projet, pour les habitants et pour moi », a lancé le président de Saint-Quentin-en-Yvelines et maire d’Élancourt, Jean-Michel Fourgous (LR), lors de son discours.

Dix ans d’attente

Et il était particulièrement attendu tant les locaux actuels du commissariat d’Élancourt sont vétustes, comme l’a rappelé Gérard Larcher dans sa prise de parole. « Je voudrais dire deux choses. Sans la volonté d’abord de Jean-Michel Fourgous, et de l’ensemble de la communauté d’agglomération, nous ne serions pas ici. Jean-Michel me disait, cela fait 20 ans que je l’imaginais, et je vais vous dire, cela fait dix ans qu’il nous “tapanise” pour ce moment-là. Je voulais vraiment le remercier de cette volonté. […] Mais monsieur le ministre, ils avaient des locaux qui étaient indignes de la symbolique de leur rôle de défenseur de l’État de droit. On aurait dit un CES modèle Pailleron d’il y a 20 ans. Ils vivaient dans des conditions qui n’étaient pas dignes et je vais vous dire tout simplement que ce n’est que justice dans la république qu’ils aient retrouvé des locaux qui nous permettent de dire les choses dans leur rôle essentiel dans la défense de l’État de droit. »

Financé à 100 % par les collectivités, ce qui est « inédit », a souligné le président de l’Agglomération, le commissariat va expérimenter les technologies de demain de la sécurité : accès au bâtiment par reconnaissance faciale, sécurisation optimale des espaces et des circulations, stand de tir numérique, l’intelligence artificielle pour la vidéo-protection, Speech to Text pour faciliter considérablement les dépôts de plainte, etc.

« À SQY, nous aimons nos forces de l’ordre et nous le disons haut et fort, a souhaité exprimer Jean-Michel Fourgous. Nous voulons faire de ce commissariat un fleuron ! Un fleuron de l’excellence française en matière de sécurité. C’est pourquoi il est le seul commissariat de France à être labellisé ‘‘du futur’’. […] Avec la présence des plus belles entreprises françaises de la défense et de la cyber comme Airbus ou Thales, cet aspect innovant de ce commissariat était pour nous une évidence. Il correspond à l’identité de notre territoire. » Et de conclure : « Je suis convaincu que ce commissariat apportera une réponse puissante aux problématiques de sécurité du territoire. Avec plus de 380 policiers et la coordination des effectifs de police d’Élancourt, Trappes et Guyancourt, la présence des policiers sur le terrain au plus près des habitants sera renforcée et plus efficace ! »

Un financement à 100 % par les collectivités

Le président du Sénat a également souligné « l’ardente obligation de travailler avec les collectivités locales et de faire de ce commissariat, pas simplement le commissariat du futur, mais le commissariat de la citoyenneté apaisée dans ce territoire. Voilà pourquoi, nous avons voté en janvier 2023, une loi d’orientation, Monsieur le ministre. Je crois qu’il serait bien pour la partie notamment matérielle de ce commissariat que nous puissions avoir le soutien de l’État, sachant que l’immobilier a été assuré par la Région, par le Département et la communauté d’agglomération. »

Le commissariat va expérimenter les technologies de demain de la sécurité : reconnaissance faciale, stand de tir numérique, Speech to text pour les dépôts de plainte….

Pour conclure cette pose de la première pierre, le ministre de l’Intérieur, après avoir salué les forces de sécurité, a pris la balle au bond pour remercier les « collectivités locales pour avoir participé très fortement au renouveau de leur immobilier ». « C’est vrai qu’ici vous avez été particulièrement attentifs, c’est le cas dans d’autres territoires et pour les casernes de sapeurs-pompiers, ou dans des brigades de gendarmerie », a-t-il déclaré.

Et de poursuivre sur l’idée que « c’est un bon modèle pour aller plus vite car comme nous avons décentralisé des locaux aux communes pour les écoles, cela n’empêche pas l’Éducation d’être une compétence de l’État. Il y a sans doute à réfléchir parce que vous faites souvent des zones d’aménagement, parce que vous travaillez notamment sur les brigades de gendarmerie, …on a sans doute à inventer un nouveau modèle pour lequel l’État participe ou paye des loyers. Parce que, ici, nous payons un loyer. Je ne voudrais pas que votre introduction, Monsieur le président, laisse penser que vous nous faites bénéficier du loyer. Nous payons un loyer au propriétaire. […] Mais si vous n’aviez pas porté l’investissement en restant propriétaire des murs, évidemment les choses auraient été plus lentes. »

Gérald Darmanin a profité de cette occasion pour mettre en exergue l’enjeu du ministère de l’Intérieur, « que la voiture numérique et technique de la police roule plus vite que la voiture numérique et technique du voleur. […] Aujourd’hui, l’utilisation du Speech to text, comme ce que nous avons sur nos téléphones pour dicter nos courses, cela permet, pour les viols sur mineurs, […] là où auparavant nous mettions 8 heures d’audition pour un enfant, désormais on ne met plus qu’une heure et demie. Vous imaginez que quand on connaît le continent caché des viols du mineurs et de la pédo-criminalité, le nombre très important d’enfants que nous pourrons de nouveau sauver, de prédateurs que nous pourrons arrêter et condamner grâce à ces moyens technologiques ».

Et de préciser sa volonté pour l’avenir des forces de l’ordre : « Il est évident que le commissariat du futur est déjà un présent. Ici, nous allons l’expérimenter de manière générale. Sur les 15 milliards d’euros, 8 milliards vont sur le cyber-numérique parce que 50 % des escroqueries sont déjà cyber. Quand vous recevez un mail qui se fait passer pour votre maman ou votre fils, c’est déjà une escroquerie cyber et cela touche tout le monde : les hôpitaux, les PME, les TPE, les communes, etc., et par ailleurs les moyens numériques du ministère de l’Intérieur doivent être transformés.

8 milliards d’euros pour le cyber-numérique

« Il y a quelques semaines, nous avons lancé l’identité numérique, qui permettra aux policiers et aux gendarmes de lutter contre les 800 000 (sur 3,5 millions de plaintes chaque année) plaintes pour usurpation d’identité, rappelle-t-il. Là aussi, c’est un travail évident de technologie parce que cette identité numérique est infalsifiable. Tout le monde ira plus vite, il y aura moins de plaintes. C’est le cas de la plainte en ligne, de la visioplainte. La police et la gendarmerie est un grand ministère de transformation numérique et c’est normal que son symbole, le commissariat d’Élancourt, soit sur le plateau de Saclay. »

Pour rappel, le coût de construction du futur commissariat est estimé à 24 millions d’euros. Son ouverture en prévue en 2025.

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