« Touchées dans leur féminité, certaines perdent leur cheveux, alors on les maquille pour qu’elles aient un autre regard sur elles », expose la socio-esthéticienne Maud Leclercq, qui anime des ateliers et des séances individuelles de soins socio-esthétiques, auprès de femmes atteintes du cancer du sein. Le 17octobre, à l’occasion d’Octobre rose, cette spécialiste est venue à l’Hôpital privé de l’Ouest parisien à Trappes (Hpop) pour sensibiliser les femmes aux effets secondaires de la chimiothérapie ou de la radiothérapie, notamment en cas de cancer du sein. Mandatée par La Roche-Posay, elle délivre des conseils esthétiques pour diminuer ces effets que sont l’assèchement de la peau ou encore la dégradation des ongles.

Ce mois d’octobre s’adresse à toutes les femmes dans l’optique de les sensibiliser au dépistage du cancer du sein. « Nous avons de plus en plus de jeunes atteintes de cancer du sein (dans nos ateliers de soin socio-esthétiques, Ndlr) », alerte la socio-esthéticienne, venue pour faire connaître l’existence de ce soin de support.

De plus en plus répandus dans les établissements hospitaliers, les soins socio-esthétiques sont proposés aux patients, en parallèle des traitements spécifiques, comme la chimiothérapie. L’objectif étant de les aider à mieux supporter la maladie et les traitements, selon le docteur Didier Kamioner, oncologue médical et hématologue à l’Hpop, convaincu des bienfaits des soins de supports. « Les soins socio-esthétiques sont très importants, assure-t-il. Ils permettent aux malades de récupérer leur image corporelle, de cacher les cicatrices, d’apprendre à s’habiller, à mettre une perruque. […] Maintenant les services de cancérologie ne peuvent pas se permettre de ne pas en avoir. »

Même les associations s’y mettent. Au sein de la Note rose, qui accompagne les femmes touchées par le cancer du sein, Maud Leclercq anime des soins socio-esthétiques en groupe. « On ne pleure pas pendant les ateliers, c’est toujours très gai, on rit beaucoup », assure-t-elle. Pendant les séances, les patientes apprennent ensemble à prendre soin de leur peau. « Je leur dis comment faire et elles reproduisent […] et elles travaillent à deux », explique la spécialiste. Démaquillage, gommage, soin du visage, pose des masques, Maud Leclercq leur explique « l’utilisation de certaines crèmes pour prendre soin de leur peau […] au quotidien en termes d’hydratation. »

La socio-esthéticienne leur réapprend aussi à se maquiller pour se sentir belle. « Pour celles qui ont perdu leurs cils, je les aide à redonner vie à leur regard avec un trait d’eyeliner », explique-t-elle. Toutes ces séances visent à redonner confiance en eux aux malades et à leur montrer une meilleure image d’eux-mêmes. En plus des soins esthétiques, ces professionnels rassurent les patients, les écoutent et leur apportent un regard bienveillant, selon Maud Leclercq.

Mais les établissements hospitaliers et les patients ne sont pas tous au courant de l’existence et des bienfaits de cette pratique, selon le docteur Didier Kamioner. La socio-esthéticienne est du même avis : « Il faut plus informer les établissements. Il manque des études pour montrer que c’est important, comme quoi ça va diminuer l’angoisse et le stress […] Et il y en a peu. » Il a donc créé avec d’autres professionnels l’Association francophone des soins oncologiques de support (Afsos), pour justement faire connaître ces traitements.

Le budget des hôpitaux est une autre des raisons de l’absence de soins socio-esthétiques dans certains établissements. Ces traitements ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale. À l’hôpital privé de l’Ouest parisien à Trappes, ils sont entièrement pris en charge, et sont donc gratuits pour les patients. Tous les hôpitaux ne peuvent pas se le permettre. « C’est un problème national », lance le docteur.

Mais une prise de conscience s’opère. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020 propose à l’article 40, une prise en charge financière d’un forfait soin de support, comprenant le suivi psychologique, diététique et l’activité physique, afin d’accompagner les patients après leur cancer.