Le secteur composé des villes de Guyancourt, Montigny-le-Bretonneux et Trappes était le seul de la moitié Sud des Yvelines à être encore dépourvu d’hôpital de jour en psychiatrie. Ce véritable manque sera bientôt comblé avec l’ouverture d’une telle structure en mai 2019, à la place de l’ancien centre de Protection maternelle et infantile (PMI) de Trappes, à quelques pas de l’école de musique et de danse. Cet hôpital de jour permettra de prodiguer des soins spécifiques à une quarantaine de patients atteints de troubles psychiatriques.

Cet investissement représente 500 000 euros, il est presque intégralement financé par le centre hospitalier de Plaisir. Structure extra-hospitalière parfois méconnue, un hôpital de jour « permet d’accueillir des patients qui ont des troubles psychiatriques sévères, comme les troubles schizophréniques ou bipolaires », détaille le docteur Véronique Mallat, chef de pôle du secteur qui regroupe Guyancourt, Montigny-le-Bretonneux et Trappes.

L’admission s’y fait sur indication médicale et les soins prodigués visent à permettre la réinsertion des patients. Ils s’y rendent pour la journée, ou une demi-journée, avant de rentrer chez eux. « Les soins y sont vraiment spécifiques, et l’encadrement est plus renforcé, pour aider à la réhabilitation sociale, poursuit le médecin. L’hôpital de jour peut être un lien vers une réinsertion professionnelle, une réinsertion sociale, tout dépend du projet de la personne. »

En psychiatrie, les départements sont décomposés en plusieurs secteurs regroupant des communes limitrophes. Le centre hospitalier de Plaisir (né en janvier 2018 de la fusion de l’hôpital gérontologique et médico-social de Plaisir et du centre hospitalier Charcot, Ndlr) a la charge de cinq secteurs, soit la quasi-intégralité de la moitié Sud des Yvelines, à l’exception de deux zones gérées par l’Institut Marcel Rivière de La Verrière et l’hôpital Mignot du Chesnay. « On couvre un bassin de 450 000 habitants », souligne Jacques Bérard, directeur du Centre hospitalier de Plaisir.

Cette ouverture représente donc une bonne nouvelle pour le secteur, à un moment où les grèves se multiplient dans les services de psychiatrie du pays pour réclamer plus de moyens. Des mobilisations relatées dans de nombreux médias, et auxquelles Le Monde a même consacré un éditorial le 18 août. Aucun mouvement n’a eu lieu dans les Yvelines, mais Véronique Mallat confirme qu’au niveau national, « le secteur a pendant longtemps été un peu le parent pauvre, et ça continue quand même de l’être ».

En attendant de trouver des locaux pour installer son hôpital de jour, le Centre hospitalier de Plaisir a malgré tout commencé l’activité, au sein de l’Institut de promotion de la santé (IPS).

« Pourtant, on a besoin de plus en plus de moyens, les files actives augmentent et on voit bien que les personnes ont besoin de soins, poursuit le médecin. Et plus les soins sont prodigués en amont, et de manière intensive, plus ça permet qu’il n’y ait pas d’hospitalisation, de rechutes, etc. » L’autre problématique, selon le directeur Jacques Bérard, est que « les moyens psychiatriques sont très mal répartis sur le territoire ». Concernant les Yvelines, il assure que le département « est le deuxième moins doté [en psychiatrie] en Île-de-France, si on fait des ratios moyens/activité ».

« Malheureusement, le nombre de patients qui dépendent de la psychiatrie augmente chaque année », avance-t-il également. Jacques Bérard estime à « 12 000 » le nombre de patients suivis par le centre hospitalier de Plaisir, dont « 9 000 ne mettent jamais les pieds dans un lit » d’hôpital. Et conclut : « L’objectif est d’hospitaliser le moins possible, donc on soigne en extra-hospitalier, en centre médico-psychologique (CMP, qui assure des consultations gratuites pour toute personne en souffrance psychique et organise leur orientation éventuelle vers des structures adaptées, Ndlr) ou en hôpital de jour. » Un CMP existe déjà dans le secteur de Guyancourt, Montigny-le-Bretonneux, où le docteur Mallat indique que « 1 000 patients » sont suivis. Quant à l’hôpital de jour, il ouvrira donc bientôt ses portes.

Parmi les secteurs gérés par le Centre hospitalier de Plaisir, le « G18 », composé des villes de Guyancourt, Trappes et Montigny-le-Bretonneux, regroupe environ 93 000 habitants. C’est le dernier de l’hôpital plaisirois à ne pas encore disposer d’hôpital de jour en psychiatrie, notamment à cause de la difficulté de trouver des locaux correspondant aux besoins, en termes de taille et de localisation.

Ce manque avait une incidence réelle sur le quotidien des patients, rappelle le docteur Mallat. « Quand il n’y a pas d’hôpital de jour, ça crée plus de rechutes, plus d’hospitalisations, plus de passages aux urgences, etc », insiste-t-elle. S’il n’est pas obligatoire que chaque secteur dispose de son propre hôpital de jour, le directeur du centre hospitalier de Plaisir rappelle que c’est tout de même « une préconisation ».

« Ça permet de gérer, au plus proche de la population, des pathologies plus sévères que celles que l’on peut gérer dans un CMP », note Jacques Bérard. En l’absence d’une telle structure, les patients de Guyancourt, Montigny-le-Bretonneux et Trappes, n’étaient cependant pas totalement sans solution. « Depuis deux ans, on a pu commencer notre activité puisqu’on est hébergé à l’Institut de promotion de la santé (IPS) à Trappes, grâce à notre partenariat avec la Ville », précise Véronique Mallat. Mais la taille de ces locaux étant restreinte, tous ne pouvaient pas y être pris en charge.

« Malheureusement, le nombre de patients qui dépendent de la psychiatrie augmente chaque année », avance Jacques Bérard, (à droite) le directeur du Centre hospitalier
de Plaisir.

« On a pu intégrer des patients dans d’autres hôpitaux de jour, ceux de Plaisir, Versailles et Rambouillet, poursuit-elle, mais ce sont des hôpitaux qui ne sont pas facile d’accès. » Ce ne sera plus le cas avec les locaux de Trappes, quand les travaux de transformation des 200 m² de l’ancienne PMI en hôpital de jour seront achevés.

« On a acheté l’ancienne PMI à Trappes, tout près de la gare, dans un rez-de-chaussée d’immeuble, qui est bien située par rapport aux transports », résume le directeur du centre hospitalier de Plaisir, même s’il confie qu’un lieu « un peu plus grand et un plus moderne » aurait été un plus : « Ça fait quand même cinq ans qu’on cherche des locaux, donc là, on a sauté dessus. »

Le docteur en charge du secteur 18 annonce que l’hôpital de jour de Trappes est prévu pour 15 places. « Mais on va probablement prendre une quarantaine de patients en charge parce qu’on fera des temps partiels », ajoute-t-elle, précisant que la durée des soins est variable : « À Trappes, on a pris le parti de faire des ‘‘séquences de soins’’, ce qui n’est pas le cas dans tous les autres hôpitaux. Les patients peuvent être accueillis pour trois mois ou six mois par exemple, et revenir l’année d’après pour une autre séquence de soins, etc. »

Alors que l’hôpital de jour, temporairement installé à l’IPS, compte actuellement « deux équivalents temps plein (ETP) infirmiers », ce chiffre va augmenter avec l’objectif d’arriver à une équipe de « six ETP infirmiers et un demi-ETP d’assistant social » dans les futurs locaux, détaille le docteur Mallat. Et d’ajouter : « Pour l’équipe infirmière, on souhaite que ce soit dédié à l’hôpital de jour, car ce sont vraiment des soins et un accompagnement spécifiques. » Le directeur de l’hôpital confirme donc que « des recrutements ou des réaffectations », seront nécessaires.

Les travaux de l’hôpital de jour sont prévus pour se terminer en mai 2019. Le centre hospitalier de Plaisir est en train de finaliser l’achat de l’ancienne PMI à la ville de Trappes et le chantier devrait ensuite démarrer à l’automne. Les travaux concernent essentiellement la réhabilitation des locaux et leur mise aux normes pour les accès handicapés. Jacques Bérard précise que ce projet coûte « 500 000 euros tout compris, dont l’acquisition », financés par l’hôpital plaisirois, avec « une aide de l’Agence régionale de santé (ARS), pour l’investissement et le fonctionnement ».