Visite interdite pour les patients atteints du coronavirus, filtrage des personnes avant d’entrer aux urgences, des règles de consultation strictes… L’Hôpital privé de l’Ouest parisien (Hpop) de Trappes a mis en place une gestion rigoureuse pour pallier l’épidémie de coronavirus. La circulation au sein de l’hôpital et les moyens de prise en charge des patients ont été adaptés pour éviter les contaminations en interne et répondre aux demandes de soins. La rigidité de ces règles n’a pas empêché les gestes de solidarité venant de l’extérieur, d’avoir lieu. Certaines associations ont dû mettre fin à leurs actions au sein de l’établissement, laissant d’autres initiatives se mettre en place. Le directeur de l’Hpop de Trappes, David Bellencontre, nous raconte les coulisses de son établissement.

La réorganisation a commencé avec les 11 lits de réanimation transférés « en réanimation Covid », selon le directeur de l’établissement hospitalier. Et, au plus fort de la crise, l’Hpop de Trappes est passé à « 21 postes de réanimation Covid et quatre non-Covid ».

Au premier étage de l’hôpital, au service médecine, 30 places en hospitalisation sont réservées aux patients atteints du coronavirus. Le deuxième niveau a été divisé en deux. Une aile est réservée « aux soins chirurgicaux non-Covid » avec 27 lits. Dans l’autre, 27 lits sont réservés pour les personnes hospitalisées, qui n’ont pas le coronavirus. Sachant que « nos activités étaient très faibles pour les patients non-Covid », affirme le directeur de l’établissement.

Du côté des urgences, une pente de tri a été mise en place pour filtrer les personnes. « On regardait quel patient était susceptible d’avoir le coronavirus », indique-t-il. Ils étaient ensuite répartis dans l’un des deux services d’urgence, dans le but d’éviter les contaminations. « Tous les secteurs ont bien été identifiés avec des passages différents pour que les patients Covid et non-Covid ne se croisent pas », précise David Bellencontre.
« Les consultations non-Covid » ont également dû s’adapter. « Une heure de rendez-vous est fixée et la personne doit venir précisément à cette heure-là. Si elle est en avance, elle doit rester dans son véhicule », détaille-t-il. Ce système est encore en place aujourd’hui, l’objectif étant d’éviter le nombre de personnes en salle d’attente.

Les visites aux patients ont été significativement restreintes voire supprimées. « On les a arrêtées pour les patients Covid, et pour les patients non-Covid on a conservé une visite avec une personne pendant 15 minutes », explique le directeur de l’établissement. Une exception était parfois faite pour les patients atteints du coronavirus en phase terminale. « Potentiellement, un membre de la famille pouvait venir. Mais c’était très rare. On ne le proposait pas, on attendait que cela vienne de la famille », confie-t-il. L’Hpop réfléchit actuellement à un éventuel assouplissement de ces règles.

Au total, 30 patients ont été hospitalisés en réanimation sur la période du 19 mars au 30 avril, et 95 patients l’ont été au service médecine. Au plus fort de l’épidémie, entre le 30 mars et le 17 avril, l’hôpital a compté 20 personnes en réanimation sur les 21 places disponibles, et 30 patients hospitalisés en médecine selon les informations de David Bellencontre. Cinq décès ont été enregistrés en réanimation et quatre en service médecine, entre le 19 mars et le 30 avril, soit 7 % des personnes hospitalisées. « C’est moins que la moyenne nationale, qui est entre 9 et 10 % », conclut-il.

Pendant cet effort, l’Hpop de Trappes a reçu l’aide d’autres structures, de soignants et de particuliers. « Il y a eu un élan de solidarité comme je n’en ai jamais vu en 20 ans de carrière », dévoile David Bellencontre. Entre 20 et 30 soignants de province issus du groupe Ramsay – entreprise qui détient l’Hpop – sont venues apporter leur aide pendant un mois à l’hôpital de Trappes. « On nous a également prêté du matériel médical comme des respirateurs, du matériel anesthésiste et de réanimation, c’est pourquoi on a pu augmenter nos capacités d’accueil en réanimation », affirme-t-il.

Le personnel soignant a également reçu des dons d’équipements de protection. « Il y a aussi eu toute la nourriture qu’on a reçue », ajoute David Bellencontre, en faisant référence aux enseignes telles que Auchan, McDonald’s, KFC, Dominos pizza.

David Bellencontre les remercie : « Ça fait du bien au moral des équipes ». Ces dernières ont d’ailleurs été mises à rude épreuve. Notamment lorsque l’ancien chef des urgences, le docteur Jacques Fribourg, est décédé du coronavirus, le 25 avril.