C’est important que le marché reste. Il dynamise le centre ville », lance Céline, une mère de famille accompagnée par ses deux petites filles. Longeant les étals du marché, désormais installés square de la Marche, elle découvre le toit de la halle du marché de Maurepas, en partie calciné. Ce mercredi 28 août, le bruit des débris jetés dans les bennes à ordures, par les ouvriers, résonne sur le marché, maintenant découvert.
Le 31 juillet, un incendie a ravagé le marché couvert, datant de 1993. Vers 22 h 30, un riverain a prévenu les services de secours pour un simple feu de poubelle. Mais une fois sur place, les pompiers ont découvert la violence de l’incendie, qui a eu le temps de se propager. 30 pompiers et 14 véhicules ont été mobilisés pour combattre les flammes. Il faudra finalement attendre 4 h 30 du matin, pour que le bâtiment soit complètement sécurisé.
Désormais, la halle du marché est impraticable, et la trentaine de commerçants, qui avaient l’habitude d’y être abrités, ont dû rapidement s’installer square de la Marche, pour que le marché continue de vivre. « Ça s’est fait en urgence dans les deux jours qui ont suivi l’incendie. Il y a eu un esprit de solidarité immédiat », témoigne le maire de Maurepas, Grégory Garestier (LR). Mais leur nouvelle situation ne fait pas l’unanimité auprès des exposants. Malgré les dispositions prises par la municipalité, les commerçants s’inquiètent pour leur avenir et leurs nouvelles conditions de travail.
Square de la Marche, les marchands se plaignent, ce mercredi 28 août, du manque d’électricité pour alimenter les étals. « La puissance énergétique n’est pas suffisante », lance Samantha Gourgon, trésorière au sein de l’association des commerçants, et également boulangère les jours de marché. « Je ne suis pas du tout satisfait de notre situation actuelle », renchérit Daniel, boucher sur le marché depuis 1981, faisant remarquer le bruit anormal sortant de son étal réfrigéré, sensé garder sa viande au frais. Le boucher de volaille, Carlos, fera le même constat sur la pénurie d’électricité : « C’est pas bon pour nous », s’inquiète-t-il.
Et ce n’est pas le seul problème qui handicape les commerçants. L’absence d’un marché couvert les oblige à monter eux-mêmes leurs étals en dur avec une bâche, avant de tout démonter le soir. « Avant, je mettais une heure à tout défaire. Maintenant je mets le double », témoigne la boulangère.
D’autant plus que les conteneurs maritimes, pour stocker le matériel, sont à l’autre bout de leur emplacement, square d’Aubrac. Pour y accéder, les commerçants doivent traverser la route, puis contourner la halle du marché impraticable. Et ça fait « loin par rapport à nos emplacements. […] Les vitres, c’est super lourd à porter », explique Samantha Gourgon. Le Maire reconnaît d’ailleurs que la situation est délicate : « L’accès au local de stockage du matériel n’est pas évident. »
C’est pourquoi les commerçants réclament un chapiteau temporaire, en guise de marché couvert. Indispensable selon eux, surtout avec l’arrivée de l’automne puis de l’hiver. « Il nous le faut, assure la boulangère. Ce sera aussi un confort pour nos clients. »
Et les réunions ne manquent pas pour faire avancer les choses. Mercredi après-midi, la commission des commerçants s’est réunie en présence du maire de Maurepas et de son cabinet, ainsi que la police municipale, pour discuter de l’avenir du marché couvert et des conditions de travail des marchands. Le bilan semble plutôt positif.
Tout devrait commencer à rentrer dans l’ordre à partir du 7 septembre, selon la trésorière de l’association des commerçants. Et « niveau timing, ça devrait être pas mal », affirme-t-elle. À cette date, les marchands seront tous rapatriés place Riboud – la place du marché – juste en face de l’ancienne halle du marché.
« Ça nous rapproche des locaux de stockage (avenue d’Aubrac, Ndlr) », constate Samantha Gourgon. En plus, un groupe électrogène « suffisamment puissant pour alimenter tout le monde » y sera installé, selon Grégory Garestier, qui aurait demandé le renforcement de la puissance du courant électrique square de la Marche, samedi dernier. Et concernant les toilettes sèches, qui posent aussi problème aux commerçants, l’installation de vrais sanitaires devrait être envisageable, selon la trésorière.
Mais le chapiteau reste l’élément le plus attendu par les marchands. « Il faut qu’il arrive », presse Samantha Gourgon. « D’ici la Toussaint », aurait annoncé le maire pendant la réunion. Contacté par la rédaction, ce dernier affirme réfléchir à « installer une énorme tente provisoire pour accueillir les commerçants pendant tous les travaux de la halle. »
Car la reconstruction va prendre du temps. « On est parti pour deux ans », estime le maire de Maurepas. Cela peut paraître énorme mais Grégory Garestier explique qu’il faut attendre les résultats de l’assurance, de l’enquête policière, avant de choisir le projet, de débloquer les fonds et de conduire les travaux. Les commerçants vont devoir être patients.
Sachant que le projet de reconstruction a déjà commencé. Une société est venue curer le sol du bâtiment, pour enlever tous les décombres, comme l’annonce Grégory Garestier, dans une lettre adressée aux Maurepasiens en août 2019. Ensuite « la structure doit être solidifiée avant d’engager la reconstruction du marché », précise-t-il.
Il compte également ouvrir, d’ici l’automne, une enquête publique à destination de tous les Maurepasiens, et notamment des commerçants, pour connaître les besoins techniques, et leurs attentes. Par exemple « faut-il reconstruire à l’identique ? Ou faut-il faire en sorte de tirer de ce drame une opportunité pour rendre le centre-ville et son marché encore plus accessibles et attrayants ? » Ces questions feront partie de l’enquête publique, comme l’indique le maire.
Tous ces éléments seront ensuite débattus au sein du conseil municipal, avec l’ensemble des élus, qui prendront les décisions adéquates. On aurait pu croire que cette initiative ne soit pas possible, en raison du début de la période préélectorale, le 1er septembre.
Mais selon le Maire de Maurepas, « la loi prévoit bien heureusement que les communes puissent, durant cette période, organiser des enquêtes ou bien faire face à des situations de force majeure pour répondre à l’intérêt général ». Et la reconstruction de la halle du marché en est une pour les commerçants.
L’incendie de la halle a-t-il été un acte criminel ?
« À ce jour, si les pompiers confirment un départ de feu depuis le local de stockage des conteneurs à ordures, les enquêteurs n’ont pas statué définitivement sur son origine », indique Grégory Garestier, maire LR de Maurepas, dans sa lettre adressée aux Maurepasiens à la suite de l’incendie de la halle du marché. En effet, une enquête est cours.
Et la piste criminelle n’est pas écartée, selon une source policière qui évoque « un départ volontaire de feu, qui pourrait aussi être accidentel ». Selon un article du Parisien, un témoin aurait assuré avoir vu deux adolescents, partir en courant, capuches sur la tête. Mais aucune image de vidéosurveillance ne permet de confirmer ce témoignage.