Les saveurs ! C’est le thème de la septième et dernière fresque qui va venir colorer les deux grandes façades, à l’entrée du quartier du Valibout. À la maison des familles de Plaisir, le 24 septembre, l’entreprise de peintres muralistes, Citécréation, est venue présenter sa dernière maquette. Devant une soixantaine de collégiens de l’établissement Blaise Pascal, elle en a aussi profité pour parler de l’avancement de la sixième fresque portant sur l’histoire de Plaisir.

En parallèle de la réhabilitation du quartier, sept fresques ont été pensées pour habiller le Valibout. Majoritairement financé par le bailleur, les Résidences Yvelines-Essonne, ce projet a été conçu en concertation, soit avec les habitants et les membres du conseil de quartier, soit avec les représentants du conseil des collégiens de Blaise Pascal. Une conception qui a coûté environ 350 000 euros, selon Lionel Toutain Rosec, co-dirigeant de Citécréation.

L’objectif affiché est d’ouvrir le quartier. Et ces fresques devraient justement faire venir des gens de l’extérieur. Pour se faire, il faudrait déjà que la population se soit appropriée ces peintures murales monumentales, qui sont censées représenter l’âme de leur quartier. Mais cela va prendre du temps, selon Citécréation, qui a l’habitude de travailler sur ce genre de projet.

Cette appropriation est encore timide, mais elle existe. Les récentes violences urbaines, qui ont eu lieu les nuits des 19, 20, et 21 septembre, auraient pu faire craindre une détérioration des fresques, sachant que certaines sont déjà là depuis 2017. Or, aucune peinture n’a été abîmée. « C’est le meilleur indicateur d’appropriation », affirme le co-dirigeant de Citécréation. Et les quatre peintres de l’entreprise qui travaillent sur la fresque de l’histoire de Plaisir depuis le 16 septembre, n’ont depuis pas rencontré d’acte de défiance de la part des habitants.

Les premiers à s’être approprié les peintures murales sont les enfants, qui ont participé à leur conception. « En voyant les fresques, les gens veulent savoir ce que ça représente. Et ça nous oblige à raconter l’histoire du Valibout », affirme Amiel, en classe de 4e, qui a participé au choix des thèmes. Sur cette peinture murale, la gare de Plaisir et le château apparaissent distinctement. Le vélodrome est moins visible dans les nuages. « Avant le mur était blanc puis on découvre ce que les gens aiment et qu’on a des points communs même si on vit pas dans le même endroit et de la même façon », affirme Raphaël, un collégien en classe de 6e à Blaise Pascal.

Pour la dernière fresque, les enfants ont fait le choix des saveurs car « la nourriture ça rapproche », rapporte Lionel Toutain Rosec. « Vu qu’il y a beaucoup d’origines, on a pensé mettre toutes les nourritures », illustre Maïlys, en classe de 5e. C’est pourquoi, sur la façade gauche, apparaîtront les différentes épices qui représentent le quartier, à savoir, la fleur de safran, la vanille et le piment. Et sur la partie droite, sera dessiné un poisson, ou encore des fruits exotiques. La création murale de cette fresque débutera courant novembre et se finira en décembre.

Pour les cinq autres peintures murales déjà faites, les différentes concertations et le travail des peintres muralistes ont donné lieu à une première représentation du quartier dans son environnement avec des références faites sur Paris. Une autre fresque révèle l’imaginaire du Valibout, avec le dessin d’un oiseau-lyre. Des mandalas sont représentés sur un autre mur. Le thème de la musique est traité sur une autre fresque. Et enfin, Bienvenue au Valibout clôture cette série, que l’on peut visiter sur un périmètre de 400 mètres, selon le co-dirigeant de Citécréation.

Mais l’appropriation par tous de ces œuvres murales va prendre du temps, selon ce dernier. Il fait notamment la remarque, lorsque la principale du collège Blaise Pascal interroge une élève sur ce que lui ont apporté les fresques. « Ça a rien changé, je ne sais pas », rétorque-t-elle.

Patrick, le chef de chantier chez Citécréation partage plusieurs anecdotes sur les réactions des habitants du Valibout, lorsqu’ils passent devant le mur de la fresque sur l’histoire. Et elles traduisent une certaine méconnaissance du projet mais pas un refus. « Beaucoup de personnes s’interrogent sur la nature de l’œuvre. […] Les jeunes sont plus intrigués, ils s’imaginaient autre chose à la place. Ça les inquiète, raconte le chef de chantier. Ils sont étonnés qu’on ait pris des idées de collégiens. […] Alors, généralement, on descend pour leur expliquer. […] Mais ils ne questionnent pas le sujet quand on leur explique le fond. Les gens sont curieux et discrets. »